TRANSFORMER
LE LYCÉE
PROFESSIONNEL
Former les talents aux métiers de demain
VADEMECUM
Adapter les parcours
de formation des élèves
en CAP en 1, 2 ou 3 ans
POUR L’ÉCOLE
DE LA CONFIANCE
Sommaire
I. Prendre en compte les évolutions du contexte national
II. Définir et formaliser le projet de formation au niveau de l’établissement
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II.1 Prendre en compte la commande nationale
II.2 Etudier le cas spécifique actuel des CAP en 1 an et l’évolution
envisageable de leur public.
II.3 Concevoir des parcours de formation
II.3.1 Préparer et accompagner l’élève en amont dans le
développement d’un projet constructif et réaliste
II.3.2 Accueillir les élèves et réaliser un premier positionnement
II.3.3 Proposer un parcours en CAP en 3 ans à l’issue de la première
année de formation
II.3.4 Planifier le parcours de formation
III. Construire collectivement la formation, l’ingénierie des
parcours individualisés et coordonner les actions des acteurs
III.1 Un projet de formation construit et mis en œuvre par l’équipe
éducative
III.2 Définir l’ingénierie de formation
III.2.1 La différenciation pédagogique au service des parcours des
élèves
III.2.2 Les modalités de différenciation
III.3 Suivre et évaluer des compétences
III.3.1 Les enjeux
III.3.2 Les modalités
III.3.3 Les outils de suivi
III.3.4 La validation des parcours
IV.
Accompagner les équipes éducatives
IV.1 Former les équipes éducatives à l’ingénierie et à la mise en œuvre
de parcours de formation individualisés
IV.2 Favoriser la mutualisation des pratiques et des ressources
Annexes
Bibliographie – Sitographie
CAP 1, 2, 3 ans – Méthodologie
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Adapter les parcours de formation des élèves1
en CAP en 1, 2 ou 3 ans
I. Prendre en compte les évolutions du contexte
national
Le cursus de référence de préparation du CAP porte sur une durée deux années. La
majorité des épreuves se déroulent en contrôle en cours de formation (CCF).
En 2017, près de 230000 élèves et apprentis ont été candidats à l’obtention du diplôme ;
83,4 % d’entre eux ont obtenu satisfaction (Source : DGESCO).
Dans le contexte de la transformation de la voie professionnelle, ce guide pédagogique à
destination des équipes éducatives propose de les accompagner dans la mise en place
des parcours personnalisés pour les CAP qui pourront être préparés et obtenus en 1, 2
ou 3 ans en fonction des profils et des besoins des élèves.
Dans le cadre du cycle de référence de 2 ans, la durée des PFMP s’étale de 12 à 14
semaines en fonction du diplôme préparé (article 3, arrêté du 21 novembre 2018 relatif à
l’organisation et aux enseignements dispensés dans les formations sous statut scolaire
préparant au certificat d’aptitude professionnelle).
Lorsque la durée du cycle est de 1 an, le nombre minimal de semaines de périodes de
formation en milieu professionnel est de 5 semaines.
Lorsque la préparation du diplôme est effectuée sur une durée du cycle de 1 an ou de
3 ans, les volumes horaires et leur répartition sont à adapter aux besoins des élèves,
dans le cadre du projet d’établissement (article 7, arrêté du 21 novembre 2018 relatif à
l’organisation et aux enseignements dispensés dans les formations sous statut scolaire
préparant au certificat d’aptitude professionnelle).
Le CAP est un diplôme toujours très reconnu par les professionnels relevant de
nombreux secteurs pour répondre à des besoins de qualification bien identifiés. Il était
néanmoins nécessaire d’en renouveler les modalités de préparation pour tenir compte
de la personnalisation des parcours face à l’hétérogénéité de son public, du diplômé qui
recherche une spécialité complémentaire à l’élève plus fragile qui doit pouvoir quitter le
système éducatif avec une qualification.
II. Définir et formaliser le projet de formation au
niveau de l’établissement
Confrontés plus que d’autres encore à la difficulté scolaire, les enseignants intervenant
en CAP ont été conduits à proposer une pédagogie susceptible de répondre aux besoins
des élèves, avec souvent pour première nécessité, de réconcilier ces derniers avec les
apprentissages. Pour consolider ces efforts, il convient aujourd’hui de mieux les
accompagner dans un contexte d’hétérogénéité accrue des publics accueillis.
1 Ici, comme dans l’ensemble du texte, le terme « élèves » désigne l’ensemble des publics de la voie
professionnelle : élèves sous statut scolaire, apprentis ou adultes en formation.
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Les parcours proposés doivent nécessairement s’adapter aux profils désormais
hétérogènes des élèves préparant un CAP tout en adossant la construction de la
professionnalité des élèves à un socle de connaissances, de compétences et de culture
attesté. Il s’agit en effet de sécuriser et de fluidifier davantage les parcours des élèves, de
permettre une réversibilité de leurs choix, d’améliorer leurs taux d’accès au diplôme
ainsi que leur insertion professionnelle à court ou moyen terme (via notamment une
spécialisation complémentaire ou une poursuite d’études si celle-ci est envisageable). La
mise en œuvre de l’adaptation de la durée de la formation en CAP en 1, 2 ou 3 ans doit
concourir largement à l’atteinte de ces objectifs.
II.1 Prendre en compte la commande nationale
• La préparation du CAP en 2 ans doit rester la règle. Les élèves inscrits dans des
parcours 1 et 3 ans doivent demeurer des exceptions. La notion de « parcours »
doit prévaloir sur une régulation par l’affectation. Au contraire de ce que l’on
pourrait concevoir de prime abord, les élèves à besoins éducatifs particuliers et
les élèves précédemment scolarisés en SEGPA ne suivront pas systématiquement
un parcours 3 ans car il ne s’agit pas d’une nouvelle structure dédiée au préalable
mais bien d’un parcours d’élève.
• Une adaptation éventuelle du parcours sera à envisager comme un allongement
du temps de formation qui prendra en compte les besoins de chaque élève afin de
viser prioritairement l’obtention du diplôme dans le cadre de la formation avant
de délivrer des attestations de compétences (cf. circulaire n° 2016-186 du 30-11-
2016 sur la formation et l’insertion professionnelle des élèves en situation de
handicap)
II.2 Etudier le cas spécifique actuel des CAP en 1 an et
l’évolution envisageable de leur public.
Un peu moins de 8 % des élèves sous statut scolaire inscrits à la session 2017 du CAP
préparaient le diplôme en un an (source : DGESCO). Ces CAP relevaient plus
spécifiquement des champs suivants : esthétique-cosmétique, coiffure, petite enfance,
conducteur routier de marchandises, peinture en carrosserie, ébénisterie, pâtisserie. Les
6 CAP ainsi concernés représentaient, en 2017, 3.294 élèves sur les 4.450 préparant un
CAP en un an sous statut scolaire (source : DGESCO).
Les CAP en 1 an sont actuellement proposés en priorité aux publics suivants :
•
•
jeunes issus de première ou terminale professionnelle, technologique ou générale
motivés pour acquérir un CAP ;
jeunes déjà titulaires d’un diplôme et dispensés, à ce titre, des épreuves générales
du CAP visé.
Mais également :
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• personnes en reconversion et souhaitant des compléments de formation
dans la limite de la formation initiale ;
•
jeunes en classe de mise à niveau (MAN) (donc détenteurs d’un bac
technologique ou général) qui présentent, dans le cadre de leur formation, un
diplôme de niveau V.
Dans le cas présent, ces CAP en 1 an sont souvent qualifiés de connexes car
complémentaires à un diplôme initial.
Toutefois, si l’on s’inscrit dans une réelle logique de parcours, les jeunes issus de la
classe de troisième et présentant un projet professionnel solide ainsi qu’un bon niveau
scolaire, doivent pouvoir également prétendre à préparer un CAP en 1 an. En tout état
de cause, et dans la mesure où un positionnement sera nécessaire et réalisé par les
équipes éducatives de CAP, les élèves concernés devront, dans un premier temps, passer
par la procédure d’affectation sur un CAP en 2 ans. Il faudra toutefois veiller à ce que les
bonus d’affectation attribués à d’autres élèves ne les desservent pas.
Deux points de vigilance s’imposent :
• Les élèves sortant de troisième générale auront besoin de bénéficier des
enseignements généraux qui ne sont plus dispensés aux élèves relevant
actuellement d’un CAP 1 an au motif de l’obtention préalable d’un autre diplôme.
• L’âge d’immersion professionnelle théorique des titulaires d’un tel diplôme
(entre 15 et 17 ans) est un frein à l’insertion professionnelle immédiate. Un
complément de formation, telle qu’une mention complémentaire de niveau V ou
une formation complémentaire d’initiative locale (FCIL), pourrait dès lors
s’avérer très pertinent d’autant que cette double formation renforcerait
également l’employabilité des diplômés plus âgés. Une réflexion doit aussi être
engagée sur
le projet de poursuite d’études en première baccalauréat
professionnel ou en brevet professionnel (BP) pour ceux qui en auraient le
souhait et les possibilités.
Dans tous les cas, les parents des élèves susceptibles de suivre une formation en CAP
seront informés sur le principe des parcours de CAP (1, 2 ou 3 ans). Les propositions de
mise en place d’un parcours de formation en 3 ans feront l’objet d’un échange entre
l’équipe pédagogique et la famille en début de 2e année de préparation. L’engagement
final dans un parcours organisé pour réaliser la dernière année de préparation au CAP
sur 2 années scolaires est de la responsabilité du jeune ou de sa famille s’il est mineur.
Le choix de conseiller à l’élève un parcours en 3ans à la fin de la deuxième année
seulement permet de laisser le temps à l’élève de s’intégrer au groupe classe en 1ère
année, de comprendre ce qui est attendu de lui et d’éviter également d’ajouter de
l’insécurité avec un risque de décrochage en fin de 1ère année de CAP. En outre, souvent
les deux PFMP de la 1ère année de CAP viennent motiver des élèves qui auraient pu être
guidés prématurément vers un parcours en 3 ans si la proposition était faite dès la fin de
3ème. Le passage en un parcours en 3 ans ne constitue en aucun cas un nouveau palier
d’orientation.
Concernant les structures actuelles en 1 an, il reviendra aux régions et aux académies
d’engager une réflexion sur une évolution éventuelle de ces formations pour qu’elles
proposent des parcours 1, 2 ou 3 ans.
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II.3 Concevoir des parcours de formation
II.3.1 Préparer et accompagner l’élève en amont dans le
développement d’un projet constructif et réaliste
Le parcours réussi des élèves en CAP implique nécessairement que ces derniers soient
accompagnés au plus près dans la construction de leur projet d’orientation et
professionnel dès le collège. Les équipes éducatives de tous les établissements
les parents doivent
concernés, dont
nécessairement être associés à la mise en œuvre d’actions diversifiées et enrichies pour
favoriser la construction progressive du projet professionnel de l’élève.
Les leviers envisageables :
les professeurs principaux, ainsi que
• associer davantage les collèges en amont afin de favoriser d’une part, une
acculturation des professeurs de collège ou professeurs des écoles (dans le cas
des SEGPA) à l’offre et la réalité des formations en lycée professionnel et
établissement régional d’enseignement adapté (EREA), et d’autre part, une
réflexion plus précoce sur la construction du parcours en CAP selon le profil de
l’élève ;
favoriser les interactions collège / SEGPA / lycée professionnel / EREA de secteur
et renforcer la mise en réseau par exemple par des conventions de jumelage pour
impulser des collaborations plus étroites entre équipes éducatives et permettre
aux élèves de découvrir la voie professionnelle (visites, rencontre, etc.) au
bénéfice de la sécurisation des parcours ;
•
• accompagner l’élève dans le choix du stage de découverte et dans l’explicitation
•
des apports et des acquis de celui-ci ;
informer des attendus spécifiques à certains CAP, en lien notamment avec les
coordonnateurs des unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS).
L’accompagnement de l’élève dans la construction de son projet devra prendre en
compte également les conditions d’accès à l’emploi visé par le diplôme préparé ainsi que
celles posées à l’exercice du métier (santé, mobilité, posture de travail, lieu d’exercice,
aspects relationnels, horaires, etc.).
Pour aller plus loin :
• Concernant
l’orientation
troisième :
en
http://www.education.gouv.fr/cid23858/le-calendrier-de-l-orientation-en-
troisieme.html
• Concernant
la mise en œuvre du parcours Avenir avec Folios :
http://www.onisep.fr/Equipes-educatives/Ressources-pedagogiques/Mettre-en-
oeuvre-le-parcours-Avenir-avec-Folios
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II.3.2 Accueillir les élèves et réaliser un premier
positionnement
L’entrée en formation se fait, pour tous les élèves, par une phase d’accueil, d’intégration,
de consolidation du choix d’orientation dans le cadre théorique d’un CAP 2 ans. À ce
titre, la circulaire n° 2016-055 du 29-3-2016 « Réussir l’entrée en lycée professionnel »
est un cadre réglementaire auquel il est utile de se référer.
Dès cette période, l’équipe éducative démarre collectivement un premier diagnostic qui
doit conduire, dans un délai de 5 à 6 semaines après l’entrée en formation, à réaliser un
premier positionnement sur la base d’indices multiples, incluant également les profils
des élèves (expériences précédentes, compétences acquises, prérequis, rythmes
d’apprentissages, besoins éducatifs particuliers, etc.)
Les points d’appui du premier diagnostic peuvent être :
•
•
•
•
•
•
•
•
le stage de découverte réalisé en classe de troisième ;
le projet professionnel de l’élève ;
la rencontre avec les parents ;
les échanges entre équipes éducatives de SEGPA, de collèges et de CAP ;
les éléments liés à la scolarité passée de l’élève : livret scolaire unique (LSU)
(pour évaluer le degré de maîtrise des différents domaines du socle commun de
connaissances, de compétences et de culture), les résultats au diplôme national
du brevet (DNB), au certificat de formation générale (CFG) et au socle commun2 ;
les tests de positionnement à l’entrée en CAP3 : connaissances scolaires,
compétences de littératie et numératie, éléments de motivation ;
la semaine d’intégration en lycée professionnel et EREA : entretien individuel
pour mesurer le projet professionnel de l’élève ;
les acquis de l’élève mesurés lors des premières situations d’enseignement et/ou
d’évaluation faites en classe.
Ce diagnostic permet de mesurer le degré de construction du projet de l’élève (dans
certains cas, il peut s’avérer nécessaire de procéder à une réorientation) et d’apporter
un éclairage sur la durée du parcours de formation : soit en un an d’une part, soit en au
moins deux ans d’autre part. À ce stade, il apparaît en effet encore trop tôt pour
distinguer les élèves relevant d’un parcours en deux ans ou d’un parcours en trois ans. À
l’issue de ce premier diagnostic, le parcours de chaque élève est alors aménagé en
fonction de son profil et au gré de ses apprentissages pour lui permettre de construire
les compétences attendues.
2 L’article L122-1-1 du code de l’éducation établit notamment que « la scolarité obligatoire doit au moins
garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l’acquisition d’un socle commun constitué d’un ensemble de
connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité,
poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. »
3 Le test de positionnement sera mis en place en CAP de manière expérimentale en deux temps :
• Rentrée 2019 : constitution d’un échantillon sur un panel représentatif avec une formule proche de
celle dédiée aux secondes professionnelles ;
• Rentrée 2020 : généralisation d’un test plus complet selon une méthodologie adaptée au CAP.
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L’équipe éducative dont le professeur principal ainsi que les parents et l’élève lui-
même sont les acteurs de la validation du parcours de formation de celui-ci.
L’un des membres de l’équipe éducative est plus particulièrement missionné
comme référent du parcours des élèves afin de coordonner les actions des acteurs.
N.B : Le parcours en un an doit faire l’objet d’une demande de positionnement par le
candidat auprès du recteur. Celui-ci se prononce à partir de l’avis de l’équipe
pédagogique.
II.3.3 Proposer un parcours en CAP en 3 ans à l’issue de
la première année de formation
Durant la première année, les élèves construisent progressivement les compétences
attendues dans le cadre des enseignements délivrés au sein de l’établissement de
formation et dans le cadre des PFMP. Ils sont accompagnés pour ce faire, au plus près de
leurs besoins et de leurs spécificités, par les équipes éducatives au sens large. Celles-ci
les conduisent, dans un triple processus de scolarisation, de socialisation et de
professionnalisation, à gagner en maturité, à consolider leur projet professionnel et à
renforcer leurs apprentissages dans les enseignements généraux. Elles réalisent des
bilans réguliers avec les élèves, leurs parents et le cas échéant, les partenaires extérieurs
(ex : les services de soins). Ces bilans sont effectués sur la base d’un suivi en continu de
l’acquisition des compétences, à même d’identifier le plus justement possible les
réussites et difficultés de chacun. Le positionnement de chaque élève sur un parcours 2
ou 3 ans est proposé par le conseil de classe en fin de première année (avec une
réversibilité possible en début de deuxième année).
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