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DOSSIER : LE COACHING DE GESTIONNAIRES Le coaching de …

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  • Titre : Le-Coaching-des-gestionnaires.pdf
  • Submitted by : Anonymous
  • Description : ching de gestionnaires n’apparaît pas comme une méthode appropriée pour agir sur des troubles de la personnalité. En effet, un coach sans formation en psychologie ou en sciences du comportement aura beaucoup de difficulté à faire changer un client présentant des modèles de comportements ou de personnalité dysfonctionnels enracinés.

Transcription

 

DOSSIER : LE COACHING DE GESTIONNAIRES

Le coaching
de gestionnaires
mieux le définir
pour mieux intervenir

Les auteurs

Louis Baron et Lucie Morin

L e coaching de gestionnaires, qu’on appelle aussi «coa-

ching exécutif», «accompagnement de gestionnaires»
ou «accompagnement de dirigeants», vise à fournir
aux cadres les divers instruments nécessaires pour
se développer et pour accroître leur efficacité. Dans
le milieu organisationnel, l’utilisation du coaching auprès de
gestionnaires est en très forte croissance1. Ainsi, le nombre
de coachs professionnels a considérablement augmenté ces
dernières années. Selon le site coachfederation.org consulté
en 2009, l’International Coaching Federation regroupe à elle
seule plus de 15 000 membres dans 90 pays, tandis qu’au
Québec plusieurs organismes accréditeurs voient leur popula­
rité grandir. Cette popularité se reflète également dans le
nombre croissant de livres sur le sujet; le site amazon.com
répertorie 66 volumes publiés sur le coaching en entreprise
dans la seule année 2008! Toutefois, force est de reconnaître
que cet engouement pour cette pratique de gestion repose
sur peu d’appuis empiriques. En effet, très peu de chercheurs
ont étudié l’efficacité ou les retombées du coaching (Lowman,
2005; Baron et Morin, 2010). Enfin, on trouve peu d’ouvrages
visant à soutenir l’élaboration d’un cursus de connaissances
propres au coaching de gestionnaires, connaissances qui per­
mettraient aux organisations de mieux comprendre ce phéno­
mène avant d’y investir du temps et de l’argent.

Se fondant sur une recension de la littérature scientifique
et professionnelle, cet article a pour but de définir le coaching

Louis Baron et Lucie Morin sont professeurs au département d’organisation
et ressources humaines de l’Université du Québec à Montréal,
baron.louis@uqam.ca, morin.lucie@uqam.ca.

Gestion · volume 35 / numéro 1 · Printemps 2010

47

de gestionnaires et de décrire les principaux éléments liés à
son utilisation optimale dans l’organisation. L’article débute
par une définition du coaching et une différenciation de cette
approche par rapport à d’autres approches en vogue telles
que le mentorat. Par la suite, nous traitons des diverses rai­
sons pouvant expliquer l’engouement actuel pour le coaching.
Puis, les six étapes du processus de coaching de gestionnai­
res sont décrites, suivies de la présentation de quatre modè­
les d’intervention guidant cette pratique. Nous voyons ensuite
les principaux contextes dans lesquels on peut recourir au
coaching. Suivent les avantages et les inconvénients du
recours à un coach interne ou à un coach externe ainsi que
les caractéristiques qu’il faut rechercher chez un coach.
Finalement, des conseils sont donnés afin d’optimiser l’effica­
cité du coaching, et ce, dans le respect de considérations
éthiques.

i Qu’est-ce Que Le coaching de gestionnaires?

De nombreuses définitions du coaching de gestionnaires
ont été proposées, principalement dans la littérature non scien­
tifique. La diversité de celles­ci reflète la multitude d’appro­
ches et de modèles d’intervention sous­tendant la pratique
du coaching. De plus, l’expression «coaching exécutif» ren­
voie aux premières utilisations du coaching dans le milieu de

l’organisation, lorsque cette méthode de développement était
réservée aux dirigeants. Toutefois, avec les années, le coa-
ching s’est étendu aux niveaux hiérarchiques inférieurs et il
s’applique maintenant aux gestionnaires de tous les niveaux.
Pour notre part, nous retenons la définition proposée par
Douglas et Morley (2000; p. 40, traduction libre), du Center
for Creative Leadership, puisqu’elle semble la plus opération­
nelle et la plus complète.

«Le coaching de gestionnaires est un processus visant
à fournir aux individus les outils, les connaissances et
les occasions dont ils ont besoin pour se développer et
devenir plus efficaces […]. Il implique l’enseignement
d’habiletés dans un contexte de relation personnalisée
avec l’apprenant, en lui fournissant une rétroaction sur
ses habiletés et relations interpersonnelles […]. Une série
d’activités sur mesure visant les problématiques actuel­
les ou pertinentes vécues par l’individu sont conçues
avec le coach, de façon à aider le premier à maintenir
une attention soutenue et orientée vers l’intégration de
ses forces et la gestion de ses faiblesses […].»

Par ailleurs, étant donné la diversité des utilisations du coa-
ching de gestionnaires dans l’entreprise, celui­ci est fréquem­
ment confondu avec d’autres pratiques, notamment le coaching
managérial (managerial coaching) et le mentorat. Afin de bien
différencier le coaching de gestionnaires de ces pratiques,
celles­ci sont décrites brièvement dans les lignes qui suivent,
tout comme la psychothérapie, qui partage plusieurs caracté­
ristiques avec le coaching de gestionnaires.

Le coaching ManagÉriaL

Les gestionnaires doivent de plus en plus jouer un rôle de
facilitateur de l’apprentissage et de coach auprès de leurs
employés (Ellinger et Bostrom, 1999; McGill et Slocum, 1998).
Le livre Adieu patron! Bonjour coach! de Kinlaw (1997) résume
bien cette philosophie de gestion où les employés sont per­
çus comme des membres d’une équipe qu’il est important de
soutenir et d’encadrer dans leur développement pour l’obten­
tion de promotions. À la différence du coaching de gestion­
naires toutefois, dans le coaching managérial, le gestionnaire,
en raison de sa position d’autorité par rapport à l’employé,
maintient un important contrôle sur celui­ci (Ellinger et Bostrom,
1999). Cela a pour conséquence de restreindre les possibilités
pour l’employé d’aborder certains thèmes jugés plus délicats,
notamment ceux de nature plus personnelle ou concernant le
gestionnaire. Également, les activités de coaching qui ont lieu
régulièrement entre un gestionnaire et son employé ne
constituent pas un processus formel comprenant un début et
une fin qui vise des compétences précises, comme cela est
le cas, en général, pour le coaching de gestionnaires.

Le Mentorat

Traditionnellement, le mentorat a été défini comme une
relation, souvent à l’interne au sein de l’organisation, dans
laquelle un employé plus expérimenté (le mentor) fournit du
soutien à un employé plus jeune (le protégé) dans le dévelop­
pement de sa carrière (Benabou, 1995; Ragins et Kram, 2007).
En particulier, le mentor peut être amené à remplir deux fonc­
tions. Une première fonction est liée à la carrière. Elle implique,

par exemple, de soutenir son protégé, de favoriser son avan­
cement, d’augmenter sa visibilité et de lui offrir une certaine
protection, de façon à l’aider à se préparer à occuper un poste
plus élevé dans l’organisation. Une seconde fonction, psycho­
sociale celle­là, peut se traduire par une amitié et viser à favo­
riser la croissance personnelle et professionnelle du protégé,
son identité de même que le sentiment de sa propre valeur.
Ainsi, alors que le coaching de gestionnaires est une relation
plus formelle, centrée sur la tâche et recherchant avant tout
une amélioration de l’efficacité de l’individu, le mentorat est
axé sur les transitions organisationnelles et professionnelles
et aborde la vie du protégé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de
l’organisation (Sketch, 2001).

La psychothÉrapie

Plusieurs auteurs ont souligné le grand nombre de similitu­
des existant entre le coaching de gestionnaires et la psycho­
thérapie, et ce, autant sur le plan de la structure du processus
que sur celui du contact humain2. En bref, les démarches de
thérapie et de coaching de gestionnaires visent toutes deux
à aider les individus à comprendre comment leurs réactions
cognitives et émotionnelles interfèrent avec leur efficacité per­
sonnelle (Hodgetts, 2002). Cependant, le vrai coaching de ges­
tionnaires n’est pas un exercice de psychothérapie. Tout d’abord,
l’objectif poursuivi par le coaching est d’améliorer l’efficacité
personnelle de l’accompagné (ou «personne accompagnée»
ou «coaché») au travail, de façon cohérente par rapport aux
stratégies d’affaires de l’organisation, tandis que la psychothé­
rapie aborde le fonctionnement de l’individu dans plusieurs
sphères de sa vie. De plus, en ciblant l’acquisition de compé­
tences professionnelles, le coaching est beaucoup plus ratta­
ché au contexte de travail qu’une démarche de psychothérapie
(Gray, 2006). Ensuite, le coaching de gestionnaires se concen­
tre davantage sur le présent et l’avenir que la thérapie, qui
tend à mettre davantage l’accent sur le passé et le présent.
Ainsi, le coaching est également plus directif et plus orienté
vers l’action que plusieurs formes de thérapie (Levinson, 1996).
De même, l’information servant à l’évaluation de la personne
qui consulte peut provenir de sources diverses pour le coa-
ching (par exemple, une autoévaluation, les pairs ou le supé­
rieur), ou uniquement du client en thérapie (Peltier, 2001). Le
coaching est généralement une activité de développement
soutenue par l’organisation, où cette dernière est considérée
comme le client­payeur, ce qui crée automatiquement un lien
de responsabilité entre le coach et l’organisation (Kilburg, 2002).
Il devient alors une triade dans laquelle le coach tient au cou­
rant l’employeur de la progression de l’employé. Une entente
claire entre les trois parties sur la nature de ce qui sera révélé
doit toutefois être établie au début du processus, l’informa­
tion à caractère personnel sur l’accompagné devant rester
confidentielle pour des raisons éthiques. Malgré la présence
d’une telle entente, cette caractéristique peut amener les
clients à moins se dévoiler (Barner et Higgins, 2007). La psy­
chothérapie repose en général sur une entente entre le client
et son thérapeute.

Enfin, une distinction notable entre le coaching et la psy­
chothérapie est, selon plusieurs, le niveau de profondeur
auquel sont amenés les enjeux personnels qui sont traités
(Kilburg, 2000; Peltier, 2001). À cet effet, Ting et Hart (2004)
reconnaissent trois niveaux de profondeur du travail effectué

48

Gestion · volume 35 / numéro 1 · Printemps 2010

dans une relation. Le premier niveau comportemental consiste
à tenter de répondre à la question «Comment pourrais­je agir
différemment pour atteindre les résultats désirés?». Certains
auteurs (Wasylyshyn, 2001; Berglas, 2002) indiquent que beau­
coup de coachs tendent à s’appuyer uniquement sur des solu­
tions comportementales qui ne répondent qu’aux symptômes,
sans s’attarder aux causes sous­jacentes. En effet, des forces
internes sous­jacentes aux comportements interfèrent sou­
vent avec ces changements de comportements. L’exploration
de ces forces constitue le deuxième niveau de profondeur.
Les cognitions et les émotions qui surgissent avant et pen­
dant l’adoption des comportements y sont abordées. La sen­
sibilité de l’accompagné à reconnaître ce qui se passe en lui
(insight) et à le mettre en relation avec son expérience est
alors déterminante, comme dans tout processus de transfor­
mation basé sur la conscience de soi. Le niveau des causes
fondamentales (root causes) constitue le troisième niveau de
profondeur. Il vise l’exploration des croyances, des réactions
et des événements passés pouvant expliquer ces schèmes
cognitifs et émotionnels de résistance au changement. Travailler
à ce niveau implique une plus longue démarche introspective
qui s’apparente davantage à la psychothérapie. Ainsi, le coa-
ching de gestionnaires n’apparaît pas comme une méthode
appropriée pour agir sur des troubles de la personnalité. En
effet, un coach sans formation en psychologie ou en sciences
du comportement aura beaucoup de difficulté à faire changer
un client présentant des modèles de comportements ou de
personnalité dysfonctionnels enracinés. De plus, l’absence de
formation sur la dynamique de la psychothérapie peut conduire
certains coachs à abuser de l’emprise qu’ils en viennent à
exercer sur leurs clients, n’étant pas conscients du pouvoir
qu’ils ont acquis sur eux (Berglas, 2002). C’est pour ces rai­
sons que plusieurs auteurs soulignent l’importance de ne pas
faire du coaching une démarche thérapeutique3. Ainsi, une
enquête menée récemment révèle que bien qu’on demande
très rarement aux coachs de travailler sur des enjeux person­
nels, ils ont fréquemment à le faire dans le cadre de leurs
interventions auprès des accompagnés (Coutu et Kauffman,
2009). Il devient alors important pour un coach de bien distin­
guer une démarche de coaching de gestionnaires d’une
démarche de psychothérapie, pour s’assurer d’intervenir à un
niveau approprié.

i pourQuoi cet engoueMent pour

Le coaching de gestionnaires?

Les raisons invoquées dans la littérature pour expliquer
l’engouement actuel pour le coaching de gestionnaires sont
multiples. Il s’agit de l’exigence de compétences plus variées,
des besoins en matière de gestion de la relève et de la suc­
cession, du besoin qu’éprouvent les gestionnaires d’obtenir
une rétroaction sur leurs comportements et leur façon d’être,
de la facilitation du transfert des apprentissages et du besoin
de combler les limites du processus de gestion de la perfor­
mance des cadres.

L’exigence de coMpÉtences reLationneLLes
et interpersonneLLes

La quantité de changements vécus dans les organisations
et la vitesse à laquelle ces changements surviennent se tra­

duisent par une évolution des profils de compétences des
gestionnaires, qui met l’accent davantage sur le développe­
ment d’habiletés relationnelles et interpersonnelles (soft
skills) (Zeus et Skiffington, 2001). Étant donné leur caractère
non technique, il est plus difficile d’acquérir ces habiletés au
moyen d’activités traditionnelles de formation. De plus, on vise
aussi l’apprentissage de méta­compétences où le gestionnaire
«apprend à apprendre» afin de mieux s’adapter à un environ­
nement qui change constamment (Raelin, 2000, cité dans Gray,
2006). Ces méta­compétences s’acquièrent plus aisément
dans l’action et la réflexion que dans une salle de cours.

Les Besoins en Matière de gestion de La reLève
ou de La succession

Il apparaît que la pénurie de la main­d’œuvre prévue en
Occident pour les premières décennies du XXIe siècle impli­
que une gestion de la relève (Grenier, 2003). Parmi les divers
postes à combler, celui de gestionnaire représente un défi de
taille. En effet, l’acquisition des compétences nécessaires pour
occuper des fonctions de gestion, telles que le leadership, la
prise de décision, la vision stratégique ou la gestion de soi,
demande un temps considérable. L’utilisation du coaching
permet d’accélérer la progression des gestionnaires dans les
échelons de l’organisation.

Le Besoin de rÉtroaction des gestionnaires

L’isolement du gestionnaire constitue une raison souvent
citée pour expliquer l’engouement pour le coaching de ges­
tionnaires. En effet, il semble que plus les gestionnaires mon­
tent dans les échelons d’une organisation, moins ils reçoivent
de rétroaction de la part des autres sur leurs comportements
et attitudes (Hall et al., 1999). En conséquence, nombreux
sont ceux qui en viennent à entretenir une perception erronée
de leurs propres forces, faiblesses et habiletés. Le coaching
de gestionnaires permet une rétroaction de qualité et un
espace de réflexion et de discussion susceptibles d’améliorer
la prise d’initiatives.

La faciLitation du transfert des apprentissages

On utilise de plus en plus le coaching pour pallier l’incapa­
cité des formations traditionnelles à susciter de véritables
apprentissages et un transfert de ceux­ci dans l’emploi. En
bref, il apparaît que seulement 10 % à 15 % de la matière
enseignée durant une formation est transféré par la suite
dans l’emploi (Holton et Baldwin, 2003). De plus, certaines
caractéristiques des compétences à acquérir, comme leur
complexité et leur caractère interpersonnel, rendent difficile
leur enseignement dans le contexte d’une formation tradition­
nelle. Conger (1992) affirme sur ce point que la plupart des
programmes de développement du leadership ont un effet
limité allant de quelques jours à quelques semaines après la
fin du programme. Trop peu des gestionnaires acquièrent des
mécanismes de transfert appropriés leur permettant d’utiliser
leurs nouvelles habiletés une fois de retour au travail. Plu­
sieurs caractéristiques du coaching de gestionnaires, notam­
ment l’accent mis sur des enjeux individuels provenant du
contexte de travail spécifique de l’accompagné, suggèrent
que le problème du transfert des apprentissages est mini­
misé lorsqu’une organisation opte pour le coaching (Jones
et al., 2006).

Gestion · volume 35 / numéro 1 · Printemps 2010

49

un reMède aux LiMites des processus
de gestion de La perforMance

Certains auteurs estiment que le coaching de gestionnai­
res permet d’éviter les écueils des processus sophistiqués
d’évaluation de la performance comme l’évaluation multi­
source (Goodstone et Diamante, 1998; Luthans et Peterson,
2003). De plus en plus utilisés pour favoriser l’acquisition des
compétences des gestionnaires et aligner leur style de gestion
sur les demandes de l’environnement (Atwater et al., 2002),
ces processus reposent sur la prémisse que l’information
fournie au gestionnaire le mènera à modifier son comportement.
Or, bien que les résultats de certaines études indiquent un
impact positif des évaluations multisources sur la conscience
de soi des personnes évaluées (McCarthy et Garavan, 1999;
Rosti et Schipper, 1998), rien ne permet de conclure à leur
capacité de provoquer de véritables changements comporte­
mentaux. Même si la conscience de soi permet de donner un
sens aux expériences passées, elle ne transforme pas néces­
sairement les nouvelles connaissances en des intentions
comportementales futures (Conger, 1992; Bandura, 2001).

En offrant du coaching aux personnes évaluées, on augmente
la possibilité de provoquer des retombées comportementales
durables (DeNisi et Griffin, 2001; Goodstone et Diamante, 1998).
À ce sujet, la littérature scientifique indique qu’un facteur cri­
tique influant sur le transfert des apprentissages est la pos­
sibilité pour le gestionnaire de donner et de recevoir une
rétroaction constructive sur les efforts qu’il déploie pour
appliquer ses nouvelles habiletés (Goldstein et Ford, 2002;
Wexley et Latham, 2002).

i Les Étapes du processus de coaching

de gestionnaires

Plusieurs auteurs ont traité des étapes du processus de
coaching de gestionnaires4. Deux recensions de la littérature
sur le sujet (Kampa­Kokesch et Anderson, 2001; Smither et

Reilly, 2001) ont fait ressortir les grandes étapes de ce pro­
cessus : l’établissement d’une relation de confiance entre
coach et accompagné, l’évaluation de celui­ci et de son milieu
de travail, la communication du résultat de l’évaluation à
l’accompagné, l’établissement d’un plan de développement,
la mise en œuvre des compétences à acquérir et l’évaluation
du progrès réalisé (schéma 1).

Notons que ces six étapes constituent le volet personnel
de la démarche. Une étape précédant le coaching, sur le plan
organisationnel, est généralement réalisée pour dénicher et
embaucher le coach, définir les objectifs de l’exercice de coa-
ching et apparier le coach et l’accompagné. Ce dernier aspect
s’avère crucial, étant donné l’importance que revêt la qualité
de la relation de travail entre le coach et l’accompagné pour
l’atteinte des objectifs (Baron et Morin, 2009). À cet effet,
une première séance peut permettre d’évaluer si l’accompa­
gné se sent à l’aise face à l’approche préconisée par le coach.

La première étape, soit l’établissement d’une relation de
confiance entre le coach et l’accompagné, est capitale
(Goodstone et Diamante, 1998), car elle permet à ce dernier
de sonder la crédibilité professionnelle et relationnelle du coach.
Une méfiance envers le coach diminuera l’efficacité du pro­
cessus. La deuxième étape, l’évaluation de l’accompagné et
de son milieu de travail, au moyen de méthodes comme l’éva­
luation multisource, l’évaluation du potentiel et l’autoévaluation,
permet de déterminer les forces et les limites de l’accompa­
gné au regard de différentes compétences clés pour son poste
actuel ou futur. La troisième étape, la communication du
résultat de l’évaluation à l’accompagné, permet à ce dernier
de s’approprier le processus et de travailler sur les résistan­
ces et les défenses que l’évaluation a provoquées (Kampa­
Kokesch et Anderson, 2001). Après l’acceptation du profil qui
a été dressé lors de l’évaluation, on passe à la quatrième étape,
soit l’établissement d’un plan de développement et la déter­
mination d’objectifs à atteindre. La participation active de l’ac­
compagné dans l’établissement de son plan de développement

1

a
m
é
h
c
s

Les étapes du processus de coaching de gestionnaires

1

2

3

4

5

6

Établissement
d’une relation
de confiance
entre coach et
accompagné

Évaluation de
l’accompagné
et de son milieu
de travail

Communication
du résultat de
l’évaluation à
l’accompagné

Établissement
d’un plan de
développement

Mise en
œuvre des
compétences
à acquérir

Évaluation
du progrès
réalisé

Préparation

Action

Clôture

50

Gestion · volume 35 / numéro 1 · Printemps 2010

est une façon de s’assurer de son engagement face à celui­ci.
La cinquième étape, qui est au centre du processus de coa-
ching, consiste dans la mise en œuvre des compétences à
acquérir ou à améliorer. L’accompagné essaie alors d’appli­
quer les comportements ou les attitudes ciblés, et il rencontre
son coach régulièrement pour discuter avec lui des obstacles
qu’il rencontre et des succès qu’il obtient. C’est à cette étape
que l’accompagné développe un sentiment de contrôle cogni­
tif et de maîtrise comportementale vis­à­vis des problèmes
auxquels il fait face dans son travail (Smither et Reilly, 2001).
Pour conclure le processus de coaching de gestionnaires, le
coach et l’accompagné doivent évaluer le progrès réalisé en
fonction des objectifs ciblés.

Les résultats d’une enquête effectuée récemment mon­
trent qu’habituellement le processus de coaching de gestion­
naires dure de quelques mois à plus d’une année (Coutu et
Kauffman, 2009). Par ailleurs, il est important de noter que
l’ordre des étapes peut différer selon les contextes d’utilisa­
tion que nous verrons plus loin, notamment dans des pro­
grammes de développement de la relève, où, par exemple,
l’évaluation de la personne constitue souvent la première étape
et détermine si le candidat présente suffisamment de potentiel
pour participer à une telle démarche.

i Les ModèLes d’intervention

La façon de concevoir une démarche de coaching de ges­
tionnaires peut varier grandement. En effet, les résultats visés
par ce processus peuvent prendre diverses formes, l’effica­
cité ne se résumant pas simplement à «produire plus». Ainsi,
un gestionnaire démesurément perfectionniste et donc très
exigeant envers son équipe peut être encouragé à réduire ses
attentes envers lui­même et ses employés afin de favoriser
un meilleur équilibre personnel et organisationnel et ainsi éviter
des conséquences potentiellement destructrices pour l’orga­
nisation et ses membres (épuisement professionnel, effrite­
ment du climat organisationnel, taux de roulement élevé, etc.).
Barner et Higgins (2007) ont proposé une catégorisation des
modèles guidant la pratique du coaching. Bien que la plupart
des coachs se disent éclectiques dans les méthodes qu’ils
emploient, ces auteurs croient que leur pratique est guidée,
consciemment ou non, par un des quatre cadres d’interven­
tion : les modèles clinique, comportemental, systémique ou
socioconstructiviste. Comme l’indique le tableau 1, les quatre
modèles d’intervention qui peuvent guider les pratiques de
coaching se distinguent sur le plan de caractéristiques parti­
culières par rapport à la cible du changement, à l’objectif visé
par le coaching, aux rôles du coach, à l’objet à analyser et aux
méthodes d’évaluation utilisées.

Mentionnons qu’un coach qui est incapable d’expliquer son
cadre d’intervention à ses clients risque fort d’entreprendre la
démarche de coaching sur des bases fragiles. En effet, les
accompagnés analysent les premières rencontres à la lumière
de leur propre cadre de référence sur la manière dont la
démarche devrait se dérouler. Ainsi, si, en plus de ne pas se
dérouler comme l’accompagné l’anticipait, le cadre d’inter­
vention du coach n’a pas été présenté de façon claire au début
de la démarche, un climat de méfiance peut alors de se créer
(Barner et Higgins, 2007).

Enfin, chaque exercice de coaching est unique. La diver­
sité des styles personnels de l’accompagné et du coach, leur
aisance respective à explorer des thèmes plus personnels
ainsi que les compétences et l’expérience du coach peuvent
avoir un impact sur les éléments qui seront abordés durant la
démarche de coaching. Par moments, certains coachs peu­
vent adopter une approche plus clinique, et traiter les enjeux
personnels à un autre niveau de profondeur. Ainsi, la dyade
pourrait procéder à une exploration des forces internes de
nature cognitive ou émotive qui interfèrent avec les change­
ments comportementaux visés. Il est toutefois peu probable,
dans le présent contexte, que les dyades s’aventurent dans
l’exploration complexe des croyances, des réactions et des
événements passés pouvant expliquer ces schèmes cognitifs
et émotionnels de résistance au changement. Travailler à ce
niveau exige une expertise clinique propre aux psychologues
et ne paraît pas approprié dans le cadre d’un processus de
coaching, et ce, quel qu’il soit (Ting et Hart, 2004).

i dans QueLs contextes

recourir au coaching?

Peltier (2001) décrit quatre contextes dans lesquels le coa-
ching de gestionnaires, employé seul ou comme complément
à une formation plus traditionnelle, s’avère pertinent : au
cours de changements organisationnels, pendant les transi­
tions professionnelles, pour une amélioration continue ou
lorsque la performance est déficiente. Les caractéristiques du
coaching offert dans ces divers contextes sont présentées
dans le tableau 2. En résumé, dans les trois premiers contex­
tes, le coaching est utilisé à des fins de développement, alors
que dans le quatrième contexte, c’est plutôt un objectif cor­
rectif qui est poursuivi. De plus, le coaching peut constituer
un exercice organisationnel ciblant l’ensemble des gestion­
naires (comme dans le cas d’un changement majeur) ou une
personne en particulier. Enfin, selon la situation, la durée de
l’intervention variera : il est fort probable que le coaching dans
le contexte d’un changement organisationnel durera plus long­
temps que le coaching dans le contexte d’une performance
déficiente.

Au regard des trois contextes ciblant la personne, l’enquête
de Coutu et Kauffman (2009) révèle que 19 % des interven­
tions des coachs sondés visaient la facilitation de transitions
individuelles, 28 % le développement d’individus ayant un
potentiel élevé et 12 % la rectification de comportements jugés
dysfonctionnels. Ces résultats indiquent que les raisons pour
lesquelles les entreprises recourent au coaching ont changé
avec les années. Ainsi, auparavant, le coaching était surtout
utilisé pour résoudre des problèmes de comportements chez
des gestionnaires à qui l’on donnait «une dernière chance»,
alors qu’on l’utilise désormais principalement à des fins de
développement.

i faire appeL à un coach interne

ou à un coach externe?

Le coach peut être issu de l’organisation où travaille l’ac­
compagné tout comme il peut venir de l’extérieur et offrir ses

Gestion · volume 35 / numéro 1 · Printemps 2010

51

1

u
a
e
l
b
a
t

caractÉ-
ristiQues

cible du
changement

caractéristiques des quatre modèles d’intervention guidant la pratique du coaching de gestionnaires

ModèLe cLiniQue

ModèLe systÉMiQue

ModèLe
coMporteMentaL

La conscience de soi;
ce changement s’étend
souvent au milieu de
travail et à la sphère
personnelle

Les comportements et
les cognitions qui guident
l’action; le changement
est plus probable lorsque
des sphères précises sont
visées

Les interactions entre
le client, les personnes
avec qui il interagit et le
système organisationnel;
également les contraintes
et les sources de soutien

But du coaching

aider le client
à…

… changer sa percep tion
de lui-même et certains
aspects de sa person-
nalité

… changer certaines
facettes problématiques
de son comportement

… aligner son approche
et ses objectifs personnels
sur ceux de l’organisation

rôles du coach

Conseiller et thérapeute

Modeleur systémique

Formateur et accompa-
gnateur

objet de
l’analyse

La structure sous-jacente
de la personnalité du
client

Les comportements
inefficaces récurrents

Les modèles de compor-
tements et les boucles de
renforcement inefficaces

Méthodes
d’évaluation

Entrevues, tests
psychométriques

Entrevues, évaluation
de la performance, outil
multisource et auto-
évaluation

Entrevues, outil multisource,
graphiques organisationnels,
rapports sur d’autres leaders

auteurs

Berglas (2002)

Kilburg (2000)

de Haan (2008)

Goldsmith (2006)

Hall et al. (1999)

Styhre (2008)

Hargrove (1995)

Skiffington et Zeus (2003)

Argyris (1993)

ModèLe socio-
constructiviste

La façon dont le client
se raconte et raconte
les autres

… comprendre la façon
dont les autres et
lui-même vivent leur
rôle comme participants
organisationnels

Ethnographe et analyste
de contenu

L’histoire du client

Entrevues, matériel
narratif du client et
des acteurs clés
gravitant autour de
celui-ci

Laske (1999)

Kegan et Lahey (2001)

services à différentes organisations. Wasylyshyn (2003) et de
Haan (2008) abordent les principaux avantages et désavanta­
ges liés au recours à un coach interne ou à un coach externe.

En ce qui concerne le coach interne, il connaît mieux, en
général, l’environnement de travail de l’accompagné, son
contexte politique et son histoire, ce qui peut lui conférer une
plus grande crédibilité aux yeux de certains accompagnés. En
outre, il est habituellement plus accessible que le coach
externe, étant donné qu’il est présent physiquement dans
l’organisation.

Quant au coach externe, il aborde le coaching dans une
perspective extérieure et non biaisée, ce qui le rend plus
objectif ou moins susceptible de juger ou d’évaluer les com­
portements et les attitudes de l’accompagné. En conséquence,
il obtient plus facilement la confiance d’un accompagné relati­

vement, entre autres, à la confidentialité des informations
personnelles dévoilées pendant les séances. En effet, lors­
que le coach ne vient pas de l’entreprise, l’accompagné peut
se permettre d’aborder la «face cachée» de certaines situa­
tions, notamment des aspects de lui­même ou des opinions
sur son environnement de travail qu’il pourrait plus difficile­
ment révéler à un membre de l’organisation. Le coach externe
amène aussi avec lui une expertise qu’il a acquise dans les
multiples situations et contextes qu’il a rencontrés dans diver­
ses organisations. Son expertise en coaching est donc plus
diversifiée. Enfin, le taux horaire du coach externe est ordinai­
rement plus élevé que celui du coach interne. Les résultats de
l’enquête menée par Coutu et Kauffman (2009) montrent
que, en moyenne, une organisation doit s’attendre à débourser
500 dollars américains pour une heure de coaching, les taux
recensés dans l’enquête variant de 200 à 3 500 dollars l’heure!

52

Gestion · volume 35 / numéro 1 · Printemps 2010

2

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