MANUEL DE
FORMATION
Formation policière aux
droits fondamentaux
Manuel à l’intention
des formateurs
des forces de police
Annexe 4
Compilation de pratiques
Cette annexe complète le Manuel de formation intitulé : Formation policière aux droits fondamentaux –
Manuel à l’intention des formateurs des forces de police, publié par la FRA en 2015 (ISBN 978-92-9239-656-5).
Crédit photo (couverture) : © Shutterstock
FRA – Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne
Schwarzenbergplatz 11 – 1040 Vienne – Autriche
Tél. +43 158030-0 – Fax +43 158030-699
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© Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, 2013
Reproduction autorisée, moyennant mention de la source.
Annexe 4 :
Compilation de pratiques
L’objectif de l’annexe 4 est de vous donner une idée de la manière
dont les autres instituts de formation de la police mettent en œuvre
la formation aux droits de l’homme. Si vous souhaitez en savoir
davantage sur l’une de ces activités, les coordonnées des formateurs
concernés figurent à la fin de chaque exercice.
TABLE DES MATIÈRES
Pratique 1 : Programme d’action positive –
ouverture du séminaire …………………………………………. 2
Pratique 2 : Entretiens individuels ……………………………………………. 4
Pratique 3 : Éducation aux droits de l’homme pour
les officiers de police sur les sites historiques
des crimes nazis : le travail de la police
aujourd’hui et par le passé …………………………………….. 8
Pratique 4 : Formation fondée sur des scénarios ……………………..13
Pratique 5 : Formation à la diversité …………………………………………17
Pratique 6 : Communication interculturelle : travailler avec
des personnes appartenant à d’autres cultures ……. 21
Pratique 7 : Droits de l’homme et programme
de lutte contre le terrorisme …………………………………24
Pratique 8 : Crimes de haine homophobes et transphobes ……..26
Module 1Module 2Module 6Module 4Module 3AnnexesModule 5 Pratique 1 : Programme d’action positive –
ouverture du séminaire
Quelle est la principale
thématique ?
Quelles sont les principales
dimensions de l’apprentis‑
sage concernées ?
Quels sont les objectifs ?
Le début du séminaire est un point crucial et sensible. Il est
important de surmonter les appréhensions négatives et de for‑
mer une base pour des discussions constructives et ouvertes.
Attitude
• Créer une atmosphère d’apprentissage positive. Préciser
aux participants qu’ils peuvent émettre des critiques, sans
être stigmatisés ou jugés.
• Clarifier les principes de base du séminaire, tels que le
respect, l’ouverture d’esprit et l’honnêteté.
• Élaborer le sujet de la différence entre une personne et ses
actions.
Quel est le groupe cible ? Les officiers de police, quel que soit leur rang ou leur poste
Préparez 4 tableaux de conférence. Écrivez sur chacun d’eux
Décrivez
une expression différente (esprit ouvert/esprit fermé/si
la pratique.
j’écoute/si je n’écoute pas).
Divisez la classe en quatre groupes de travail et demandez
à chaque groupe de fournir des exemples sur un des thèmes
(si vous avez l’esprit ouvert, comment cela se traduit‑il dans
le cours ? Si vous avez un esprit fermé, comment cela se
manifeste‑t‑il dans le cours ?). Chaque groupe de travail traite
un seul thème.
Retournez dans la salle de classe et réunissez les résultats de
chaque groupe de travail (à titre d’exemple : si j’ai l’esprit ou‑
vert […] j’écouterai, je m’engagerai, je respecterai les autres)
et ajoutez les suggestions supplémentaires de l’ensemble de
la classe. Inscrivez les exemples sur le tableau de conférence.
Débutez la discussion par la question « pourquoi certaines
personnes ont‑elles un esprit fermé ? ». Recueillez les expé‑
riences et les affirmations des participants.
Concluez la discussion en affirmant que les raisons qui
sous‑tendent le comportement et les attitudes des personnes
dépendent principalement de leurs expériences, en veillant
à établir une distinction entre une personne et ses actions.
Conservez ce principe au premier plan de leurs préoccupa‑
tions durant toute la session de formation. Ce principe doit
être mémorisé et intégré au travail quotidien de la police.
Accrochez les tableaux de conférence au mur, laissez‑les dans
la salle de formation durant tout le cours, et référez‑vous
à ces tableaux durant les sessions.
Groupes de travail, discussion
Quelle est la
méthodologie employée ?
2
Formation policière aux droits fondamentaux Cadre général
Nombre de participants
suggéré
Quel est le cadre de la
formation ?
Quelle est la durée de
l’exercice ?
Comment cet exercice
est‑il lié au contexte
opérationnel ?
12 à 24 participants
Les participants s’assoient en cercle. La salle doit être assez
grande pour permettre aux groupes de travail de se réunir
autour de tableaux de conférence et de discuter.
50 minutes au minimum
Comment l’état d’esprit influe‑t‑il sur la manière dont nous
offrons nos services au public ? Si tous les effectifs policiers
étaient ouverts d’esprit, serions‑nous ici, dans ce cours de
formation ? Discussion.
Quels sont les facteurs innovants de cette pratique ?
Cet exercice permet au groupe de se concentrer sur les caractéristiques du succès et ses
liens avec l’attitude et le comportement. C’est aussi un outil que le groupe peut utiliser
lui‑même pour se stimuler et se soutenir durant l’atelier.
Principaux facteurs de succès
Adoptez un point de vue favorable. Lors du débriefing, adoptez une position de soutien,
notamment lorsque vous abordez la partie de l’exercice dédiée à la fermeture d’esprit.
Énoncez clairement que les idées arrêtées d’une personne peuvent être liées à un manque
d’expérience plutôt qu’à un trait de caractère personnel. Si quelqu’un a réellement un
esprit fermé, examinez comment le groupe peut le soutenir durant le cours.
Vous pouvez transformer « si j’écoute » et « si je n’écoute pas » en « si j’inclus » et « si
je n’inclus pas », ou toute autre expression que vous jugez pertinente dans le contexte
de votre atelier.
Modèles réutilisables
Cet exercice introduit la notion de responsabilité personnelle et souligne les attitudes
et les comportements susceptibles de favoriser ou d’entraver non seulement
l’apprentissage, mais aussi le progrès. Il peut entraîner des discussions profondes et
stimulantes sur la manière dont ces comportements influencent les individus et les
groupes au sein de la police ou du public. Il crée une base pour comprendre les raisons
sous‑tendant les droits de l’homme et les autres législations antidiscriminatoires. Cet
outil, utilisé par un animateur qualifié, est extrêmement efficace.
Source : National Policing Improvement Agency, Royaume‑Uni ; formateur/auteur :
Gamal Turawa : purplefrogsrule@btinternet.com
3
Annexe 4 : Compilation de pratiquesModule 1Module 2Module 6Module 4Module 3AnnexesModule 5 Pratique 2 : Entretiens individuels
Quelle est la principale
thématique ?
Quelles sont les
principales dimensions de
l’apprentissage ?
Quels sont les objectifs ?
Le rôle de la police dans une société démocratique
Connaissances : comprendre le rôle de la police sous l’angle
des droits de l’homme
Attitude : respecter la dignité et les droits de tous les
individus, qu’ils soient exclus de la société, critiquent la
police ou enfreignent la loi
Compétences : faciliter les compétences de communication
• Donner une dimension concrète au concept des droits de
l’homme et de la dignité humaine, tout en rencontrant
des personnes qui sont généralement considérées comme
« hostiles » à la police, tels les personnes marginalisées
et/ou exclues de la société.
• Reconnaître que les personnes considérées « hostiles »
ont souvent de vastes et précieuses connaissances et
perspectives qui peuvent aider la police.
• Permettre aux participants d’éviter les réactions hostiles,
méprisantes ou cyniques.
• Valoriser la diversité.
• Adopter une perspective différente.
• Favoriser une perspective émotionnelle selon laquelle des
individus qui sont exclus de la société, critiquent la police
ou enfreignent la loi, ont le droit d’être respectés en tant
qu’êtres humains, même dans des situations de conflit et
de stress.
• Faire prendre l’habitude de considérer le rôle de la police
de l’extérieur, en adoptant le point de vue des groupes
vulnérables ou difficiles à atteindre.
de la formation élémentaire et de la formation au
commandement.
Les stagiaires ont pour tâche de mener une conversation
avec une personne qui a eu affaire à la police : personne
marginale ou exclue de la société, criminel présumé ou
personne issue d’une ethnie différente, par exemple.
1. Introduction : Dans la salle de classe, les participants sont
invités à réfléchir aux sources qui ont façonné leur image
du rôle de la police : à titre d’exemples, les romans et
les films, les médias (qui soulignent souvent les aspects
spectaculaires du travail de la police), les parents et amis
(de ceux qui travaillent eux‑mêmes en tant que policiers
à ceux qui ont peu de contacts directs avec la police).
Quel est le groupe cible ? Cette pratique a principalement été utilisée au début
Décrivez la pratique.
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Formation policière aux droits fondamentaux Durant l’introduction, n’oubliez pas de souligner que ceux
qui ont les contacts les plus fréquents et intenses avec
la police (et qui accordent une importance extrême à ces
contacts) sont les moins écoutés.
2. Préparation :
a) Étudiez l’essai universitaire1 consacré à des
conversations de fond avec des exclus sociaux
et à leurs contacts avec la police, rédigé par
deux officiers de police. Analysez ensemble la
méthodologie employée pour entrer en contact avec
des personnes « d’accès difficile » et les résultats
importants pour l’organisation de la police.
b Examinez les compétences d’écoute fondamentales,
telles que l’écoute active, les techniques permettant
d’établir une relation symétrique durant la
conversation et d’éviter les biais de confirmation. Des
questions destinées à orienter la conversation sont
fournies aux participants.
3. Entretien individuel : le participant choisit un
interlocuteur dont il a une opinion négative.
L’objectif du participant est de découvrir, grâce à cette
conversation, les expériences de son interlocuteur avec la
police. Consacrez un temps suffisant à cette conversation !
4. Rapport écrit : chaque participant rédige un résumé de
la conversation (environ 3 à 5 pages). Ce résumé écrit
est tout d’abord présenté à l’interlocuteur pour obtenir
ses réactions et sa validation. Les opinions et les faits
doivent être décrits précisément. Des modifications
devraient être apportées si nécessaire. Les participants
n’ont pas besoin de révéler leurs réflexions personnelles
à leur interlocuteur. Le rapport complet est ensuite
communiqué aux autres participants.
5. Discussion et commentaires : Les participants sont
répartis en petits groupes de discussion afin d’analyser
en détail chaque entretien et d’échanger leurs
opinions à ce sujet. Le groupe sélectionne un entretien
à présenter à la classe.
6. Équipe de réflexion : Examinez avec toute la classe
les résultats des entretiens grâce à un processus de
réflexion structuré.
Travail en groupe, conversation, discussion, réflexion
Quelle est la
méthodologie employée ?
Existe‑t‑il un lien avec
d’autres sujets ?
• les catégories vulnérables de la société
• la non‑discrimination
1 Wahlström, M. (2008), Se remettre en question. Compilation et analyse d’entretiens menés par des
officiers de police (Se sig själv från andra sidan. En sammanställning och analys av polisers intervjuer
med ”motparter”), Université de Gothenburg (2008). Cet essai analyse 29 comptes rendus d’entretiens
rédigés par des officiers de police, durant un cours sur la tactique policière face à la foule, à l’Académie
de police nationale suédoise. Puisque cet essai n’est disponible qu’en suédois, les formateurs doivent
préparer des exemples de comptes rendus des conversations pour montrer aux stagiaires quel est le
résultat souhaité.
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Annexe 4 : Compilation de pratiquesModule 1Module 2Module 6Module 4Module 3AnnexesModule 5 Cadre général
Nombre de
participants
suggéré
Quel est le profil
souhaité des
formateurs ?
Quel est le cadre
de la formation ?
Quelle est la durée
de l’exercice ?
12 à 24 personnes.
La formation est dispensée en équipe par un officier de police
(interne) et un spécialiste du comportement (externe).
Les participants s’assoient en cercle
• 2+2 heures pour l’introduction/la préparation
• 2 jours pour les conversations et la rédaction de rapports
• 2 heures pour le travail en groupe (6 participants, sans
formateur), afin d’examiner en profondeur les réactions et les
leçons apprises dans le cadre des conversations. Après cette
discussion, le groupe distribue un résumé au reste de la classe.
• 4 heures pour des réflexions complémentaires (la classe
entière et les deux formateurs)
Comment
l’exercice est‑il
lié au contexte
opérationnel ?
L’entretien est destiné à découvrir les perspectives, les pensées
et les sentiments de l’interlocuteur lors de ses contacts avec des
officiers de police dans la vie réelle, y compris dans un contexte
opérationnel.
Quels sont les facteurs innovants de cette pratique ?
Contrairement aux situations de la vie réelle, le participant est ici sur un pied d’égalité
avec son interlocuteur. De nombreux officiers de police expérimentés qui ont mené ces
entretiens se sont initialement sentis anxieux et mal à l’aise face à cette tâche. Durant
la conversation, cette attitude s’est transformée en intérêt. Ce processus aide à réduire
les stéréotypes et à considérer tous les individus comme des êtres humains précieux,
qui doivent être traités avec respect et dignité.
Conduire ces conversations incite les participants à considérer leurs « interlocuteurs »
comme des experts. Ceci les dissuade d’éprouver un sentiment de supériorité et réduit
donc le risque qu’ils abusent ultérieurement de leur pouvoir dans l’exercice de leurs
fonctions. Il est facile, dans cette perspective, de lancer une discussion fructueuse sur le
concept théorique du rôle de la police en tant que protectrice des droits de l’homme.
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Formation policière aux droits fondamentaux