Résonances Européennes du Rachis Volume 13 n° 40 page
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FORMATION GESTES ET POSTURES
CHEZ LES COMPAGNONS DU BATIMENT
P. FAOUËN*, J-C. de MAUROY*, J-N VOUTEY *, A. JEUCH** et S.GAGNOLET**
METHODE
L’originalité de l’approche « Gestes et Postures »
de notre organisme de formation est d’abord la
pluridisciplinarité de notre équipe, composée d’un
ergonome, d’un kinésithérapeute et de médecins
spécialistes. La démarche ergonomique est depuis
toujours intégrée à la base de toutes nos interventions,
dés l’analyse de la situation de départ.
Un des principaux support pédagogique de cette
formation courte a consisté en l’élaboration d’un
diaporama illustré, construit avec le responsable
Prévention à partir de l’analyse de situations de
travail réelles. Des entretiens préalables ont ainsi
été menés avec des responsables de chantier et des
compagnons, notamment avec les compagnons du
Minorange (élite de l’entreprise). Des prises de vue
photos et vidéos ont permis d’analyser les différentes
stratégies gestuelles possible pour réaliser des tâches
à charge physique considérée élevée : serrage de
banche, burinage, perçage, coupe de treillis, pose des
poutrelles, manutention de sac,…
Les principes de sécurité physique (cf exemple
INTRODUCTION
Cette formation professionnelle a été conçue pour
le compte de GFC Construction, filiale du groupe
Bouygues sur le quart Sud Est de la France. Elle
constitue un module court de 1,5 heure au sein d’une
journée entière de formation organisée par l’entreprise
sur le thème de la sécurité à destination des jeunes
compagnons de moins de deux ans d’ancienneté.
L’objectif général consiste à les sensibiliser d’une
part sur les facteurs de risques inhérents aux activités
professionnelles de
(manutention
lourdes, manipulation d’outils electroportatifs,…)
et d’autre part sur les principes de sécurité physique
pour prévenir les fatigues et douleurs musculo-
articulaires.
construction
STATISTIQUES MALADIE
PROFESSIONNELLES
nationales
statistiques
Les
des maladies
professionnelles reconnues dans le BTP (publiées
par la CRAM en 2003) montrent que les TMS
représentent 42% des affections. Parmi celles-ci
68% sont dues à des « affections péri-articulaires
provoquées par certains geste et posture de travail »
et 20% à des « affections chroniques du rachis
lombaire provoqués par des manutentions manuelles
de charges lourdes ».
Les statistiques accidents de l’entreprise GFC en
2004, montrent que 40% sont dus à des TMS et se
répartissent comme suit : au niveau du tronc, la région
lombaire est la seule représentée (8%), au niveau des
membres supérieurs, l’épaule (8%) et le coude (5%)
et au niveau des membres inférieurs, le genou (9%) et
la cheville (10%) sont les plus touchés.
* DOMINENS, 86, Bd des Belges, 69 006 LYON Tel : 04 78 23 81 44
** GFC Construction, 5/7 av. de Poumeyrol 69 300 Caluire et Cuire
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sur les illustrations ci-après) sont discutés avec le
groupe formé de 5 à 10 compagnons a partir de leurs
représentations et habitudes comportementales.
Le débat engagé autour d’une table prépare l’étape
de formation suivante qui consiste sur le terrain, à
passer tour à tour en phase d’exécution, et de trouver
avec l’animateur des stratégies plus économiques qui
nuisent le moins possible à l’efficacité du geste. Ces
conseils pratiques sont le plus possible individualisés
pour faire évoluer les stratégies observées, souvent
acquises depuis de longues années.
CONTENU
Les trois principes d’économie posturale et de sécurité
physique (les 3 P ) qu’il s’agit de faire intégrer sont
les suivants : PROTECTION – PREVENTION
– PERFORMANCE.
La compréhension de l’interdépendance de ces trois
Ø de prévenir une posture ou un geste devenus
inadaptés car ressentis par le compagnon
agressif à force de répétition, eu égard à son
état de santé initial
Ø d’améliorer ses performances, sous entendu de
développer ses capacités physiques, à l’image
de tout sportif qui s’entraîne correctement
Ces principes sont illustrés pour chacune des tâches
principes doit permettre au compagnon :
Ø de se protéger des contraintes mécaniques
(choc, vibration, froid,…)
à risque rencontrées par les compagnons sur les
chantiers.
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Les solutions proposées concernent parfois tout
autant les techniques de positionnement des outils
et du corps dans l’espace, que les équipements de
protection individuels parmi lesquels nous incluons
des genouillères ou une ceinture lombaire par
RESULTATS
que
plus
adaptées
Tous les compagnons sont rapidement capables (en
situation « contrôlée ») de trouver des solutions
comportementales
celle
spontanément réalisée. La position de leur dos
par exemple leur permet d’être soumis à moins
de contrainte mécanique, même si la sensation
immédiate d’étirement se révèle parfois douloureuse.
En l’absence d’un entretien physique adapté, une
pratique régulière de ces gestes corrigés fait souvent
rapidement évoluer positivement ces
raideurs
d’origine musculo-ligamentaires.
Des questionnaires écrits ont été en effet remis à
chaque compagnon en fin de formation. Un premier
bilan sera prochainement réalisé par les responsables
de l’entreprise après les trois premières formations
déjà réalisées (sur les huit prévues en 2005-2006).
Des observations seront ensuite conduites sur le
terrain, quelque mois après la fin de la formation, afin
de mieux évaluer les changements de comportements
attendus.
exemples.
Quelques exercices simples d’étirement permettent de
faire prendre conscience aux stagiaires de leur limite
musculo-articulaire du moment et par conséquent de
la nécessité d’une préparation physique et/ou d’une
période de récupération active après l’effort. Cette
pratique physique est conseillée au même titre que
d’autres règles d’hygiène bien connues, notamment
dans le milieu sportif, comme de boire avant d’avoir
soif par exemple. Les autres notions importantes de
diététique et de rythmes de sommeil sont évoquées
plus rapidement (faute de temps), et débordent
d’ailleurs largement le cadre restreint de l’activité
professionnelle…