Avenir de la formation d’architecte
paysagiste
Etude
Mandant :
FSAP Fédération suisse des architectes paysagistes
Mandataire :
steiger texte konzepte beratung
Urs Steiger, dipl. Natw. ETH/SIA
Pilatusstrasse 30
6003 Lucerne
Lucerne, le 7 juin 2016
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Avenir de la formation d’architecte paysagiste
Résumé
La Fédération suisse des architectes paysagistes (FSAP) se préoccupe depuis de longues années et de
manière intensive de la formation des architectes paysagistes en Suisse. Le déclenchement est
notamment dû à la réforme de Bologne, qui a profondément restructuré le système de formation
traditionnel basé sur les hautes écoles spécialisées (portant à l’époque le nom de technicum).
Après un échange d’idées entre représentant-e-s d’établissements d’enseignement et de la pratique
dans le cadre d’une table ronde, le besoin se fit jour d’une évaluation de la situation actuelle de la
formation et de la profession dans le cadre d’une étude.
Cette étude est fondée sur une recherche sur Internet destinée à un recensement de l’offre en
matière de formation, des entretiens qualitatifs avec des représentant-e-s d’établissements
d’enseignement, de bureaux d’architecture paysagère et du secteur public en tant qu’employeur
potentiel, respectivement mandant, ainsi que sur un atelier réunissant une sélection de personnes
participant aux entretiens.
Les deux hautes écoles spécialisées HSR et hepia sont et demeurent les deux piliers de la formation
des architectes paysagistes en Suisse. Les autres offres de formation ne contribuent que
marginalement à la relève des architectes paysagistes.
Les établissements d’enseignement sont en forte concurrence dans le domaine de la formation, que
ce soit au niveau des diplômés des établissements d’enseignement professionnel ou des possesseurs
de maturités. En raison de la réforme de Bologne, le domaine de la formation a connu une évolution
profonde, qui se concrétise par un programme d’études extrêmement dense et un manque criant de
temps permettant d’approfondir ses connaissances dans le domaine de l’architecture paysagère
d’une manière adaptée à l’ampleur de la thématique.
De nouvelles offres de master, qui permettent d’approfondir les connaissances indispensables pour
pratiquer l’architecture paysagère, tendent à se développer, mais sont toujours insuffisamment
utilisées par les étudiant-e-s. Ces offres sont en outre insuffisamment connues par les architectes
paysagistes engagés dans la pratique ou ne sont pas perçues et acceptées en tant que master en
architecture paysagère.
Dans la génération antérieure à la réforme de Bologne, les conséquences qui en découlent sont
toujours insuffisamment prises en compte, ce qui a pour conséquence une forte divergence au
niveau des attentes par rapport aux bénéficiaires d’un bachelor.
L’architecture paysagère suisse a prioritairement un problème de relève ! Le nombre de diplômés des
établissements d’enseignement suisses en architecture paysagère ne réussit pas, et de loin, à couvrir
les besoins. Les diplômés sont directement aspirés par le marché. Cela a pour effet de réduire le
besoin de suivre une formation complémentaire. La conviction largement répandue sur le marché
que le niveau de la formation est moins important que la motivation personnelle contribue à
renforcer cette tendance. En outre, la situation confortable sur le marché européen a réduit les
contraintes pour y recruter de la main d’œuvre – une situation qui pourrait se péjorer suite à la mise
en vigueur de l’initiative contre l’immigration de masse et pourrait remettre fondamentalement en
cause le modèle professionnel actuel.
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Avenir de la formation d’architecte paysagiste
L’architecture paysagère bénéficie d’un marché florissant, mais qui excède ses ressources en
personnel et révèle les déficits structurels qui en résultent – des bureaux de taille insuffisante et
insuffisamment structurés. Par ailleurs, tant dans le domaine urbain que rural, des tâches nouvelles
attendent d’être traitées par les architectes paysagistes. Or, pour ce faire, ces derniers doivent
acquérir des compétences complémentaires ou faire appel à des experts (biologistes, géographes,
ingénieurs, etc.).
Malgré de fortes tensions internes, les architectes paysagistes bénéficient d’une image relativement
homogène de leur profession. Ils sont néanmoins largement inaptes à la transmettre au grand public.
La perception de l’architecture paysagère par la population est contradictoire. A une image
romantique du noble concepteur de jardins s’opposent des expériences personnelles avec des
installations qui ne fonctionnent pas.
Afin d’améliorer la situation personnelle du secteur de l’architecture paysagère, il convient
prioritairement de se concentrer sur les aspects suivants :
Encouragement de la relève : Les efforts actuels en faveur de la promotion de la relève doivent être
poursuivis et renforcés. Ce n’est que lorsqu’un nombre suffisant d’étudiant-e-s auront pu être
recrutés au niveau de la formation de base qu’il sera envisageable d’obtenir des progrès quantitatifs
au niveau de la formation complémentaire. L’encouragement de la relève n’est pas uniquement de la
compétence des établissements d’enseignement, mais également de l’ensemble de la branche. Il
convient également de conclure des alliances avec des partenaires connaissant des problèmes
analogues.
Campagne d’image : grâce à une campagne offensive, il est possible d’attirer l’attention du grand
public et de renforcer l’attractivité de la profession. Les efforts actuels dans ce domaine doivent être
intensifiés.
Promotion du master : Les nouvelles filières intégrées de master à la HSR et à l’hepia constituent une
possibilité exceptionnelle de suivre une formation complémentaire dans le prolongement immédiat
de la formation de base. Les efforts de recrutement actuels des établissements d’enseignement et de
la FSAP dans ce domaine doivent être poursuivis et renforcés.
Encouragement de la collaboration : Il existe une atmosphère tendue entre les différents
établissements d’enseignement, qui exerce également un effet néfaste sur la fluidité entre les
diverses offres de formation. Une collaboration plus forte entre les diverses HES, mais également
entre les établissements d’enseignement et la pratique augmente le potentiel et les synergies. Dès
lors, il s’agit également de s’investir au niveau de la stimulation d’une telle collaboration.
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Avenir de la formation d’architecte paysagiste
Table des matières
Etude …………………………………………………………………………………………………………………………………… 1
Avenir de la formation d’architecte paysagiste ………………………………………………………………….. 1
Résumé ……………………………………………………………………………………………………………………………….. 2
Table des matières ………………………………………………………………………………………………………………. 4
1
Introduction ……………………………………………………………………………………………………………………. 5
2 Mandat …………………………………………………………………………………………………………………………… 5
3 Démarche ……………………………………………………………………………………………………………………….. 5
4 Offre en matière de formation pédagogique ……………………………………………………………………….. 6
4.1 Formation à la HSR …………………………………………………………………………………………………….. 7
4.2 Formation à l’hepia ………………………………………………………………………………………………….. 8
4.3 Formation dans d’autres établissements d’enseignement professionnel ………………………….. 9
4.4 Formation à l’EPFZ ……………………………………………………………………………………………………… 9
4.5 Formation à l’USI ……………………………………………………………………………………………………… 10
5 Etudiant-e-s et diplômé-e-s ……………………………………………………………………………………………… 10
5.1 Formation préparatoire …………………………………………………………………………………………….. 10
5.2 Etudiant-e-s et diplômé-e-s ……………………………………………………………………………………….. 11
5.3 Formation au sein des bureaux ………………………………………………………………………………….. 12
5.4 Stages …………………………………………………………………………………………………………………….. 12
Conclusions intermédiaires à propos de la formation ……………………………………………………………….. 13
6 Marché du travail …………………………………………………………………………………………………………… 14
Conclusions intermédiaires à propos du marché du travail ……………………………………………………. 15
7
Le marché ……………………………………………………………………………………………………………………… 15
Conclusions intermédiaires à propos du marché …………………………………………………………………… 16
8
La profession d’architecte paysagiste ……………………………………………………………………………….. 17
Image que la profession se fait d’elle-même ……………………………………………………………….. 17
Image que les maîtres d’ouvrage se font de la profession ……………………………………………… 18
Image que le public se fait de la profession …………………………………………………………………. 18
8.1
8.2
8.3
Conclusions intermédiaires à propos de la profession …………………………………………………………… 19
9 Conclusions générales …………………………………………………………………………………………………….. 19
Les piliers de la formation dans le domaine de l’architecture paysagère …………………………………. 19
Absence de la relève …………………………………………………………………………………………………………. 20
Image ……………………………………………………………………………………………………………………………… 21
Situation du marché …………………………………………………………………………………………………………. 21
10 Recommandations ……………………………………………………………………………………………………………
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Avenir de la formation d’architecte paysagiste
Introduction
1
La Fédération suisse des architectes paysagistes (FSAP) se préoccupe depuis longtemps et de manière
intensive de la formation des architectes paysagistes en Suisse. Cette démarche a notamment été
déclenchée par la réforme de Bologne, qui a contribué à modifier de manière sensible le système de
formation fondé sur les écoles techniques supérieures (portant alors le nom de technicum). La
formation, qui s’étendait à l’époque sur trois années et demie, a été réduite à trois ans avec
l’introduction du système bachelor/master. Malgré de nombreuses tentatives, il n’a pas été possible
durant des années de structurer une formation de master complémentaire sur le plan suisse, cela
d’une part en raison d’un manque de besoin, et d’autre part pour des raisons de régulation, qui a
empêché la mise sur pied d’une coopération nationale et internationale conduisant à un cursus de
master – par exemple un projet de master en commun de la HES Rapperswil (HSR) et de la HES
Genève (hepia).
Afin d’éclaircir les besoins découlant de la mise sur pied d’un cursus de master, la FSAP a organisé
une table ronde, dans le cadre de laquelle se sont rencontrés des représentants des établissements
d’enseignement et de la pratique et au cours de laquelle ont été analysées les possibilités de mettre
sur pied un cursus de master. A la suite de cette table ronde, le besoin s’est fait sentir d’offrir dans le
futur une base stable à la profession d’architecte paysagiste en Suisse , ainsi que de vérifier la
situation actuelle dans le cadre de cette étude, afin d’en tirer des enseignements sur la formation.
2 Mandat
Le mandat d’étude englobe les aspects suivants :
– Recensement des offres actuelles en matière de formation
– Analyse des besoins pratiques des bureaux et des maîtres d’ouvrage potentiels
– Objectifs visant à améliorer la situation en matière de formation
– Analyse de la situation actuelle en matière de formation
– Recommandations
3 Démarche
L’étude se fonde sur trois éléments d’analyse :
– Recherches sur Internet en vue du recensement des offres en matière de formation des
divers établissements d’enseignement en Suisse et à l’étranger
– Entretiens qualitatifs avec des représentant-e-s d’établissements d’enseignement, de
bureaux d’architecture paysagère et des pouvoirs publics en tant qu’employeurs potentiels,
respectivement maîtres d’ouvrage (cf. annexe)
– Atelier se traduisant par une sélection d’entretiens
Les entretiens structurés permettent de recueillir des déclarations qualitatives. La confrontation des
divers points de vue permet de contrôler leur pertinence et de mettre sur pied une image
d’ensemble fiable. L’atelier a servi au contrôle des premières thèses, en permettant de les affiner et
de les tester dans le cadre d’échanges avec les participants et les représentants des divers domaines.
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4 Offre en matière de formation pédagogique
Dans notre pays, la HES de Suisse orientale à Rapperswil (HSR) et celle de Suisse occidentale à
Genève (hepia) sont seules à même d’offrir un cursus complet au niveau bachelor. Depuis 2013, la
HSR offre dans le cadre de son master of Science in Engineering une formation complémentaire
centrée sur le développement spatial et l’architecture paysagère. Depuis 2014, l’hepia offre en outre,
en collaboration avec les universités de Genève et de Neuchâtel, un master en développement
territorial (MDT).
Certains modules portant sur divers aspects de l’architecture paysagère sont offerts dans d’autres
HES, telles que la Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften (ZHAW) à Wädenswil
(notamment la réalisation de jardins dans le cadre du bachelor offert aux ingénieurs en
environnement) ou à la HES Berthoud (notamment la sauvegarde des jardins).
Au niveau universitaire, l’EPFZ et l’Università della Svizzera italiana (USI) fournissent des offres de
cursus partiels. A l’EPFZ, la chaire du professeur Vogt offre divers cours dans le domaine de
l’architecture paysagère traitée comme une partie de la formation d’architecte, notamment sous
forme de cours à options ou d’accompagnement de diplôme. De même, la chaire du professeur Girot
offre divers cours dans le domaine de l’architecture paysagère, ainsi qu’un cursus MAS sur les
méthodes de visualisation numérique. A l’USI, la chaire du professeur João Nunes offre un cursus de
master en architecture caractérisé par une orientation claire sur l’architecture paysagère.
Offre en matière d’architecture paysagère sur le plan suisse (schéma d’ensemble)
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4.1 Formation à la HSR
Le cursus de bachelor fournit une offre variée de modules, avec au total plus de 260 crédits ECTS
(pour un chiffre obligatoire de 180). Après un tronc commun d’une année, il est possible de choisir
entre les trois domaines de perfectionnement suivants :
– Planification et conception d’espaces libres urbains
– Aménagement et développement paysager
– Création et gestion du paysage
Le programme d’études est conçu de la manière suivante :
Le cursus de Master of Science in Engineering (MSE) est offert dans le cadre d’une coopération de
l’ensemble des HES suisses. Le perfectionnement professionnel ainsi visé s’effectue dans le cadre
d’un Master Research Unit (MRU), sur la base de projets, d’activités complémentaires et du travail de
master. Dans le cadre de la HSR,le perfectionnement professionnel est possible dans le cadre du
MRU Raumentwicklung und Landschaftsarchitektur. Dans le cadre de compétence de l’architecture
paysagère, les deux axes principaux de recherche sont le développement paysager (aménagement
paysager, conception paysagère, parcs, tourisme proche de la nature) et les espaces libres
(conception et aménagement des espaces libres, sauvegarde des jardins).
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4.2 Formation à l’hepia
Le cursus de bachelor de l’hepia (Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève)
suit cinq axes principaux :
– Conception/projet (en tant que base de la formation, sur laquelle repose l’ensemble des
– Concepts de végétalisation, botanique et écologie
– Aspects techniques et réalisation
– Communication (représentation, esquisses, informatique, maquettes, expression orale et
– Matières complémentaires et enseignement théorique (histoire des jardins et du paysage,
autres axes)
écrite)
droit, etc.).
Le programme d’études est conçu de la manière suivante :
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