Couples et vecteurs de variables al´eatoires
Pr´eparation `a l’agr´egation interne
1 Couples et vecteurs al´eatoires discrets
1.1 Loi conjointe
On se donne X et Y deux variables al´eatoires discr`etes avec X(Ω) = {xi, i ∈ N} et Y (Ω) =
{yj, j ∈ N}. La loi conjointe du couple (X, Y ) est donn´ee par (X, Y )(Ω) (ou par X(Ω) et
Y (Ω)) ainsi que par les probabilit´es
P(X = x, Y = y) = P{ω, X(ω) = x et Y (ω) = y}, pour tout couple (x, y) ∈ (X, Y )(Ω).
Remarque : On doit bien entendu avoir (cid:80)
x,y P(X = x, Y = y) = 1.
Plus g´en´eralement, si X1, . . . , Xn sont n variables al´eatoires discr`etes `a valeurs dans N, la
loi conjointe du vecteur (X1, . . . , Xn) est donn´ee par l’ensemble-image (X1, . . . , Xn)(Ω) ⊂ Nn
ainsi que par les probabilit´es P(X1 = i1, . . . , Xn = in), pour tout n-uplet (i1, . . . , in) ∈ Nn.
Exemple 1 : Fixons p ∈]0, 1[ et λ > 0 et consid´erons le couple de variables al´eatoires (X, Y ) `a
valeurs dans {0, 1} × N dont la loi est donn´ee par :
P(X = 0, Y = 0) = 1 − p
P(X = 1, Y = k) = pe−λλk/k!, pour tout k ∈ N
P(X = j, Y = k) = 0 sinon.
On a bien (cid:80)
i,j P(X = i, Y = j) = 1 : on a donc bien ´ecrit la loi d’un couple al´eatoire discret.
Exemple 2 : On dispose d’une urne contenant quatre jetons num´erot´es de 1 `a 4, et on tire au
sort successivement deux jetons sans remise. On note (X, Y ) les r´esultats des deux tirages.
On a : P(X = i, Y = i) = 0 pour tout i entre 1 et 4 et P(X = i, Y = j) = 1/12 si
1 ≤ i, j ≤ 4 et i (cid:54)= j.
On peut ´ecrire les probabilit´es sous la forme du tableau suivant (o`u par exemple dans la
deuxi`eme case de la premi`ere ligne, on lit P(X = 1, Y = 2)) :
XY
1
2
3
4
4
2
1
0
1/12
1/12 1/12
1/12 1/12 1/12
3
1/12 1/12 1/12
1/12 1/12
1/12
0
0
0
Exemple 3 : Loi trinomiale. On se fixe un nombre entier n strictement positif et deux param`etres
r´eels positifs px et py tels que px + py ≤ 1. La loi trinomiale (n, px, py) est la loi du couple (X, Y )
tel que (X, Y )(Ω) ∈ N2 et donn´ee pour tout (i, j) ∈ N2 tels que i + j ≤ n par :
P(X = i, Y = j) =
n!
i!j!(n − i − j)!
xpj
pi
y(1 − px − py)n−i−j,
2
et P(X = i, Y = j) = 0 sinon.
Exercice : Montrer que l’on d´efinit bien ainsi la loi d’un couple al´eatoire.
La loi trinomiale est une extension de la loi binomiale. Imaginons en effet une exp´erience
qui a trois issues possibles, not´ee x, y et z, avec comme probabilit´e de r´ealisation px, py et
pz = 1−px −py. R´ep´etons n fois cette exp´erience (n est fix´e) de fa¸con ind´ependante et comptons
le nombre d’apparitions de x (nombre not´e X) et de y (not´e Z) parmi ces n r´ep´etitions. C’est
alors un exercice de d´enombrement que de d´emontrer que le couple (X, Y ) suit alors une loi
trinomiale de param`etres (n, px, py).
1.2 Lois marginales
D´efinition 1.1 Les (deux) lois marginales du couple (X, Y ) sont les lois des variables al´ea-
toires X et Y . On les obtient de la fa¸con suivante :
P(X = x) =
P(X = x, Y = y),
P(Y = y) =
P(X = x, Y = y).
(cid:88)
y∈Y (Ω)
(cid:88)
x∈X(Ω)
Preuve : On a
{X = x} = {X = x, Y ∈ Y (Ω)} =
{X = x, Y = y}.
(cid:91)
y∈Y (Ω)
Comme la r´eunion est d´enombrable et disjointe, il vient :
P(X = x) =
P(X = x, Y = y).
(cid:88)
y∈Y (Ω)
(cid:3)
Plus g´en´eralement, un vecteur (X1, . . . , Xn) `a valeurs dans Zn poss`ede n lois marginales
unidimensionnelles, mais ´egalement n(n − 1) lois marginales bidimensionnelles, et ainsi de suite.
On a par exemple
P(X1 = x) =
P(X1 = x, X2 = x2, . . . , Xn = xn).
(cid:88)
(x2,…,xn)∈Zn−1
Reprenons les exemples pr´ec´edents :
Exemple 1.
D´eterminons la loi de X : X est `a valeurs dans {0, 1} et on a :
P(X = 0) =
P(X = 0, Y = j) = 1 − p.
(cid:88)
j∈N
De la mˆeme fa¸con :
P(X = 1) =
P(X = 1, Y = j) =
pe−λλj/j! = p.
(cid:88)
j∈N
(cid:88)
j≥0
La variable al´eatoire X suit donc une loi de Bernoulli de param`etre p. Calculons aussi la loi de
Y :
P(Y = 0) = P(X = 0, Y = 0) + P(X = 1, Y = 0) = 1 − p + pe−λ.
Et pour tout j ≥ 1,
P(Y = j) = P(X = 0, Y = j) + P(X = 1, Y = j) = pe−λλj/j!.
3
Exemple 2 : Il suffit de sommer en colonne pour avoir la loi de X, et en ligne pour obtenir celle
de Y . En pratique, on peut ajouter une colonne et une ligne au tableau pour y ´ecrire les lois de
X et Y . Et avant de conclure, on prend le soin de v´erifier que la somme de cette colonne (et de
cette ligne) vaut 1.
On trouve ici que X et Y suivent une loi uniforme sur {1, 2, 3, 4}.
Exemple 3 : On consid`ere le couple (X, Y ) de loi trinomiale (n, px, py). D´eterminons la loi
marginale de X : fixons j ∈ {0, . . . , n} et ´evaluons P(X = j).
On a
P(X = j) =
P(X = j, Y = k)
n
(cid:88)
k=0
n−j
(cid:88)
k=0
n−j
(cid:88)
k=0
=
=
=
=
P(X = j, Y = k) +
P(X = j, Y = k)
n
(cid:88)
k=n−j+1
n!
j!k!(n − j − k)!
xpk
pj
y(1 − px − py)n−j−k + 0
pj
x
n−j
(cid:88)
k=0
(n − j)!
k!(n − j − k)!
n!
j!(n − j)!
(cid:19)
(cid:18)n
j
x(1 − px)n−j
pj
pk
y(1 − px − py)n−j−k
La variable al´eatoire X suit donc une loi Bin(n, px). Un calcul similaire montre que Y suit
une loi binomiale Bin(n, py).
1.3 Loi de f (X, Y )
Probl`eme : On dispose d’un couple de variables al´eatoires discr`etes (X, Y ) dont on connaˆıt
la loi conjointe et on voudrait connaˆıtre la loi de la variable al´eatoire Z = f (X, Y ), o`u f :
X(Ω) × Y (Ω) → R est une fonction donn´ee. Par exemple, on a souvent besoin de connaˆıtre la
loi de X + Y , ou celle de X − Y , ou de XY . Et d´eterminer la loi de X `a partir de celle de
(X, Y ) revient `a consid´erer la fonction f (x, y) = x.
Proposition 1.2 On a Z(Ω) = f ((X, Y )(Ω)) et pour tout z ∈ f ((X, Y )(Ω)), on a
P(Z = z) =
P(X = x, Y = y).
(cid:88)
(x,y)∈(X,Y )(Ω),f (x,y)=z
4
Exemple : Reprenons une nouvelle fois l’exemple 1 et consid´erons la fonction f (x, y) = xy. La
variable al´eatoire XY est `a valeurs dans N et on a
P(XY = 0) = P(X = 0, Y = 0) + P(X = 1, Y = 0) = 1 − p + pe−λ
et, pour tout k ∈ N∗,
P(XY = k) = P(X = 1, Y = k) = pe−λ λk
k!
.
Un cas particulier important. Nous consid´erons ici la fonction f (x, y) = x + y. On obtient :
P(X + Y = z) =
P(X = x, Y = y)
(cid:88)
(x,y)∈(X,Y )(Ω),x+y=z
P(X = x, Y = z − x)
P(X = z − y, Y = y)
=
=
(cid:88)
x∈X(Ω)
(cid:88)
y∈Y (Ω)
Plus g´en´eralement, si X = (X1, . . . , Xn) est un vecteur al´eatoire discret et f : X(Ω) → R
est une fonction donn´ee, on a :
P(f (X1, . . . , Xn) = z) =
P(X1 = x1, . . . , Xn = xn).
(cid:88)
x1,…,xn,f (x1,…,xn)=z
On en d´eduit le corollaire fondamental suivant :
Proposition 1.3 Soient X et Y deux variables al´eatoires discr`etes et int´egrables. Alors la
variable al´eatoire Z = X + Y est int´egrable et on a E(X + Y ) = E(X) + E(Y ).
Preuve : En effet, on vient de voir que Z est une variable al´eatoire discr`ete et que sa loi est
donn´ee par : pour tout z ∈ (X + Y )(Ω),
On a donc
Puis
P(X + Y = z) =
P(X = x, Y = z − x)
(cid:88)
x∈X(Ω)
E(|X + Y |) =
P(X = x, Y = z − x)
(cid:88)
(cid:88)
|z|
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
E(|X + Y |) =
|x + (z − x)|P(X = x, Y = z − x)
(cid:88)
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
En utilisant l’in´egalit´e triangulaire, il vient :
E(|X + Y |) ≤
(|x| + |z − x|)P(X = x, Y = z − x)
(cid:88)
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
(cid:88)
(cid:88)
≤
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
|x|P(X = x, Y = z − x)
+
(cid:88)
(cid:88)
+
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
|z − x|P(X = x, Y = z − x)
´Etudions tout d’abord la premi`ere somme :
(cid:88)
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
|x|P(X = x, Y = z − x)
=
P(X = x, Y = z − x)
|x|
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
(cid:88)
x∈X(Ω)
(cid:88)
x∈X(Ω)
=
[|x|P(X = x)] = E(|X|)
Passons `a la deuxi`eme somme : sommer sur x ∈ X(Ω) ou sur x tel que z − x ∈ Y (Ω) ne
change pas la valeur de cette somme. On a donc
5
(cid:88)
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
x∈X(Ω)
|z − x|P(X = x, Y = z − x)
=
|z − x|P(X = x, Y = z − x)
(cid:88)
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
z−x∈Y (Ω)
=
=
=
z∈(X+Y )(Ω)
y∈Y (Ω)
|y|
(cid:88)
z∈(X+Y )(Ω)
(cid:88)
y∈Y (Ω)
(cid:88)
y∈Y (Ω)
|y|P(Y = y) = E(|Y |)
(cid:88)
(cid:88)
|y|P(X = z − y, Y = y)
P(X = z − y, Y = y)
On remarque donc que si X et Y sont int´egrables, X + Y l’est ´egalement, et en effectuant le
mˆeme calcul sans les valeurs absolues, on conclut que E(X + Y ) = E(X) + E(Y ).
Exemple : Supposons que (X, Y ) suit une loi trinomiale (n, px, py) et calculons la loi de X + Y .
Cette variable al´eatoire est `a valeurs dans N et on a, pour tout entier k :
P(X + Y = k) =
P(X = j, Y = k − j).
n
(cid:88)
j=0
Pour tout k > n, chacun des termes de cette somme est nul donc P(X + Y = k) = 0.