Cas d’innovation sociale
Avril 2011
C a s d ’ i n n o v a t i o n s oCi a l e
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4.
les centres collégiaux de transfert de technologie en pratiques sociales novatrices
nadine arbour (eCoBes) et thomas Gulian (iRiPi)
le Consortium de recherche partenariale en économie sociale
Jean-Marc Fontan (aRUC-És & RQRP-És)
le programme Actions concertées du FQrSC
nathalie Roy (FQRsC) et Marie-thérèse duquette (FQRsC)
le dépanneur Sylvestre, une coopérative de solidarité multifonctionnelle
dans l’Outaouais
Martin Robitaille (aRUC-isdC)
5. Projet École éloignée en réseau
Josée Beaudoin (CeFRio) et Chantale Mailhot (HeC Montréal)
6. Au-delà des étiquettes : de la recherche au théâtre-forum
Christopher Mcall (CReMis) et luc Gaudet (Mise au jeu)
7.
la mobilisation des connaissances au Groupe de recherche Médias et santé
lise Renaud, Jérôme elissalde, Judith Gaudet et sylvie louise desrochers (GRMs)
8. Démarche de prévention du décrochage scolaire
Hélène Rioux (CtReQ)
9. Diagnostic et mise en œuvre d’un plan d’action visant à contrer le décrochage
scolaire à l’école le Mistral de Mont-Joli
Jean Bernatchez (UQaR)
10. DiAlOG – le réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones 52
12. De l’émergence à son institutionnalisation – le cas du Carrefour jeunesse emploi
Carole lévesque (dialoG)
11.
institut du nouveau monde
Michel venne (inM)
de l’Outaouais
Martine Morissette (CJeo)
13. le projet Odyssée
Geneviève issalys (aQCPe)
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14. le Technopôle Angus : revitalisation inclusive d’une friche industrielle – CriSES
Juan-luis Klein, directeur (CRises)
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1. lES CEnTrES COllÉGiAux
DE TrAnSFErT DE TEChnOlOGiE
En PrATiQuES SOCiAlES nOvATriCES
> nadine arbour, directrice – ÉCoBes
> thomas Gulian, Chercheur – iRiPi
Les Centres collégiaux de transfert de technologie en pratiques sociales
novatrices (CCTT-PSN) sont nés en 2009 à la suite d’un appel à propositions
du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Au nombre de trois
en 2009, ils sont six, depuis peu. Ils relèvent des Collèges. Les CCTT-PSN
fonctionnent comme des agents de transfert et de valorisation
de la recherche et des lieux de recherche appliquée visant la satisfaction
des besoins des milieux utilisateurs. Ils visent ultimement le
développement social.
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1. Contexte
le cas des CCtt-Psn est abordé sous l’angle de deux exemples : celui du groupe d’Étude des Conditions de vie et
des Besoins de la population (ÉCoBes) et de l’institut de recherche sur l’intégration professionnelle des immigrants
(iRiPi) en dégageant les éléments communs et particuliers à ces institutions.
Globalement, l’innovation est le résultat de plusieurs conditions initiales et de l’implication de plusieurs acteurs.
en premier lieu, les CCtt-Psn s’appuient sur l’expérience des CCtt en innovation technologique. Ces derniers,
actifs dans le réseau des Cégeps depuis 1983, offrent des services de R&d aux entreprises québécoises dans
les secteurs névralgiques de l’industrie afin de soutenir le développement économique du Québec. en 2005, le
Mels a confié à ÉCoBes (n’étant pas encore reconnu comme un CCtt-Psn), à titre de projet-pilote, le mandat
d’identifier les marqueurs de transfert en innovation sociale. Cet exercice a permis de reconnaître l’apport essentiel
des pratiques sociales novatrices, et l’identification de plusieurs domaines jugés essentiels pour le développement
social du Québec. le Gouvernement du Québec a autorisé, par la suite, les Collèges à présenter des demandes de
reconnaissance de CCtt-Psn dans ces domaines prioritaires.
ÉCOBES
la reconnaissance d’ÉCoBes à titre de CCtt-Psn en innovation socio-organisationnelle en santé et en éducation
émane d’un ensemble de conditions concourant à la réussite de la mission du centre. Plusieurs éléments de contexte
tels le soutien aux organisations scolaires pour des indicateurs de performance scolaire, la promotion de la santé
et des saines habitudes de vie, les besoins de formation de la main-d’œuvre et du développement économique
régional, la mobilisation intersectorielle et interordres des acteurs au regard de la persévérance scolaire, le cumul
études-emploi chez les étudiants, les préoccupations accrues en santé et en sécurité du travail chez les jeunes, le
démarrage d’une Chaire conjointe UQaC–Cégep de Jonquière (visaJ), le développement des services en génomique
communautaire constituent autant de conditions gagnantes. de plus, ÉCoBes possède déjà une longue expérience
de recherche interdisciplinaire axée sur les besoins des milieux utilisateurs.
iriPi
le développement de l’iRiPi au Collège de Maisonneuve, quant à lui, repose sur plusieurs conditions initiales et
acteurs. en premier lieu, son développement est inséparable de l’histoire du service de coopération internationale.
actif depuis 20 ans, ce service a constitué l’une des conditions qui a permis l’émergence de la préoccupation des
relations interculturelles au Collège. ensuite, la diversification de la population étudiante du Collège, et notamment
dans ses instituts et programmes de formation continue, a conduit à la mise sur pied en 2007 d’un projet intitulé
« vers des passerelles interculturelles » visant à construire des relations interculturelles harmonieuses au Collège
et à favoriser l’intégration professionnelle des immigrants au marché du travail. Plusieurs autres acteurs et
initiatives (service de reconnaissance des acquis, cours de francisation par exemple) ont également contribué à
la naissance de l’iRiPi. la naissance de l’iRiPi est toutefois indissociable du défi actuel que rencontre le Québec à
intégrer professionnellement les immigrants qui choisissent de s’y établir.
2. vision
la vision commune qui sous-tend la création des CCtt-Psn repose sur trois éléments. le premier est la
reconnaissance du rôle de l’innovation sociale pour le développement social au Québec. le second est la place
nécessaire de la recherche appliquée dans l’innovation sociale. dans cette optique, la recherche est considérée comme
devant être au service des besoins des communautés et les impliquer. les Cégeps représentent des institutions
adaptées à ce projet en raison de leur capacité de recherche mais aussi de leur lien avec les communautés et les
acteurs du marché du travail (qui s’explique par des formations et programmes techniques incluant des stages).
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enfin, le troisième élément est le développement de la recherche dans les Cégeps. À ce titre, les activités des CCtt-
Psn doivent avoir des retombées sur la formation et l’enseignement pouvant prendre des formes diverses.
3. Déroulement de l’expérimentation
ÉCOBES
depuis 1982, les travaux d’ÉCoBes portent sur deux domaines interreliés, l’un en éducation, l’autre en santé.
le groupe réalise des projets de recherche appliquée en collaboration étroite avec les milieux et offre du soutien
technique et de la formation. il détient donc une expertise exceptionnelle en transfert des connaissances dans ses
domaines d’activités. dans une démarche de collaboration et de dialogue entre diverses disciplines des sciences
sociales, ÉCoBes a accueilli depuis sa création un nombre important de chercheurs dans une multitude de
domaines. l’histoire démontre que cette démarche a permis de développer des modèles interdisciplinaires de
recherche et d’intervention particulièrement pertinents pour l’analyse de problématiques sociales variées.
s’il est un élément qui caractérise l’ensemble des activités d’ÉCoBes depuis sa création et qui en fait la renommée,
c’est bien la préoccupation de répondre aux besoins des communautés et de transférer les résultats des travaux de
recherche vers les milieux de pratique et d’intervention. les résultats des travaux réalisés par ÉCoBes alimentent les
choix des décideurs et des praticiens quant aux plans d’actions, aux modalités des programmes et aux ajustements
des services afin de mieux répondre aux besoins des communautés et des individus. dans l’optique de favoriser le
développement social, ÉCoBes a toujours privilégié la perspective préventive.
«Le groupe ECOBES ne fait pas de la recherche pour faire de la recherche, mais pour mobiliser
des intervenants et leurs connaissances afin de les aider dans leur intervention dans leur milieu.
Il s’agit donc d’outiller les acteurs et d’optimiser leur influence1 »
au fil des ans, près d’une vingtaine d’enseignants du collégial, principalement du Cégep de Jonquière, ont travaillé à
ÉCoBes. Certains ont entrepris et complété avec succès des études doctorales en lien avec leurs activités de recherche
au sein du groupe, permettant par la suite de participer au développement de projets de recherche d’envergure
avec des groupes universitaires. d’autres, après un séjour variant entre un et huit ans, ont pu réinvestir dans leur
enseignement l’expérience acquise à ÉCoBes, alimentant la prestation de cours aux étudiants grâce à des exemples
ou des applications extrêmement novateurs et d’actualité. soulignons, par ailleurs, que des étudiants des niveaux
collégial et universitaire se joignent chaque année à l’équipe à titre d’assistants de recherche ou de stagiaires.
les défis et obstacles dans le déroulement de l’expérimentation sont principalement reliés à la précarité du
financement et à la difficulté du maintien d’une équipe multidisciplinaire. afin de contourner ces difficultés,
ÉCoBes a développé des liens étroits avec les décideurs régionaux et d’une fondation privée. en effet, une étroite
collaboration avec la Conférence régionale des élus du saguenay-lac-saint-Jean a permis la signature d’une
entente spécifique de régionalisation sur la consolidation et le développement du groupe de 2003 à 2006. de plus,
le soutien de la Fondation Chagnon a également contribué aux développements de projets de recherche et au
maintien d’une équipe de chercheurs.
iriPi
actif depuis 2009, l’iRiPi a pour objectif de développer, en partenariat avec les principaux acteurs concernés,
des solutions favorisant l’intégration professionnelle des immigrants au Québec. il fonctionne donc comme un
centre de recherche appliquée et de transfert de connaissances et comme une entité du Collège, ce qui implique
une participation active à la vie du Collège et à son développement. en tant que centre de recherche, l’iRiPi
développe des projets de recherche appliquée ou de transfert de connaissances en partenariat avec différents
acteurs (gouvernement, entreprises et acteurs communautaires). il se développe suivant deux axes : recherche
subventionnée (obtention de subventions de recherche telle que le Programme d’aide à la recherche et au transfert
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