CHAPITRE I
APPROCHE CONCEPTUELLE DE LA
FORMATION CONTINUE
Notre objet de recherche portant sur la formation continue, nous allons explorer ce concept. Il
s’agira de le définir, d’étudier ses visées et de déterminer ses dimensions clefs.
11 : ETUDE HISTORIQUE DU DEVELOPPEMENT DE LA FORMATION CONTINUE
Nous ne distinguerons pas ici les différents modèles et notre champ de recherche
portera sur la formation des adultes en général. La classification des activités de formation est
apparue tardivement dans notre société, et nous repérons son origine dans la dynamique de
“l’éducation populaire” après la Révolution Française, même si nous sommes bien loin de son
application. Le souci de ce mouvement sera d’équiper des populations plus ou moins illettrées. Il
s’agira de mettre fin à la condition du peuple soumis à une “privation culturelle” puisqu’il n’avait
pas accès à la culture, à l’information et au savoir, pour jouer pleinement son rôle de citoyen actif.
Ainsi, dans cette perspective de participation à la vie démocratique, le savoir-lire, le savoir-écrire,
le savoir-dire et le savoir-débattre étaient essentiels à acquérir. Indiquons quelques dates qui
jalonnent l’émergence de cette activité :
— Le rapport CONDORCET de 1792, appelé “La seconde instruction”, sera l’une
des premières illustrations de ce changement de cap. Nous devons ce rapport au Marquis Marie-
Jean de CONDORCET, issu d’une famille de vieille noblesse. Il était en avance sur son époque sur
un certain nombre de sujets. Par exemple, il était pour la défense des athées, l’abolition de
l’esclavage, contre la peine de mort et pour le droit des femmes avec le suffrage universel pour
elles. Le rapport, qu’il rédigea, restera fondateur de l’éducation populaire. C’est un “testament
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révolutionnaire” en matière éducative. Il vise à l’éducation universelle permanente et à
l’enseignement des “vérités”. Pour lui, la vérité repose non pas sur la croyance mais sur la
connaissance. Il prône une éducation indépendante de toute activité politique (non soumise aux
censures). L’éducation est valorisée comme outil de morale, de bien-être, de formation. C’est une
éducation émancipatrice pour tous qui est proposée, destinée aux hommes et femmes. Cependant,
ce rapport aura surtout une répercussion au niveau de l’idée. En effet, le développement de la
formation pour adultes restera très réduit à cette époque. Toutefois, il y aura l’apparition de petites
initiatives avec, notamment, l’organisation de conférences hebdomadaires par les instituteurs, qui
seront les premiers formateurs d’adultes.
— En 1831, Auguste COMTE et PERDONNET fondent l’association polytechnique
dont l’objet est d’enseigner gratuitement les sciences appliquées aux jeunes gens de la classe
industrielle à l’issue de leur journée de travail. Mais il faudra attendre le 28 juin 1833. avec la loi
GUIZOT et l’arrêt du 22 mars 1836 qui réglementeront l’ouverture et l’enseignement de classes
d’adultes. En 1840, 3403 classes sont créées, mais elles sont fréquentées la plupart du temps par les
employés, commis et artisans, ayant déjà un certain niveau de base et des conditions de travail
permettant une disponibilité. Or, cela n’était pas le cas pour la masse ouvrière. Ainsi, cette action ne
modifiera pas les inégalités socio-culturelles entre les individus. En 1898, des Universités
Populaires sont ouvertes, mais elles ne survivront pas après la première guerre mondiale. Elles
étaient destinées à donner un enseignement supérieur à des adultes de milieu modeste, qui avaient
été scolarisés. mais insuffisamment. Malgré l’extension de ces universités (elles auraient réuni
jusqu’à 50000 élèves), il semble que cette initiative n’a pas été une réussite. En effet, les adultes ne
trouvaient pas une juste adéquation entre leurs préoccupations, leurs besoins d’éducation et les
savoirs qui leur étaient dispensés. Puis, la guerre favorisa l’arrêt qui était déjà bien avancé. En 1900,
cette action a coïncidé avec la limite du travail hebdomadaire pour tous les salariés de l’industrie :
une limite fixée à 60 heures.
— En 1919, la loi ASTIER sur la formation et le perfectionnement professionnel
développe le courant de la promotion sociale. Gaston BACHELARD parle, dès 1938, de la “culture
continuée ou l’école permanente”.