Éduquer au bien-être animal en formation
professionnelle : prise en compte de l’empathie
interspécifique par le système éducatif
Michel Vidal
To cite this version:
Michel Vidal. Éduquer au bien-être animal en formation professionnelle : prise en compte de l’empathie
interspécifique par le système éducatif. Education. Université Toulouse le Mirail – Toulouse II, 2014.
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DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE
THÈSE
En vue de l’obtention du
Délivré par :
Université Toulouse Jean Jaurès
Présentée et soutenue par :
Michel VIDAL
le lundi 08 décembre 2014
Titre :
Éduquer au bienêtre animal dans l’enseignement professionnel : prise en
compte de l’empathie interspécifique par le système éducatif
École doctorale et spécialité :
ED Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, COgnition (CLESCO) : Sciences de l’éducation
Unité de recherche :
UMR Éducation Formation Travail Savoirs (EFTS)
Directrice de Thèse
Madame Laurence Simonneaux, professeure des universités, ENFAToulouse
Rapporteurs
Madame Barbara Bader, professeure, FSELaval
Madame Maryline Coquidé, professeure des universités, STEFENS Cachan
Autres membres du jury
Madame Nathalie Panissal, maître de conférence, HDR, ESPEToulouse
Madame Chantal Pouliot, professeure agrégée, FSELaval
Madame Véronique Servais, professeure, ISHSLiège
École Doctorale CLESCO (Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition)
Unité Mixte de recherche MA 122 EFTS (Éducation, Formation, Travail, Savoirs)
École Nationale de Formation Agronomique, Université Toulouse Jean Jaurès
THESE
Pour l’obtention du grade de Docteur en Sciences de l’Éducation
Éduquer au bien-être animal en formation professionnelle :
Prise en compte de l’empathie interspécifique
par le système éducatif
(photo offerte par Bénédicte Guénard)
Michel VIDAL
08 décembre 2014
Sous la direction de
Madame Laurence SIMONNEAUX
1
Professeure des Universités, École Nationale de Formation Agronomique, Toulouse (France)
Résumé
Les débats scientifico-éthiques relevant du bien-être animal en font une question socialement
vive. Nous interrogeons son enseignement en formation agricole, envisagé au travers d’une
éducation à l’empathie interspécifique.
Nous questionnons les facteurs des éducations formelle, non-formelle et informelle susceptibles
de le défavoriser. Notre recherche se fonde sur les discours de 7 élèves en formation relevant de
l’élevage d’animaux de production ou d’animaux de compagnie, de 5 enseignants et de 108 auteurs de
manuels scolaires du XIXe et XXe siècle.
En début de formation, 6 élèves souhaitent créer une relation affective avec l’animal mais ne
développent pas nécessairement une attitude empathique durant la formation. Les facteurs incriminés
sont (1) le manque de confiance en soi de l’élève et les jugements qu’il subit de ses pairs, de
l’enseignant ou de ses parents, (2) la conformation aux savoirs, pratiques et idéologies des parents,
des professionnels ou de l’enseignant, (3) une conception et une motivation anthropocentrée et
réifiante vis-à-vis de l’animal, (4) la dissociation de la dimension relationnelle et productive de
l’élevage. Ils génèrent des mécanismes de défense préjudiciables à une pensée critique.
Nous préconisons un enseignement professionnel fondé sur une réflexivité critique scientifico-
éthique. Pourtant l’expression des émotions et des valeurs est évitée par les enseignants. Si les
auteurs des manuels scolaires de 1830 à 1900 prennent en compte la question éthique du bien-être de
l’animal avec une posture moraliste zoo- ou anthropocentrée, celle des auteurs contemporains est
plutôt neutre, parfois engagée, voire contradictoire.
Mots-clefs : bien-être animal, question socialement vive, empathie, forme éducative
2
Abstract
Educate animal welfare in vocational training : taking account of interspecies empathy in the
educational system
The scientific and ethical debates within the animal welfare make a socially acute question. We
examine its trainability in agricultural training. We consider it through education interspecies
empathy.
We question the factors of formal, non-formal and informal education likely to disadvantage. Our
research is based on the discourses of 7 students in training in animal production or pets breeding, 5
teachers and 108 textbook writers of the nineteenth and twentieth century.
Beginning of training, 6 students want to create an emotional relationship with the animal, but does
not necessarily develop an empathetic attitude during training. The incriminated factors are (1) lack
of confidence of the student and the judgments he undergoes from his peers, teacher or parent, (2)
conformation to knowledge, practices and ideologies of parents, professional or teacher, (3) a
conception and motivation vis-à-vis the animal anthropocentric and reifying (4) the dissociation of
the relational dimension and productive livestock. They generate defense mechanisms detrimental to
critical
thinking.
We promote professional education based on scientific and ethical critical reflexivity. Yet the
expression of emotions and values is avoided by teachers. Authors of textbooks from 1830 to 1900
took into account the ethical question of the animal welfare with a moralistic posture zoo or
anthropocentric. Contemporary authors are rather neutral, sometimes engaged and even
contradictory.
Key-words : animal welfare, socially acute question, empathy, educational form
3
Remerciements
Voici quatre années d’un travail qui a pesé sur ma relation avec Lio. Sa patience et sa
compréhension m’ont été particulièrement précieuses pour vivre ces moments de réflexion libérés
d’un sentiment de culpabilité. Mais je ne sais que trop les sacrifices que mes recherches ont exigés.
Si l’investissement dans un tel projet fait les accepter plus aisément, le fait de le subir suppose un
grand respect dont je te suis tout particulièrement reconnaissant.
Laurence Simonneaux, dans son rôle de directrice de thèse, m’a permis de conduire ma recherche
en accompagnant ma réflexion tout en me laissant la liberté de définir mes propres centres d’intérêts.
Au travers d’une écoute tout à la fois respectueuse de mes choix, et avec la rigueur scientifique
qu’une démarche de recherche suppose, elle m’a appris ce qu’objectivité veut dire dans le domaine
des sciences humaines, mais aussi ce que veut dire accompagner une personne dans son évolution
personnelle et professionnelle. C’est-à-dire savoir être attentif à ses souhaits sans projeter les siens
propres, savoir lui éviter des écueils, et s’autoriser à des recommandations tout en permettant à la
personne de s’en emparer en fonction de son propre développement.
Thierry Dupeuble, dès son arrivée en tant que nouveau directeur, m’a donné sa confiance et m’a
permis d’aménager ma dernière année de thèse pour la finaliser dans les meilleures conditions au
risque de s’opposer aux décisions de la direction générale de Montpellier Sup Agro. Mes collègues
de travail ont respecté une implication moins forte de ma part dans mon travail quotidien, et ont
suppléé parfois à mes manques, mes oublis avec compréhension et avec le souci de me préserver.
Les échanges approfondis et toujours bienveillants que j’ai pu avoir avec Olivier Morin, Amélie
Lipp, et Nadia Cancian, ont certes nourri ma réflexion, mais m’ont aussi encourager à poursuivre
dans les moments de doute et de fatigue. J’ai été ravi de pouvoir vivre cette thèse en leur compagnie.
Nadine Burdin, Marie Romanens, Patrick Guérin et Marie-Claude Ozanne m’ont permis de
construire une pensée qui était alors naïve lorsque notre groupe de réflexion dans le champ de
l’écopsychologie a été créé. Nos débats, nos échanges de pensée, m’ont conduit à une meilleure
compréhension de ce que pouvait revêtir le vaste champ de la psychologie, et de construire une
vision plus complexe de la relation que l’homme tisse avec la nature.
Mes recherches n’auraient pu être réalisées sans la participation active des enseignants et élèves
que j’ai enquêtés et dont je dois cependant taire le nom.
Barbara Bader, Maryline Coquidé, Nathalie Panissal, Chantal Pouliot et Véronique Servais
m’ont fait l’honneur de faire partie de mon jury et je les en remercie vivement.
4
5
Table des matières
Résumé………………………………………………………………………………………………………………………………..2
Abstract………………………………………………………………………………………………………………………………3
Remerciements……………………………………………………………………………………………………………………..4
Liste des annexes………………………………………………………………………………………………………………..15
INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………………20
CHAPITRE I : Le bien-être animal, une question scientifico-éthique socialement vive ……………..28
1.1. Les tentatives pour définir et évaluer le bien-être animal et les controverses associées………31
1.2. La question du statut de l’animal ………………………………………………………………………………..41
1.2.1. Regards de philosophes sur la question de l’animal-sujet/animal-objet……………………..41
1.2.1.1. L’animal, objet sensible……………………………………………………………………………….41
1.2.1.2. L’animal, objet machine ………………………………………………………………………………43
1.2.1.3. L’animal, sujet pensant, moral et responsable ………………………………………………..43
1.2.1.4. L’animal, objet souffrant ……………………………………………………………………………..44
1.2.2. L’apport des sciences sur la question de l’animal-sujet……………………………………………44
1.2.2.1. Conceptions et controverses sur l’animal-sujet en éthologie……………………………..44
12.2.2. Les sciences zootechniques en faveur d’une conception de l’animal-machine et de
l’animal-finalité………………………………………………………………………………………………………47
1.2.2.3. Ce que nous en disent les sciences humaines …………………………………………………47
1.2.2.3. Postures épistémologiques au regard de l’animal et du sujet …………………………….48
1.2.3. Les éthiques en regard du bien-être animal : leurs controverses……………………………….52
1.2.3.4. L’éthique abolitionniste………………………………………………………………………………..55
1.2.3.2. L’éthique déontologiste………………………………………………………………………………..57
1.2.3.3. L’éthique néo-welfariste……………………………………………………………………………….57
1.2.3.4. De l’éthique utilitariste hédoniste à l’éthique utilitariste welfariste ……………………58
1.2.3.5. L’éthique anthropocentrée welfariste …………………………………………………………….60
1.2.3.6. Critique à l’égard des éthiques fondées sur la valeur intrinsèque de la vie…………..60
1.2.3.7. L’éthique du care ………………………………………………………………………………………..60
1.2.3.8. L’éthique du don et du contre-don ………………………………………………………………..64
1.2.3.9. L’éthique utilitariste naturaliste……………………………………………………………………..66
1.2.3.10. L’inscription du bien-être animal dans le champ des questions socialement vives
…………………………………………………………………………………………………………………………….68
1.3. La prise en compte de la dimension éthique dans les questions socialement vives ……………73
CHAPITRE II : Le concept d’empathie : vers une proposition de modélisation ………………………….78
2.1. L’empathie : un concept nomade polysémique …………………………………………………………….79
2.2. L’empathie chez l’humain conçu comme un système …………………………………………………….82
2.2.1. L’empathie chez l’humain conçu comme une espèce …………………………………………….83
2.2.2. L’empathie chez l’humain conçu comme un être social…………………………………………..83
2.2.3. L’empathie chez l’humain conçu comme un individu …………………………………………….84
2.2.3.1. Ce qu’en dit la psychologie du développement ……………………………………………….84
2.2.3.2. Regards de la psychologie de profondeurs et de la psychologie humaniste sur
l’empathie………………………………………………………………………………………………………………86
2.3. Les spécificités de l’empathie interspécifique……………………………………………………………….87
2.3.1. Une empathie fonction des représentations portées sur le non-humain …………………….87
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