La France et
1
1
0
2
la formation professionnelle
supérieure à l’international
Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats
La France et
la formation professionnelle supérieure à l’international
Pour le ministère des Affaires étrangères et euro-
péennes, la coopération en matière de formation
professionnelle supérieure est un chantier prio-
ritaire. Un cadre stratégique a été élaboré, en étroite
collaboration avec les autres ministères partenaires,
les opérateurs publics et le secteur privé. Ce travail
a permis de mesurer combien étaient nombreux les
acteurs français, titulaires d’un savoir-faire reconnu,
intervenant dans la formation professionnelle supé-
rieure à l’international. Les programmes aujourd’hui
en place refl ètent une grande variété d’actions et
témoignent de la très forte demande de coopération
et d’expertise exprimée par les pays émergents et
en développement.
Ce document présente la synthèse des actions menées
et propose un ensemble de recommandations, issues
des débats qui ont précédé sa rédaction.
QU’EST-CE QUE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE SUPÉRIEURE ?
La « formation professionnelle » désigne
habituellement l’ensemble des formations,
qualifi antes ou diplômantes, fondées sur une
approche « métier » et développées en étroite
concertation avec le secteur privé afi n que la
formation proposée soit en adéquation avec le
monde professionnel.
Le champ de la formation professionnelle
supérieure, c’est-à-dire de niveau postbac-
calauréat, englobe donc la formation continue
supérieure et l’enseignement dispensé dans
les instituts universitaires de technologie
(IUT), les écoles supérieures de commerce et
d’ingénieur soutenues par les chambres de
commerce et d’industrie (CCI), les chambres
régionales des métiers… Les universités
françaises sont également de plus en plus
présentes sur ce type de formations.
L’université de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui propose plus de 200 formations pluridisciplinaires et professionnalisantes,
développe une véritable politique de coopération internationale. © MAEE/Frédéric de La Mure.
❙❚ 2
La formation professionnelle
supérieure en France
Un système original
Le système français des enseignements supérieurs
professionnels intermédiaires présente plusieurs origi-
nalités, tant en formation initiale que continue.
Une bonne insertion
professionnelle
La durée, le lieu et le mode de formation sont multiples,
tout comme les voies d’accès à la formation profession-
nelle supérieure.
La diversité
des types de filières
La sélectivité
de l’accès
Les grandes écoles de commerce et d’ingénieur soute-
nues par les CCI, les IUT ou encore les brevets de
techniciens supérieurs (BTS) recrutent ainsi sur dossier
ou sur concours.
L’implication
des partenaires sociaux
Elle se concrétise notamment par un mode spécifi que
d’élaboration des formations et des certifi cations dont
la méthodologie fait aujourd’hui référence au niveau
européen (descripteur de métiers ou d’activités, de
compétences et savoirs associés, de certifi cation) ;
la présence forte et de qualité des représentants des
organisations professionnelles au sein de commissions
chargées de l’élaboration des références métiers et des
certifi cations la caractérise.
Apprentis techniciens réparateurs en ascenseurs de la fi lière industrie du
Centre de formation pour apprentis de Tours.© MAEE/Frédéric de La Mure.
Le dialogue social entre syndicats de salariés et orga-
nisations d’employeurs garantit à la fois une bonne
« employabilité » des futurs diplômés et un position-
nement adéquat au sein des conventions collectives.
Les stages longs en entreprises (14 à 18 semaines en
BTS réparties sur toute l’année) sont obligatoires et se
font sous le tutorat de professionnels.
La possibilité d’opter pour la voie
en plein essor : l’apprentissage
Depuis plusieurs années, ces formations sont
accessibles par les voies de l’alternance et de l’appren-
tissage qui connaissent dans l’enseignement supérieur
un fort développement en offrant aux étudiants à la
fois une première insertion professionnelle et une
rémunération.
LES ORIGINES DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE SUPÉRIEURE
EN FRANCE
Si les premières écoles professionnelles supé-
rieures remontent au début de l’ère industrielle,
ce n’est qu’à partir des années cinquante que
l’enseignement supérieur professionnel se
structure, en réponse aux bouleversements
technologiques affectant alors les sociétés
industrialisées. Ils se traduisent par une éléva-
tion des niveaux de qualifi cation, qui exige une
reconfi guration générale du système éducatif,
avec l’introduction d’un échelon intermédiaire
de formation professionnelle entre le certifi cat
d’aptitude professionnelle (CAP) et le diplôme
d’ingénieur.
La création, à quelques années d’intervalle, du
brevet de technicien supérieur (BTS), puis des
instituts universitaires de technologie (IUT),
répond à cette demande de formation supé-
rieure « intermédiaire ».
3 ❙❚
La France et
la formation professionnelle supérieure à l’international
La mondialisation
stimule la demande de formations supérieures
professionnelles intermédiaires
La diffusion et les transferts de technologie qui
accompagnent les exportations de biens d’équipement
et d’infrastructures, comme l’implantation d’entre-
prises dans les pays émergents ou en développement,
induisent les mêmes besoins de qualifi cation que dans
les pays industrialisés.
Les compétences intermédiaires constituent, à cet
égard, un enjeu majeur souligné par tous les respon-
sables, tant politiques qu’économiques.
Confrontés à une demande croissante d’études supé-
rieures de la part des familles, les États cherchent à
valoriser les formations supérieures professionnelles
pour y attirer une part signifi cative des étudiants et
alléger la pression que cette demande exerce sur les
universités.
Parallèlement, les États saisissent l’opportunité des
implantations d’entreprises étrangères pour créer ou
moderniser des centres de formation professionnelle,
tout en les inscrivant dans le cadre d’une politique
d’ensemble, notamment en termes de certifi cation.
LA DREIC ET LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
À L’INTERNATIONAL :
LE MODÈLE ÉCOLE-ENTREPRISES
Impulsé par la Direction des relations euro-
péennes et internationales et de la coopération
(DREIC) du ministère de l’Éducation nationale
et de l’Enseignement supérieur, ce modèle,
où coopèrent ce ministère, le secteur privé
et le partenaire éducatif local (ministère ou
collectivité locale), constitue un exemple
réussi d’appui au développement de la forma-
tion professionnelle. L’entreprise apporte le
« plateau technique », la DREIC, l’ingénierie de
formation et de certifi cation, et le partenaire les
locaux, la logistique et l’équipe d’enseignants.
Le développement international des entre-
prises françaises est ainsi favorisé à court
terme par la formation continue de salariés et
à moyen terme par la constitution d’un vivier
de main-d’œuvre qualifiée. L’enseignement
technique français est valorisé à travers la
formation initiale des étudiants et la formation
continue des enseignants.
http://www.education.gouv.fr/cid1181/
direction-des-relations-europeennes-inter-
nationales-cooperatio.html
Fabrication de câbles électriques en Amérique latine.
© MAEE/Frédéric de La Mure.
❙❚ 4
Plusieurs grands groupes français ont ainsi ouvert à
l’étranger des centres de formation pour accompa-
gner leur implantation : Peugeot-Citroën, Schneider
Electric, Eurocopter, Airbus, Dassault Systèmes,
Areva, Thalès, Chaffoteaux et Maury, Casino, Sodexo,
etc. Ces centres visent en priorité à satisfaire leurs
besoins locaux en compétences. Mais ils offrent
aussi l’opportunité à d’autres entreprises françaises
d’entrer sur le marché local de prestations de services
et de matériel pédagogique. Cette coopération
public-privé a ainsi un effet démultiplicateur en terme
d’exportation de savoir-faire.
La prise de conscience de l’enjeu que constitue une
formation supérieure professionnelle de qualité se
traduit par une forte demande de coopération. Elle
porte à la fois sur la dimension institutionnelle et la
gouvernance des dispositifs de formation, sur les
aspects d’ingénierie de construction des référentiels
et des certifi cations et, éventuellement, sur la concep-
tion et la construction d’établissements de formation.
DEUX GRANDS GROUPES FRANÇAIS INVESTIS DANS LA FORMATION
PROFESSIONNELLE À L’ÉTRANGER
PSA Peugeot-Citroën et l’Éducation nationale
française dans la formation professionnelle
à l’étranger
L’entreprise ne trouve pas toujours les compé-
tences qu’elle attend dans les pays dans lesquels
elle s’implante. Elle développe alors des centres
de formation en lien avec le ministère français de
l’Éducation nationale et les systèmes éducatifs
locaux pour former des techniciens et techniciens
supérieurs : un campus des métiers en Slovaquie,
un centre de formation au Mexique.
Les « Professeurs sans frontières » sélection-
nés par l’Éducation nationale assurent aussi
des formations techniques à l’étranger. Selon le
concept de partenariat « école-entreprise », le
cahier des charges est établi par l’entreprise.
« Total Professeurs Associés » (TPA)
et la formation professionnelle à l’étranger
Créé en 2001, TPA vise à favoriser les relations entre
l’industrie pétrolière et les universités et écoles
d’ingénieurs. Cette association, qui réunit des actifs
et des retraités du groupe Total, propose des cours
sous forme de semaines intégrées dans les cursus
des établissements de formation locaux dans diffé-
rents domaines d’activités pétrolières (forage,
raffi nage, ressources humaines, etc.). TPA inter-
vient à l’étranger dans une cinquantaine de pays : à
l’Institut supérieur de technologie d’Afrique centrale,
à l’Institut supérieur de technologie à Madagascar
(techniques d’emballage dans une optique écolo-
gique), à l’Institut de technologie du Cambodge
(géologie, construction métallique, béton armé).
http://www.professeurssansfrontieres.fr/
http://careers.total.com/careersFO/tpa/home
Formation avec Total Professeurs Associés à Istanbul (Turquie).
©Total.
5 ❙❚
La France et
la formation professionnelle supérieure à l’international
La coopération française et la formation
professionnelle supérieure :
une forte présence
et une offre diversifi ée
Dans le domaine de l’enseignement supérieur, l’action
du MAEE est traditionnellement orientée vers les
universités. À côté des échanges interuniversitaires
directement gérés par les établissements d’enseigne-
ment, la France a développé une politique d’accueil
d’étudiants étrangers dont les bourses constituent
le principal vecteur. Cette politique privilégie les
deux derniers cycles d’études supérieures longues
(niveaux master et doctorat) et trois ensembles de
disciplines (sciences dites « dures » et de l’ingénieur,
économie-droit-gestion et sciences politiques). Elle
répond à une longue tradition de diversité culturelle,
d’attractivité de nos universités et d’infl uence de la
France dans le monde, qu’il importe de maintenir.
Une charte de qualité, adoptée en 2006, en a précisé
les modalités d’attribution avec notamment la mise
en place de jurys de sélection composés majori-
tairement d’universitaires des deux pays. L’agence
CampusFrance, opérateur du MAEE pour la promo-
tion universitaire française à l’international, à travers
des espaces dédiés dans les ambassades et les insti-
tuts culturels français, en est la vitrine.
L’AGENCE CAMPUSFRANCE
ET LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
L’agence CampusFrance, dédiée à la
promotion de l’enseignement supérieur
français à l’étranger, coordonne les
réponses à apporter aux étudiants inté-
ressés par l’offre de formation française,
de la recherche d’information jusqu’à la
préinscription universitaire. Elle appuie
le réseau des 150 espaces CampusFrance
relevant des ambassades de France qui,
dans 97 pays, mettent en œuvre la poli-
tique d’attractivité universitaire.
Pour valoriser les offres de formation,
CampusFrance dispose d’un catalogue
pour les étudiants étrangers, traduit
dans plusieurs langues. Ce catalogue
comprend notamment une collection de
fi ches sur les diplômes professionnels
ainsi que des fi ches par domaine. 36 000
formations sont ainsi répertoriées.
http://www.campusfrance.org/fr/
Salon de l’étudiant CampusFrance à Dakar (Sénégal).
© CampusFrance.
❙❚ 6
Parallèlement, au cours des dernières années, les
actions se sont multipliées pour répondre à la demande
croissante de création et de réforme des formations
professionnelles supérieures. Une partie de ces actions
a été directement menée par le MAEE grâce aux projets
du Fonds de solidarité prioritaire (FSP) ou d’accords
et de conventions. L’outil FSP est renforcé par un autre
instrument important de la coopération française,
l’assistance technique. Cette dernière consiste en la
mise à disposition d’experts de haut niveau auprès de
pays partenaires, afi n de contribuer au plus près au
renforcement institutionnel des administrations avec
lesquelles la France coopère.
Ces experts mettent en œuvre de nombreuses actions
de conseil et de formation, et coordonnent l’appui des
différents acteurs français, nombreux à intervenir pour
améliorer la formation supérieure professionnelle
proposée in situ, avec lesquels le MAEE travaille.
Trois types d’appui peuvent être distingués.
Les appuis
institutionnels
Ils soutiennent la création ou la réforme de dispositifs
nationaux de formation professionnelle supérieure.
Ces appuis sont mis en place par le MAEE à travers la
procédure des FSP ou de conventions entre États (le
MAEE a notamment appuyé directement, ces dernières
années, la réorganisation des cycles universitaires
sur la base du LMD et la mise en place de licences
professionnelles). Le MAEE sollicite aussi le concours
d’opérateurs, parmi lesquels l’Agence française de
développement (AFD).
EXEMPLE DE PROJET FSP :
U3E (APPUI AUX UNIVERSITÉS
PAR EXTENSION DE LA
CARTE UNIVERSITAIRE,
CONSTITUTION D’ÉCOLES
DOCTORALES ET OUVERTURE
À L’ENTREPRENARIAT)
AU SÉNÉGAL
Chaque année, l’augmentation expo-
nentielle des bacheliers – plus 50 %
en 2010 par rapport à 2009 – rend
d’autant plus urgent l’aboutissement
de la réforme du secteur universitaire
au Sénégal. Le projet FSP « U3E »,
mené à bien grâce à la présence et au
travail de deux assistants techniques,
vise à accompagner cette évolution.
Une des composantes du projet a
permis d’ouvrir onze licences profes-
sionnelles au sein des universités
régionales nouvellement créées en
2007 (Bambey, Thiès, Ziguinchor) et
au sein de l’université Cheikh Anta
Diop de Dakar (UCAD).
Leur maquette pourrait servir de
modèle en vue d’une extension de ce
type de licence dans le cadre de la
mise en place du système licence-
master-doctorat (LMD) au Sénégal :
le projet « U3E » apparaît comme
précurseur.
Panneau de l’école supérieure polytechnique, université Cheikh Anta Diop, Dakar.
© IRD/Céline Ravallec.
Chef du laboratoire de biotechnologies des champignons et ses étudiants de l’université
Cheikh Anta Diop à Dakar (UCAD). © IRD/Céline Ravallec.
7 ❙❚
La France et
la formation professionnelle supérieure à l’international
Les appuis apportés
aux entreprises françaises
Destinés à favoriser l’implantation à l’étranger ou l’ex-
portation , ils sont le fait :
• du ministère de l’Économie, de l’industrie et de l’em-
ploi, à travers la Direction générale du trésor (DGT),
qui s’inscrit dans la logique de développement de
l’emploi en France par la promotion des exportations
et par des actions de formation dans les domaines
de la maintenance ou de l’utilisation des matériels
et équipements. Ces actions bénéficient de deux
procédures :
— la Réserve pays émergents (RPE), sous forme de
prêts centrés sur les infrastructures et les énergies,
— le Fonds d’aide au secteur privé – Formation profes-
sionnelle (FASEP-FP), sous forme de dons destinés
à la réalisation d’études de faisabilité.
• du ministère de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, à travers la DREIC, qui se situe dans une
logique d’accompagnement des investissements à
l’étranger d’entreprises françaises par la création ou
le développement de centres de formation destinés,
en priorité, à répondre aux besoins en personnel.
L’AFD ET LA FORMATION
PROFESSIONNELLE SUPÉRIEURE
À la demande du MAEE, l’AFD appuie fi nancière-
ment la conception et la construction de l’école
d’ingénieurs de Bizerte, en Tunisie, dans ses
composantes matérielles (infrastructures et
équipements) et immatérielles (renforcement
des capacités techniques).
Mais c’est surtout en faveur des opérateurs
privés que l’AFD et sa fi liale Proparco inter-
viennent. Le groupe AFD s’appuie aussi sur une
large palette d’instruments de fi nancement,
dont des systèmes de prêts bonifi és aux condi-
tions inférieures aux taux du marché, répartis
entre les prêts aux étudiants, par l’intermé-
diaire de banques locales, et les prêts aux
établissements, comme celui consenti à l’uni-
versité Saint-Joseph du Liban, notamment pour
le développement d’un pôle technologie-santé.
http://www.afd.fr
Ingénieurs travaillant dans une usine d’assemblage d’avions. © Dassault.
❙❚ 8