Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
Reprise de la conduite automobile chez les
personnes ayant eu un traumatisme crânien :
Evaluation en ergothérapie
Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
UE 6.5 S6
LE COAT Alexandra
24 mai 2013
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
Reprise de la conduite automobile chez les
personnes ayant eu un traumatisme crânien :
Evaluation en ergothérapie
Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
UE 6.5 S6
LE COAT Alexandra
24 mai 2013
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier ma maître de mémoire, Caroline DIPLAS, pour
son accompagnement, ses conseils avisés et ses encouragements tout au long du
mémoire.
Merci aux ergothérapeutes ayant répondu aux questionnaires, et à tous qui m’ont
accompagnée durant mes recherches et ma formation.
Merci à mes compatriotes de groupe mémoire et plus largement de promo pour
leurs soutiens et leurs conseils.
Merci à ma mère pour ses multiples relectures et l’intérêt qu’elle a pu porter à
mon travail.
Sommaire
Introduction ………………………………………………………………………………………………………………………………….. 1
1.
Problématique ……………………………………………………………………………………………………………………….. 2
2.
Partie Théorique …………………………………………………………………………………………………………………….. 7
2.1. L’évolution d’un traumatisme crânien …………………………………………………………………………………………… 7
2.1.1. Anatomie du cerveau …………………………………………………………………………………………………………… 7
2.1.2. Une lésion cérébrale : le traumatisme crânien ………………………………………………………………………… 9
2.1.3. Le parcours de soin d’une personne ayant un traumatisme crânien …………………………………………. 10
2.2. Une étape de la rééducation : la conduite automobile …………………………………………………………………… 17
2.2.1. Les différentes fonctions de la conduite automobile ………………………………………………………………. 17
2.2.2. Les capacités mises en jeu lors de cette activité …………………………………………………………………….. 18
2.2.3. Incapacités liées au traumatisme crânien et conduite automobile …………………………………………… 19
2.2.4. Quelles solutions face à ces incapacités ? ……………………………………………………………………………… 20
2.2.5. L’évaluation de la conduite automobile ………………………………………………………………………………… 23
2.2.6. Conduite automobile et handicap : le cadre législatif ……………………………………………………………… 25
3.
Partie Pratique ……………………………………………………………………………………………………………………… 27
3.1. La méthode mise en place …………………………………………………………………………………………………………. 27
3.1.1. Objectif de l’étude ……………………………………………………………………………………………………………… 27
3.1.2. Choix de la population ………………………………………………………………………………………………………… 27
3.1.3. Choix de la méthode…………………………………………………………………………………………………………… 27
3.2. Analyse des données …………………………………………………………………………………………………………………. 28
3.2.1. Caractéristiques de professionnels interrogés ……………………………………………………………………….. 28
3.2.2. L’évaluation de la conduite automobile ………………………………………………………………………………… 29
3.2.3. Les pratiques concernant les évaluations « papier-crayon » ……………………………………………………. 31
3.2.4. Les pratiques concernant l’évaluation écologique ………………………………………………………………….. 32
3.2.5. Les pratiques concernant le simulateur de conduite ………………………………………………………………. 34
3.2.6. A la suite de l’évaluation …………………………………………………………………………………………………….. 35
3.2.7. Quelle serait, pour vous, la démarche idéale d’évaluation à la conduite automobile ? ……………….. 40
3.2.8. En conclusion de l’enquête …………………………………………………………………………………………………. 42
4. Discussion ……………………………………………………………………………………………………………………………….. 44
4.1. Vérification des hypothèses ……………………………………………………………………………………………………….. 44
4.2. Critique de la méthode ………………………………………………………………………………………………………………. 45
4.2.1. Critique du questionnaire ……………………………………………………………………………………………………. 45
4.2.2. Critique de notre recherche ………………………………………………………………………………………………… 45
4.3. Les pistes de réflexion ……………………………………………………………………………………………………………….. 46
4.3.1. Le manque de reconnaissance de l’évaluation ………………………………………………………………………. 46
4.3.2. Anosognosie et conduite automobile, quelles solutions? ………………………………………………………… 48
4.3.3. La mise en situation écologique …………………………………………………………………………………………… 49
4.3.4. Le travail équipe ………………………………………………………………………………………………………………… 49
Conclusion …………………………………………………………………………………………………………………………………… 52
Bibliographie ……………………………………………………………………………………………………………………………….. 53
ANNEXES …………………………………………………………………………………………………………………………………………
Introduction
En 2012, un programme d’action en faveur des traumatisés crâniens a été élaboré
dans le but de répondre aux besoins et de mettre en place des aides pour cette population
aux caractéristiques spécifiques. Par ce document, l’Etat montre l’importance de prévenir ce
problème de santé publique qui touche de plus en plus de jeunes mais traduit également une
volonté de prendre en charge et d’intégrer cette population dans notre société.
Lors de ma formation, la prise en charge d’une personne ayant eu un traumatisme
crânien m’a interrogée par sa spécificité mais également par sa complexité qui touche tous
les aspects de la vie quotidienne.
Une des étapes de la réinsertion passera par une activité pouvant être chère au patient
souvent jeune : la conduite automobile. Cette activité est un mode d’indépendance qui fait
parti du quotidien de près de 40 millions de Français. Malgré tout, il ne faut pas oublier
l’enjeu et les habiletés mises en jeu lors de son exécution qui peut se révéler impossible
pour une personne ayant des lésions cérébrales.
Afin de permettre le retour à une qualité de vie antérieure, l’ergothérapeute sera amené à
évaluer les capacités de conduite du patient ayant eu un traumatisme crânien. Pour ce faire,
il aura à sa disposition des outils d’évaluation variés mais également son savoir-faire et ses
compétences d’analyse.
Afin de comprendre comment l’ergothérapeute met en place une évaluation pertinente de la
conduite automobile auprès d’un patient ayant eu un traumatisme crânien, nous allons en
détailler plusieurs aspects.
Après avoir expliqué le cheminement de notre réflexion, nous allons exposer plusieurs
apports théoriques qui nous permettront de comprendre cette problématique. Nous allons
présenter le résultat d’une enquête faite auprès des ergothérapeutes pour voir comment ils
fonctionnent et pour confronter la théorie à la pratique. Après avoir analysé les résultats nous
apporterons des pistes de réflexions permettant de comprendre ce qui pourrait être mis en
place chez ces professionnels de santé.
1
1. Problématique
Lors de mon stage de fin de deuxième année dans un centre de rééducation et de
réadaptation fonctionnelle en service neurologie, j’ai suivi un patient (Mr L) âgé de 30 ans
ayant eu un traumatisme crânien. Cet accident a eu pour conséquence un déficit moteur de
l’hémicorps gauche et des troubles des fonctions cognitives dont une anosognosie. Il était
pris en charge par une équipe pluridisciplinaire afin de lui permettre de redevenir autonome
Du fait de cette prise en charge globale, nous avons pu remarquer des améliorations auprès
et indépendant.
de ce patient.
En lien avec le projet de réadaptation, la question de la conduite automobile s’est alors
naturellement posée. Il savait que des évaluations auto-école étaient effectuées dans ce
centre et m’a donc demandé quand il pourrait en réaliser une.
La situation de ce jeune m’a posé question du fait de l’importance au quotidien de la
conduite. En milieu rural, la perte du permis de conduire est synonyme d’exclusion.
Pour comprendre au mieux la situation de ce jeune, je me suis posée la question : Et si cela
m’arrivait ? Si je perdais mon permis du fait d’un problème de santé ou à la suite d’une
contravention, je serais en difficultés pour me rendre où je le souhaite. Cela aura des
répercussions sur mes interactions sociales et professionnelles.
En discutant avec lui de la problématique de la conduite, j’ai appris qu’il conduisait sa
voiture, malgré la non-autorisation du médecin. Du fait de l’anosognosie, il n’y avait, pour lui,
pas d’obstacles à ce qu’il conduise. A ses yeux, les possibilités au niveau de son bras lui
permettaient de conduire et ses autres troubles ne perturbaient pas la conduite. Il mettait
alors sa vie ainsi que celles des autres usagers de la route en danger.
Cette situation m’a permis de réfléchir plus largement aux conséquences d’un traumatisme
crânien. Les troubles faisant suite à cet accident sont variés, il faut donc bien les comprendre
et les évaluer pour pouvoir les prendre en charge.
Quels moyens sont à la disposition de l’ergothérapeute pour prendre en charge les
personnes ayant eu un traumatisme crânien ? Quelles sont les méthodes utilisées lors de
l’intervention de l’ergothérapeute dans le cadre de la reprise de la conduite automobile ?
Comment faire comprendre aux patients cérébrolésés la dangerosité de la reprise
automobile ?
2
La réadaptation est également une phase importante de la prise en charge du patient ayant
eu un traumatisme crânien. La conduite automobile peut être considérée comme un mode
d’insertion sociale permettant à toute personne en capacité de conduire d’être indépendante.
Mais que se passe-t-il quand nous perdons cette indépendance ? Quels peuvent être les
impacts sur la vie quotidienne ? Dans quelles mesures cela a-t-il des conséquences sur
notre qualité de vie mais également sur notre entourage ?
Des difficultés motrices peuvent entraver la reprise de la conduite automobile. Ces
difficultés ajoutées à des troubles des fonctions exécutives peuvent devenir un réel handicap
pour le patient et lui faire perdre en indépendance dans la vie de tous les jours.
J’ai choisi de m’intéresser uniquement à la reprise de la conduite automobile et non à
son apprentissage.
En effet, la reprise de la conduite induit la prise en compte d’habitudes antérieures, bonnes
ou mauvaises, d’automatismes et de réflexes qu’acquiert un conducteur. Lors de
l’apprentissage, le jeune doit apprendre à connaître le véhicule et découvre la conduite, il n’y
a donc pas de comparatif possible avec le comportement avant le traumatisme crânien.
De plus, les démarches administratives sont différentes dans ces deux cas. Lors de
l’apprentissage, il suffit juste de signaler son handicap tandis qu’en cas de reprise, les
démarches à effectuer sont plus lourdes et rajoutent une problématique à la situation de
handicap.
habitudes de vie.
Le deuil est également présent dans la reprise de la conduite tandis que dans
l’apprentissage, cette notion est moins présente, la conduite n’étant pas ancrée dans les
Pour permettre la reprise de la conduite, des outils de rééducation sont à la disposition des
professionnels de santé. L’ergothérapeute, rééducateur spécialiste des activités de la vie
quotidienne, est le premier sollicité par les patients. Il pourra alors utiliser des tests papier-
crayon, des évaluations écologiques sur route ou encore sur simulateur de conduite.
Quels sont les limites du simulateur de conduite? Comment l’ergothérapeute intervient-il ?
Les patients observent-ils de réelles améliorations suite à l’utilisation de ces différents
outils ?
Afin de répondre au mieux à toutes ces questions, j’ai effectué diverses recherches et j’ai eu
l’occasion d’effectuer un entretien exploratoire.
Pour cet entretien j’ai contacté une ergothérapeute exerçant en Centre Médical et
Pédagogique (CMP) qui s’occupe plus particulièrement de la reprise de la conduite
3