La méthode PNF
regroupe un ensemble
de techniques de
facilitation neuro-
musculaire par la
proprioception.
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FACILITATION PROPRIOCEPTIVE NEUROMUSCULAIRE (PNF)
UN CONCEPT DE TRAITEMENT
DYNAMIQUE ET SA PLACE
EN RÉÉDUCATION
Le concept PNF, plus connu en France sous le nom de concept Kabat-
Knott-Voss (ou plus couramment concept Kabat), est souvent associé à
la rééducation neurologique. Il présente pourtant des applications
beaucoup plus larges, notamment en rhumatologie, orthopédie,
traumatologie, médecine du sport, etc. Ce concept a été présenté lors
d’une soirée du C3R1 au centre de rééducation Iris de Marcy-l’Étoile dans le
Rhône, le 11 avril, devant une assemblée de masseurs-kinésithérapeutes.
PAR JULIE DEVILLERS
D’APRÈS L’INTERVENTION DES PHYSIOTHÉRAPEUTES SUISSES URSULA BERTINCHAMP,
INSTRUCTRICE À L’IPNFA2, ET IRMGARD FELDMANN, INSTRUCTRICE ASSISTANTE.
Le concept PNF (en français : facilitation
proprioceptive neuromusculaire) regroupe
un ensemble de techniques de facilitation
neuromusculaire par stimulation ou inhibition
simultanée de l’ensemble des récepteurs sensi-
tifs du corps. Il s’agit donc d’utiliser les rensei-
gnements d’origine superficielle (tactile) et
d’origine profonde (pressions cutanée et
musculaire, position articulaire, étirement
musculaire) pour stimuler le système nerveux
central et périphérique afin d’obtenir une
réponse motrice optimale et fonctionnelle
chez le patient. La somme de tous ces stimuli
vise à faciliter le mouvement, la stabilité, la
coordination intermusculaire et la régulation
du tonus musculaire.
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FACILITATION PROPRIOCEPTIVE NEUROMUSCULAIRE (PNF) SA PLACE EN RÉÉDUCATION
Le concept PNF repose également sur la répé-
tition des mouvements, qui permet une meil-
leure conduction synaptique et l’intégration
des schémas moteurs (apprentissage moteur).
Toutes les techniques de ce concept sont orien-
tées vers un but fonctionnel. L’objectif est de
permettre au patient de créer, ou de recréer,
des stratégies de mouvements fonctionnels
efficaces.
n Histoire du concept
Le concept PNF a été mis au point à la fin
des années 40 par un neurophysiologue améri-
cain, le Dr Herman Kabat, et développé sur le
plan technique par deux physiothérapeutes,
Margaret Knott et Dorothy Voss, dans le centre
de rééducation Kaiser fondation center en
Californie (États-Unis).
À l’époque, comme partout, les patients n’étaient
traités qu’à l’aide d’un seul mouvement, la
rééducation se concentrant sur une articulation
ou un muscle à la fois. Le Dr Kabat s’est alors
appuyé sur l’analyse des gestes fonctionnels de
la vie quotidienne, des mouvements physio-
logiques observés chez les sportifs (en trois
dimensions et dans les diagonales du corps)
et sur les connaissances neurophysiologiques
de l’époque. De son observation et de ses
recherches, il déduisit que le mouvement se
produit dans les trois dimensions de l’espace,
et que l’utilisation de schémas moteurs physio-
logiques stimule le système nerveux davantage
qu’une thérapie isolée.
Les premiers temps, ce concept fut utilisé aux
États-Unis pour la rééducation en neurologie
sur des patients atteints de poliomyélite. Au fil
des années, il est devenu un outil de travail
important également en Europe, Asie et
Nouvelle-Zélande pour le traitement d’autres
pathologies en orthopédie, rééducation du
sport, rhumatologie, etc.
Depuis sa création, le concept PNF ne cesse
d’évoluer en intégrant les résultats des nou-
velles recherches dans le domaine de la neuro-
physiologie, de l’apprentissage moteur et de
l’analyse du mouvement.
La méthode PNF fait aujourd’hui partie inté-
grante de la formation de base des écoles de
physiothérapie dans plusieurs pays d’Europe
comme l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, etc.
Il existe aussi une formation post-graduée,
qu’il est possible de suivre notamment en
langue française en Suisse.
n Principes du traitement
Le concept PNF repose sur une approche
positive du patient et cible ainsi le traitement
sur ses ressources. Le patient prend conscience
de son potentiel physique et émotionnel,
qui est valorisé par le thérapeute. Ce dernier
cherche à obtenir sa coopération et évite
les douleurs.
Le potentiel de réserve du patient est mobilisé.
La rééducation commence du côté sain dans
le but d’améliorer la fonction, de favoriser
l’apprentissage moteur, d’améliorer la force
et de diminuer les douleurs. Le masseur-kiné-
sithérapeute utilise des techniques d’irradia-
tion, c’est-à-dire qu’il cherche à obtenir une
activité musculaire par le biais d’un travail
contre résistance à distance de la zone ciblée.
Il s’agit de reporter l’excédent de force de
groupes de muscles plus forts sur les groupes
de muscles faibles. Par exemple, en poussant
vers l’arrière le tronc du patient en lui deman-
dant de résister, le masseur-kinésithérapeute
pourra engendrer une contraction à distance
des fléchisseurs de hanche en réaction à la
déstabilisation. Ces irradiations peuvent
s’effectuer du distal vers le proximal, du
proximal vers le distal, de droite à gauche ou
inversement, et dépendent de la constitution
et de la condition de la personne.
L’évaluation et le traitement du patient se font
dans une approche globale. Le kinésithérapeute
évalue les capacités, puis les incapacités du
patient. Il se base sur la CIF (Classification
internationale du fonctionnement, du
handicap et de la santé), puis évalue et prend
en compte la situation psychosociale.
Le programme proposé ensuite est intensif,
mais se veut sans douleur. La mobilisation, la
stabilisation, l’habilité sont tour à tour recher-
chées. Le thérapeute alterne le type de travail
musculaire (concentrique, excentrique, statique)
et exerce le patient, par exemple, aux transferts
dans un objectif fonctionnel.
TEST D’ÉVALUATION
1) En quoi consiste le concept PNF ?
2) Quel est le principe des techniques
d’irradiation ?
3) Quels sont les domaines d’application
de la méthode PNF ?
orthopédie, rhumatologie, médecine du sport…
les plus faibles du tronc / 3. Neurologie, traumatologie,
culaire provenant des parties les plus fortes vers les parties
lite le mouvement / 2. Il s’agit de propager la réponse mus-
stimuli, que le thérapeute sollicite par ses techniques, faci-
plus facilement chez le patient. La somme des différents
central et périphérique afin d’obtenir une réponse motrice
et d’origine profonde pour stimuler le système nerveux
1. Il s’agit d’utiliser les renseignements d’origine superficielle
RÉPONSES
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Stimulations proprioceptives
Du point de vue proprioceptif, les techniques
jouent sur la stimulation tactile (qualité du
contact manuel du thérapeute), la position du
patient, la position et la dynamique corporelle
du thérapeute. La prise du thérapeute doit être
précise, permettant une stimulation tactile et
baroceptive des récepteurs cutanés qui soit
confortable et directionnelle. La position de la
main se fera ainsi en flexion des articulations
métacarpophalangiennes (prise lombricale)
pour permettre une stimulation de la coordi-
nation intra et intermusculaire.
La position du patient doit être confortable,
non douloureuse et adaptée au but fonctionnel
et à l’état du patient. La position du thérapeute
est, elle aussi, importante. Les ceintures pelvienne
et scapulaire, et les mains doivent être face à
la direction du mouvement. Pour un travail
dynamique, le thérapeute doit se déplacer
de façon à permettre au patient d’effectuer
l’activité demandée. Pour un travail statique, le
praticien doit se stabiliser afin de permettre au
sujet d’effectuer un travail de stabilité.
Le thérapeute applique une résistance optimale
au mouvement demandé, permettant d’activer
le plus grand nombre d’unités motrices et
d’obtenir une activité musculaire harmonieuse
et coordonnée. Cette résistance est dosée
en fonction des possibilités du patient, de
l’objectif recherché et du type de contraction
musculaire souhaité.
Un étirement préparatoire est systématique-
ment appliqué dans le sens inverse au mouve-
ment demandé et dans les trois dimensions
de l’espace. Ceci, en effet, parce qu’un muscle a
une réponse motrice plus performante s’il est
étiré avant de se contracter.
En outre, afin de stimuler les récepteurs
capsulo-ligamentaires, une traction ou une
coaptation se fait dans l’axe du membre ou
du tronc, toujours associée à une résistance
musculaire. La coaptation, appelée aussi
“approximation”, est plutôt utilisée pour une
facilitation de stabilité. Il s’agit d’une compres-
sion appliquée sur les articulations sollicitées.
La traction, quant à elle, est plutôt utilisée sur
les articulations impliquées dans le mouve-
ment pour faciliter un travail dynamique.
Enfin, le concept PNF privilégie un travail
suivant un modèle de mouvement physiolo-
gique et connu plutôt que le travail d’un
muscle, car les recherches en matière de
neurophysiologie ont montré que le cerveau
raisonne en termes de mouvements, et non de
muscles. Ces schémas sont donc fonctionnels,
en trois dimensions et exécutés selon une
diagonale (pour plus de force).
Les techniques d’irradiation visent à obtenir une
activité musculaire par le biais d’un travail contre
résistance à distance de la zone ciblée.
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En poussant vers l’arrière le tronc du patient en lui
demandant de résister, le kinésithérapeute génère une
réponse des fléchisseurs de hanche par irradiation.
La séance peut se dérouler dans différents
contextes et dans des positions variées afin de
stimuler l’apprentissage moteur. Un programme
à domicile, facile à intégrer dans la vie quoti-
dienne, est aussi proposé. Le suivi fait l’objet
d’une réévaluation permanente.
n Principes de facilitation
Le concept PNF a recours aux stimulations
proprioceptives et extéroceptives pour activer
le mouvement. Il s’agit en fait d’augmenter
l’impulsion sensorielle, en combinant plusieurs
facteurs facilitateurs (plusieurs stimulations),
pour obtenir une réponse motrice plus
facilement.
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FACILITATION PROPRIOCEPTIVE NEUROMUSCULAIRE (PNF) SA PLACE EN RÉÉDUCATION
Stimulations extéroceptives
Les techniques PNF intègrent le feed-back
visuel pour optimiser le travail musculaire.
Le patient regarde dans la direction du mouve-
ment qui lui est demandé, ce qui favorise sa
concentration. La stimulation verbale est aussi
importante et spécifique. Le kinésithérapeute a
recours à trois types d’ordre : un ordre de pré-
paration qui explique précisément au patient
ce qu’il va devoir faire, un ordre d’activation
et un ordre de correction.
La stimulation tactile – abordée dans les
stimulations proprioceptives – est également
une stimulation extéroceptive.
n Les techniques
Le concept PNF utilise différentes techniques
regroupées sous trois catégories :
-La première catégorie cible les groupes mus-
culaires agonistes en se focalisant sur le déve-
loppement du mouvement dans une direction.
Pour permettre au patient d’apprendre des
mouvements (schémas) ou des gestes (activités).
Parmi les techniques principales sont mention-
nées l’“initiation rythmique”, la “réplication” et
le “stretch”.
-La deuxième catégorie vise les groupes mus-
culaires antagonistes et agonistes et se focalise
sur l’amélioration de la coordination intra et
intermusculaire. Les techniques principales
relatives à cette catégorie sont le “renversement
dynamique”, la “stabilisation rythmique” et la
“stabilisation inversée”.
-Enfin, la troisième catégorie cible les groupes
musculaires antagonistes et agonistes en se
concentrant sur la régulation du tonus muscu-
laire et la souplesse musculaire. Il s’agit ici de
techniques d’étirements tels que le “contracter-
relâcher” et le “tenir-relâcher”.
n Conclusion
Le concept actif PNF regroupe donc un
ensemble de techniques qui peut constituer
pour les masseurs-kinésithérapeutes un outil
de travail de choix pour la prise en charge de
patients porteurs de pathologies diverses. n
1 Cercle de recherche en rééducation et
réadaptation. Programme disponible sur
www.c3rlyon.org
2 International PNF Association.
Pour plus d’informations sur le concept PNF,
consultez le site de l’IPNFA : www.ipnfa.ch ou
www.ipnfa.org
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