CEFEDEM RHONE ALPES
Formation musicale et musiques
actuelles :
Quelles interactions ?
Maxime CARETTE
Promotion 2004 – 2006
Discipline : Musiques actuelles amplifiées
Introduction…………………………………………………………………………………………. 3
Sommaire
I.Formation musicale et musiques actuelles amplifiées……………………………………..4
1-A l’origine de la formation musicale………………………………………………………4
2-Vers un nouvel enseignement……………………………………………………………5
3-Les musiques actuelles amplifiées dans l’école de musique………………………….7
4-Des mondes à part ?……………………………………………………………………………………..9
5-Vers une Formation Musicale généraliste ?…………………………………………………….13
II- La Formation Musicale pour les Musiques Actuelles Amplifiées………………………15
1-Caractéristiques des Musiques Actuelles Amplifiées…………………………………15
2-Imaginons d’un cours de formation musicale en musiques actuelles amplifiées….18
3-Un exemple de cours de formation musical en musiques actuelles amplifiées, entretien
avec Philippe Madile..…………………………………………………….………………….25
Conclusion………………………………………………………….……………..………………….28
Annexes
Bibliographie
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Introduction
Les musiques actuelles sont depuis environ une dizaine d’année reconnues au
sein des centres d’enseignements spécialisés de la musique. Dans un premier temps,
les enseignants ont cherché à reproduire soit le schéma des groupes dans leur garage,
c’est-à-dire des répétitions, soit en reproduisant le schéma du modèle classique comme
dans certains centres d’enseignements privés.
Face à une demande de plus en plus nombreuse et exigeante, je me suis
intéressé au rapport entre la formation musicale et les musiques actuelles amplifiées. En
effet, si beaucoup d’élèves craignent le solfège, il semblerai que les musiques actuelles
amplifiées entretiennent un rapport beaucoup plus ambigu avec celui-ci.
Il s’agira donc dans un premier temps de mettre en exergue les particularités de
chaque esthétique afin de se pencher sur l’idée d’un cours commun entre les différentes
esthétiques.
Puis, dans un second temps, nous tenterons de définir les éléments qui
pourraient constituer un cours de formation musicale pour les musiques actuelles.
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I.Formation musicale et musiques actuelles amplifiées
1-A l’origine de la formation musicale
A la fin des années soixante-dix, l’enseignement spécialisé de la musique en
France va connaître quelques bouleversements importants résultants d’une remise en
question de la formation musicale au sens général du terme. Cette mise en abîme des
questions fut entamé, essentiellement, en raison de l’augmentation des inscriptions
dans les écoles de musique, puis également en raison du développement des méthodes
dites « actives » dans les conservatoires et écoles de musique (ces méthodes
proposant une démarche pédagogique incluant la pratique musicale à l’intérieur du
système d’enseignement traditionnel).
Ces questions portaient essentiellement sur la volonté de former un « autre
type » de musicien. En effet, une volonté à former des musiciens qui soient non
seulement de bons instrumentistes, mais qui soient aussi capables d’autonomie face à
un texte musical, se fait .
La réforme du solfège de 1977 devait ainsi permettre de marquer de manière
évidente une rupture avec le passé, ne mettant plus le coté robotique de l’interprète au
centre de l’éducation (c’est-à-dire des interprètes, obnubilé par la virtuosité ou la
technique, se limitant à un répertoire classique allant de Bach à Ravel).
Produit en 1977 par la direction de la musique, le texte inaugurant les réformes
parle pour la première fois de « formation musicale ». Ce document, intitulé « Etudes de
formation musicale », doit ainsi prendre la place de « tout ce qui avait trait aux études de
solfège », c’est-à-dire du solfège sous sa forme d’enseignement traditionnelle.
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2-Vers un nouvel enseignement
Ce document de 1977, « Etude de formation musicale », met en évidence des
problèmes liés à la formation des musiciens et à leur rapport au solfège. Ainsi, dès la
deuxième page du texte, nous pouvons voir : 1
« Le solfège, à l’origine associé aux études instrumentales, est
devenu au fil des années l’objet d’un enseignement totalement
cloisonné »
Force de constater un état d’échec dans cette discipline, les responsables de
l’enseignement spécialisé de la musique ont alors voulu remplacer l’apprentissage des
éléments du solfège dans la globalité de l’apprentissage de la musique. En effet, en
retirant le solfège de son contexte musical, celui-ci était alors vidé de tout son sens et
décourageait généralement l’élève de poursuivre dans cette voix. Ainsi, nous pouvons
trouver deux réponses dans la réforme de 1977 qui tente de solutionner le problème du
cloisonnement du cours de solfège :
« La réalité du travail doit tendre à faire vivre la musique dans
sa totalité aussi souvent que possible. »
« L’instrument de
l’élève est utilisé pour
les
lectures
rythmiques,
les
lectures
polyphoniques,
la mémorisation,
l’improvisation,… »
Dans le même ordre idée, le texte de réforme du solfège de 1977 met en évidence de
nombreux autres soucis, dont un qui va particulièrement nous intéresser pour la suite :
1 D’après un tableau réalisé à partir de Etudes de formation musicale, Ministère de la Culture, 1977 ,par H.GONON ,
Du solfège à la formation musicale, CEFEDEM Rhone-Alpes, 1995, p.2 & p.14
5
4
« (…le solfège ne propose) qu’une étude analytique abstraite,
élément par élément, desséchante par définition ; » 2
Ainsi, nous comprenons ici que chaque élément abordé doit l’être à partir d’une
réalité musicale et prendre en compte la globalité du contexte dans lequel il se trouve.
Hors, il est évident que soustrait de sa réalité musicale, un élément rythmique, sonore
ou autres encore, ne peut pas prendre de sens et de ce fait, ne peut pas produire à
l’élève l’envie d’utiliser cet élément de manière réfléchie. Ainsi, le texte propose
plusieurs axes de réponses à ce souci :
« Il est plus formateur de partir de la musique pour en
découvrir le langage et ses techniques » 3
« La théorie sera abordé à partir de la pratique musicale (…),
après une prise de conscience réelle du problème posé de façon
vivante ; sans se trouver dissocié du contexte musicale » 4
Ces deux axes de réinvention de la formation musicale, seront un facteur
important dans le changement de certaines écoles de musiques. Bien que destiné dans
un premier temps aux élèves poursuivant un cursus dans une esthétique classique, ces
axes peuvent être également l’occasion d’ouvrir les écoles de musique à de nouvelles
esthétiques. En effet, mis à part la musique classique, bien peu d’esthétique mette le
solfège au centre de leur pratique, celui-ci est en effet souvent utilisé comme outil
« annexe » à la pratique, mais en rien n’est porteur, ni amorceur, d’une pratique.
Pourtant, bien que des changements aient été amorcés depuis 1977,
2 Op. Cit, p.2
3
Op. Cit, p.2
Op. Cit, p.11
6
l’individualité des enseignants et des directeurs d’établissements a toujours primé sur le
choix des axes d’enseignements proposés. J’ai pu constaté, dans le cadre de mon
parcours professionnel comme lors de stage, ou bien d’exemples contés au sein du
CEFEDEM Rhône-Alpes, qu’il existait autant de choix d’enseignements que
d’établissements, voir d’individus. Mais
il existait
toujours une constante dans
l’enseignement de la formation musicale, celle-ci était quasiment destinée qu’aux
musiciens se destinant à la musique classique.
3-Les musiques actuelles amplifiées dans l’école de musique
Les réformes prises depuis 1977 ont ainsi permis aux établissements
d’enseignement spécialisé de la musique de démocratiser l’enseignement du solfège
en le mettant directement en rapport avec la musique et l’instrument. Cette démarche
arrivera à un moment important dans l’histoire de l’enseignement musical : l’entrée de
nouvelles esthétiques au sein des centres d’enseignements spécialisé de la musique.
Ces nouvelles esthétiques étant découpées suivant les catégories : musiques actuelles
amplifiées, jazz, musiques traditionnelles.
Effectivement, aux débuts des années 1980, une nouvelle politique culturelle sera
mise en place au ministère de la culture par Jack Lang, sous la direction du nouveau
directeur de la musique, Maurice Fleuret. Dans un souci général de démocratisation
culturelle, Maurice Fleuret entreprit une politique d’ouverture pour les écoles de
musique. En ouvrant les établissements d’enseignement spécialisé de la musique à de
nouvelles esthétiques, Maurice
fleuret
initie
l’entrée de nouvelles pratiques
instrumentales où le solfège n’est plus au centre, voir absent, et où la pratique collective
et la création sont à la base.
7
« On aurait pu croire qu’il avait inventé un jeu étonnant : jouer
à être le directeur de la musique, ou plutôt des musiques. Car ce
fameux «s» ajouté au mot musique, je ne crois pas qu’on puisse lui
en enlever la paternité. L’invention d’un seule lettre, d’un simple
pluriel aura suffi pour mettre le monde musical en émoi, en éveil,
pour faire vaciller la statue, rajeunir l’institution, et surtout la rendre
actuelle, opérante, le re-situer dans un monde où les cultures se
côtoient, se mélangent, se métissent, dans un monde où ces
musiques soudain deviennent l’un des leviers essentiel, voire même
une planche de salut du rapport social. »5
Dans les faits, les établissements d’enseignement spécialisé de la musique n’ont
pas tous ouverts leurs portes aux nouvelles musiques reconnues. Bien que certains
établissements aient rapidement adhérés a cette idée (ex : ENM de Villeurbanne,
Rhône-Alpes), la plupart des établissements mettront du temps à accueillir le jazz dans
un premier temps, puis les musiques actuelles amplifiées, et éventuellement les
musiques traditionnelles. En effet, face à l’absence de classe dans les centres
d’enseignements publiques, un certain nombre de fédérations ou d’associations se sont
chargés de l’enseignement de ces musiques (ex : le CYR, La Fédurok, la FNEIJMA).
Ainsi, suffit-il de faire venir de nouveaux musiciens au sein des établissements
d’enseignement spécialisé de la musique pour créer une interaction avec les
esthétiques déjà représentées ? Ne pouvons nous pas imaginer qu’admettre le
cloisonnement des esthétiques, c’est un petit peu commencer à admettre que chaque
esthétiques à ses propres manières de fonctionner, avec des codes différents, sans
interaction possible dans son apprentissage avec les autres musiques.
Effectivement, une esthétique peut en partie se définir par la singularité de ses
5 Hommage de C.ROY à M.FLEURET in, Maurice Fleuret : une politique démocratique de la musique, A .VEITL et N.DUCHEMIN,
comité d’histoire du ministère de la culture, (p.11), 2000.
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