Module théorique n°2 de Sophrologie
LA SOPHROLOGIE
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SOMMAIRE
LA 2EME CONSULTATION DE BAPTISTE ……………………………………………. 2
I LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA SOPHROLOGIE CAYCEDIENNE
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1.1 La conscience……………………………………………………………………………………. 5
1.2 La conscience en Sophrologie…………………………………………………………….. 7
1.3 Théorie des niveaux et des états de conscience …………………………………….. 8
1.3.1 Les niveaux de conscience …………………………………………………………… 9
1.3.2 Les états de conscience ……………………………………………………………….. 9
1.4 Le concept d’alliance ……………………………………………………………………….. 10
1.5 Le concept de Terpnos Logos …………………………………………………………… 10
II L’ANAMNESE EN SOPHROLOGIE ……………………………………………… 12
III LA SOPHRONISATION DE BASE ………………………………………………. 21
3.1 La sophronisation …………………………………………………………………………… 22
3.2 Le niveau sophroliminal ………………………………………………………………….. 24
3.3 La désophronisation………………………………………………………………………… 24
3.4 Déroulement d’une séance-type en Sophrologie …………………………………. 25
IV LES PRINCIPALES TECHNIQUES EN SOPHROLOGIE ……………….. 31
4.1 Les techniques recouvrantes …………………………………………………………….. 33
4.2 Les techniques découvrantes ou analytiques ………………………………………. 36
4.3 Les techniques de groupe …………………………………………………………………. 38
V LES BUTS DE LA SOPHROLOGIE ………………………………………………. 39
VI LES DOMAINES D’APPLICATION DE LA SOPHROLOGIE………….. 44
6.1 La Sophrologie clinique …………………………………………………………………… 44
6.2 La Sophrologie prophylactique …………………………………………………………. 45
6.3 La Sophropédagogie ………………………………………………………………………… 46
DEVOIR S2 …………………………………………………………………………………….. 48
Institut Cassiopée Formation : La Sophrologie
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I LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA SOPHROLOGIE CAYCEDIENNE
Le fondateur de la sophrologie, le professeur Caycedo donne en 1960 une
première définition :
– la sophrologie est une école scientifique qui étudie la conscience, ses
modifications et les moyens pouvant la modifier, dans un but thérapeutique,
prophylactique ou pédagogique.
En 1992 il propose une seconde définition qui témoigne de l’évolution de cette
discipline :
– la science de la conscience et des valeurs de l’existence.
Les racines grecques du mot permettent de comprendre la richesse et les divers
champs d’application de cette discipline.
LOGOS
Discours
Science
Etude
SOPHROLOGIE
PHEN
Esprit
Conscience
Cerveau
SOPHIA
Sagesse des
philosophes
SOS
Harmonie
Sérénité
En tant que science de la conscience, sa devise est :
UT CONSCIENTIA NOSCATUR
Pour que la conscience soit connue.
1.1 La conscience
Une science de la conscience.
Un art : recherche de l’harmonie, de l’équilibre corps-esprit.
Une philosophie s’appuyant sur la phénoménologie existentielle
La notion de conscience a beaucoup évolué au cours des siècles. Le terme de
conscience vient du latin « conscientia » qui désigne une connaissance
(« Scientia ») accompagnant (« Con ») nos impressions et nos actions. Il existe
donc une dualité dans la notion de connaissance : connaissance par nos
impressions et par nos actions.
Cette notion a été abordée par de nombreux auteurs : philosophes, physiciens,
physiologistes, psychiatres… Plutôt que de citer ces auteurs, un rapide survol des
civilisations va nous permettre d’entrevoir l’évolution de la conscience humaine.
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L’époque de la Tanière
Epoque où l’homme vit seul dans sa tanière. Il n’y a pas de vie sociale, pas de
conscience d’appartenir à une espèce, donc pas de regard sur l’autre, la
conscience est fusionnelle, l’objet et le sujet ne se différencient pas ou peu.
L’époque de la Caverne
Petit à petit les hommes se regroupent, par famille, par clan, par tribu, par
village. L’autre n’est plus moi, le clivage s’est produit et l’on voit poindre les
notions d’identité et d’organisation.
L’époque Logos
Un phénomène nouveau va réunir les individus : c’est la langue, le langage.
L’homme passe ainsi à la connaissance, à la capacité d’organiser, à la cité et à ses
loisirs. L’être civilisé voit et organise sa relation entre le sujet et l’objet.
L’époque Théos
C’est l’époque de la spiritualité. Le sentiment d’appartenance à la même entité
sociale et religieuse se développe. C’est également l’époque de la création des arts
(peinture, architecture…). La conscience est alors plus large, universelle à travers
les moyens d’expression et de communication.
L’époque Cogito
C’est l’époque des sciences et de la philosophie. La science est naturelle et doit
être prouvée, en réduisant l’objet et en l’isolant de son environnement.
La conscience cherche des modèles et le premier modèle serait : « Je pense, donc
je suis ».
Le Discours de la Méthode de Descartes est central. L’homme se précise dans sa
relation sujet-objet, la science permet de prendre conscience de l’objet et de
réduire sa magie. Cette conscience va culminer dans le positivisme et le
matérialisme.
L’époque phénoménologique
La conscience phénoménologique cherche à donner des bases philosophiques à la
science. Elle devient science de l’esprit permettant l’avènement d’une philosophie
et psychologie existentielles.
Henri EY définit ainsi la conscience dans son célèbre livre de psychiatrie : « La
conscience est la région de l’être, le moyen par lequel nous accédons à tout ce qui existe et
dans lequel nous constituons la réalité, par une démarche fondatrice de l’apparition de
phénomènes qui surgissent des exigences subjectives de l’expérience (NOES) pour atteindre
leur objectivité (NOEM) ».
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Autre définition plus simple : la conscience est la connaissance réfléchie ou
intuitive que nous avons de nous-mêmes et de l’environnement :
–
–
–
–
elle implique la capacité de synthèse des perceptions transmises par
l’extérieur et qui forment la trame de notre vie psychique,
elle déborde largement la notion de vigilance,
elle concerne la totalité de la vie psychique à un moment déterminé
(Jaspers),
elle est la fonction du système perception-conscience (Freud).
C’est donc le pouvoir d’investigation d’un être sur son monde intérieur et sur le
monde extérieur.
1.2 La conscience en Sophrologie
Selon le professeur Caycedo, la conscience est la force intégratrice de toutes les
structures et de tous les phénomènes de l’être humain.
Le corps, l’âme, l’esprit, la conscience sont une seule et même chose du point de
vue phénoménologique.
La finalité de la Sophrologie est d’essayer de prendre conscience du sens de
l’existence. Raymond Abrezol distingue quatre qualités essentielles de la
conscience : l’unicité, la dynamicité, l’individualité, la transcendance.
UNICITE
Il y a unicité entre tous les plans de l’homme. Le physique, le psychologique, le
spirituel se fondent dans une unité de conscience globale.
DYNAMICITE
Les rapports de notre conscience avec le monde extérieur se projettent dans le
monde intérieur, de façon dynamique. La conscience est en mouvement
permanent depuis notre naissance jusqu’à notre mort. Cette dynamicité est
universelle.
INDIVIDUALITE
La conscience est universelle, mais est constituée à partir de notre vécu personnel,
individuel. L’un des principaux buts de la sophrologie est de penser l’individualité
au sein de la collectivité.
TRANSCENDANCE
La transcendance est un concept philosophique et théologique de la primauté
d’une chose sur une autre. Une chose transcende une autre chose, elle n’est pas
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limitée ou contrôlée par l’autre, mais la surpasse. Par exemple : l’esprit transcende
le corps, car l’esprit contrôle le corps, alors que le corps ne peut contrôler l’esprit
que si celui-ci le permet. De même, la conscience transcende le corps, un corps
sans conscience n’existe pas.
La transcendance est une théorie philosophique qui postule l’existence d’une
réalité hors de l’atteinte des sens et de la compréhension rationnelle, mais
saisissable seulement par l’intuition directe. La Sophrologie, en développant
l’intuition, permet de saisir la fonction transcendantale de la conscience.
1.3 Théorie des niveaux et des états de conscience
Le Professeur Caycedo propose une hypothèse de travail qui divise la conscience
en niveaux et en états (cf : schéma page suivante).
Les quatre niveaux sont : la veille, le sommeil, avec entre les deux le niveau
sophro-liminal ou frontière entre veille et sommeil que nous franchissons lors de
l’endormissement ou du réveil, et le coma.
Il existe trois états de conscience ordinaire, pathologique et sophronique.
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1.3.1 Les niveaux de conscience
Ces niveaux représentent les variations quantitatives de la vigilance. Trois grands
niveaux : la veille, le sommeil et le coma ont un caractère universel constant chez
tous les hommes.
En état de veille, la vigilance peut varier de l’hypervigilance vers la vigilance
habituelle qui nous permet de régler les actes de la vie courante. Cette vigilance
peut diminuer jusqu’au niveau sophro-liminal.
Les niveaux de conscience sont indépendants dans leurs variations, des états de
conscience.
Le niveau sophro-liminal
Il représente le niveau privilégié de travail en sophrologie. Il se trouve dans le niveau
de vigilance, ce qui permet de ne pas rompre la communication avec le sujet.
L’accès et le contrôle de ce niveau se font par la sophronisation, c’est-à-dire la
relaxation musculaire.
Ce niveau permet d’appliquer les techniques d’activation intra-sophronique
adaptées à chaque cas. Il a une hauteur ou épaisseur, comme vous pouvez le
constater sur le schéma. Le thérapeute choisira, en fonction des techniques
proposées, de travailler dans le haut ou dans le bas du niveau sophro-liminal.
Nous approfondirons ce point à chaque nouvelle technique présentée.
1.3.2 Les états de conscience
Tout au cours de son existence, l’être humain aura trois possibilités fondamentales :
– Rester dans la conscience ordinaire (CO), individuelle, qui correspond à
la conscience de l’individu vivant dans des schémas préétablis, sans
questionnement, sans nouveau regard sur les choses.
– Evoluer dangereusement et s’installer de façon intermittente ou
définitive dans la conscience pathologique (CP). Ces états s’étendent des
jusqu’aux psychoses et
dépressions réactionnelles, des névroses,
démences irréversibles.
– Conquérir progressivement la conscience sophronique (CS) pour y
transitoire ou permanente. Cette nouvelle
demeurer de
conscience équivaut à une intégration existentielle positive de l’être.
façon
– Le but des diverses techniques sophrologiques est de faire passer la
conscience au niveau sophro-liminal (de A en B), puis de la faire glisser
dans l’état de conscience sophronique (en C) ensuite, après une phase
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d’entraînement variable, à élever la conscience là où se trouvent l’extase
et les états supérieurs de la conscience.
1.4 Le concept d’alliance
L’alliance sophronique ou sophrologique est la relation entre le sophrologue et
son client ou son élève. Pendant cette alliance, le sophrologue cherche à être le
plus neutre possible (sans a priori) et le moins directif possible, à expliquer et à
enseigner les méthodes que le sujet appliquera de son plein gré et à son rythme.
1.5 Le concept de Terpnos Logos
Ce nom d’origine grecque désigne une action verbale.
Le Professeur Caycedo indique que la façon verbale est basée sur la persuasion, le
ton harmonieux, la voix douce et monocorde avec lesquelles le sophrologue dirige
la sophronisation. Il s’agit donc d’une voix qui, sans être affective, va induire la
confiance, le relâchement, l’apaisement, le bien-être et l’adhésion, par un rythme
régulier, sans inflexion trop marquée. Il aide le sujet à passer du niveau de
vigilance normale au niveau sophro-liminal. Il permet le travail intra-sophronique
au bord du sommeil et le retour au niveau de conscience habituel. Il constitue « la
voix de communication du sophrologue » et cherche l’adhésion, l’acception du
sujet sophronisé contrairement à la suggestion dans l’hypnose. Le but du terpnos
logos est d’influencer favorablement la conscience avec l’acceptation du client. Ce
dernier point le différencie de la suggestion hypnotique. Il entraîne la relaxation
musculaire, diminue l’excitation corticale, modifie le niveau de conscience le
dirigeant vers le niveau sophro-liminal, permet la déconnexion cérébrale et
l’adaptation comportementale de l’organisme.
Platon a été le premier à codifier le processus pyschothérapeutique par le verbe. Il
nous révèle comment Socrate traite Charmides d’un violent mal de tête grâce à
une plante associée à une incantation. Socrate avait étudié ce traitement auprès
d’un médecin Thrace qui affirmait : «Il ne faut pas traiter la tête sans l’âme… en
effet… c’est de l’âme que viennent pour le corps et pour l’homme tout entier tous
les maux et tous les biens… C’est donc l’âme qu’il faut soigner si l’on veut que la
tête et tout le corps soient en bon état. Or, l’âme se soigne par des incantations ».
« Ces incantations sont… de beaux discours qui engendrent la sagesse dans les
âmes et, une fois qu’elle est formée et présente, il est facile de procurer la santé à
la tête et au reste du corps » (extraits de Charmides de Platon). Mais Charmides ne
pourra livrer son âme, qui chez les Grecs se situait au niveau du diaphragme, qu’à
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