nn L’audioprothésiste :
oo
un spécialiste de l’audition
toujours à l’écoute
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“Ne pas voir sépare l’homme des choses.
Ne pas entendre sépare l’homme des hommes.”
Emmanuel Kant, philosophe allemand 1724-1804
FICHE
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Rédaction :
Philippe Strauss (CIDB)
Maquette, distribution :
ODES, 8 rue Racine,94190
Villeneuve saint Georges
Oct. 2005
Permettre à des personnes qui entendent mal de retrouver une vie normale, telle est la mission de l’au-
dioprothésiste. Sur prescription d’un médecin ORL, il procède à l’appareillage des déficients de l’ouïe. La
mise en place d’une aide auditive se fait en plusieurs étapes : choix de la prothèse, adaptation, délivrance
de l’appareil, contrôles réguliers. Titulaire d’un diplôme d’Etat qui s’obtient en 3 ans après un bac scientifique,
l’audioprothésiste est un auxiliaire médical dont la formation comprend l’anatomie et la physiologie de l’oreille,
l’électronique, l’audiologie, l’informatique, la psychologie des malentendants…
La Profession
La profession connaît une situation particulièrement florissante puisque
tous les jeunes diplômés trouvent un emploi sans difficulté. Certaines
régions, hormis l’Île-de-France et le Sud de la France, manquent même
d’audioprothésistes. A l’heure actuelle, quelque 1700 audioprothésistes exercent en France, en indépendants,
ou au sein d’un réseau de centres de correction auditive leur apportant un soutien commercial. Un petit nom-
bre d’entre eux exercent dans des instituts spécialisés pour l’appareillage de l’enfant et la rééducation.
Autonome, l’audioprothésiste exerce son métier en collaboration étroite avec le médecin traitant, auquel il
transmet les résultats des évaluations auditives. Les orthophonis-
tes, les éducateurs, sont aussi de fréquents interlocuteurs. L’aspect
technique, prépondérant dans ce métier, nécessite de se tenir
informé des évolutions et des nouveautés.
La profession connaît une
situation particulièrement
florissante
Un audioprothésiste travaille principalement pour une clientèle âgée de plus de 50 ans, mais aussi avec des
enfants malentendants. Tolérance, patience et psychologie sont des qualités indispensables pour expliquer à
des personnes souvent inquiètes le fonctionnement de leur appareil. Une relation humaine basée sur la
confiance, le dialogue, l’écoute réciproque entre le patient et son audioprothésiste, faciliteront l’acceptation de
l’appareillage. Un matériel moderne, un vaste choix de produits, un accueil chaleureux, participeront ainsi à la
réussite de cet épisode délicat.
Dernière compétence utile : la fibre commerciale ! L’audioprothésiste travaille en effet pour des clients et réa-
lise des ventes. Dans le contexte sanitaire actuel — dépistage de la surdité de plus en plus précoce, vieillisse-
ment de la population, meilleur remboursement des appareils —, l’audioprothèse est d’ailleurs en plein déve-
loppement et les débouchés professionnels sont prometteurs.
Les Formations
Il existe en France cinq établissements préparant au Diplôme d’Etat d’Audioprothésiste (cursus en 3 ans) :
* Université de Rennes – Ecole d’audioprothèse J.E. Bertin – 1, rue de la Moussais BP 10151 – 35301 Fougères Cedex
* Université Claude Bernard Lyon 1 – Institut des techniques de réadaptation – 8, avenue Rockefeller – 69008 Lyon
* Université Montpellier 1 – Centre de Recherches, d’Etudes et de Formation en Audioprothèse (CREFA) – 15, avenue Charles
Flahault – 34093 Montpellier Cedex 5
* Université Nancy 1 – Faculté de pharmacie – 5, rue Albert Lebrun BP 403 – 54001 Nancy cedex
* CPDA / CNAM – Centre de Préparation au Diplôme d’Etat d’audioprothésiste – Conservatoire National des Arts et Métiers Paris VII
– 5, rue du Vertbois – 75003 Paris
Un diplôme de troisième cycle en audiologie est ouvert aux audioprothésistes diplômés ayant plus de deux ans d’exercice profession-
nel : Université de Bordeaux – UFR des sciences médicales 1 – 146, rue Léo Saignat – 33076 Bordeaux
Rencontre avec
Jonathan Banoun,
audioprothésiste à Bry-sur-Marne
Un technicien psychologue voué à l’amélioration de
l’audition.
Ça siffle ! Le son est métallique ! Ça résonne
votre appareillage à la gomme ! … Cette
! J’entends pas mieux ! J’en veux pas de
petite scène aurait très bien pu se passer chez un
ration des baladeurs et leur lot de fils qui pen-
douillent et d’écouteurs bien peu discrets. Quel
paradoxe : l’appareil qui rend sourd est accepté,
mais pas celui qui permet de compenser la perte
audioprothésiste, mais il y a au moins vingt ans,
auditive ! D’autant que côté discrétion, les ver-
avant que le numérique ne révolutionne le
sions en intra, qui se logent directement à l’inté-
monde de l’aide auditive. Dans les années 80,
rieur de l’oreille, ont fait des progrès considéra-
l’audioprothésiste était un peu comme un pia-
bles. Tout de même, les aveux de personnalités
niste dont le piano n’aurait
comporté que deux touches,
une grave et une aiguë. Armé
de son tournevis, tout au plus
pouvait-il fixer la puissance
maximale et rendre les aigus
un peu plus forts et les graves
un peu moins forts, ou l’in-
verse. Aujourd’hui, les pro-
grammes
informatiques
offrent une personnalisation
beaucoup plus fine de l’aide
auditive.
Pour
reprendre
l’exemple du piano, de deux
touches, celui-ci est passé à
soixante-quatre touches !
comme Bill Clinton ou le chan-
teur Sting ont grandement
contribué à dédramatiser l’ap-
pareillage auditif.
Ne m’appelez pas
docteur !
Si l’audioprothésiste est un
professionnel de santé, il n’en
est pas pour autant médecin.
Jonathan Banoun se voit pour-
tant souvent appeler docteur,
la confusion entre le médical
et le paramédical étant cou-
rante. S’il est vrai qu’il entre-
tient des relations étroites avec
Jonathan Banoun, audioprothésiste
à Bry-sur-Marne (94)
Aujourd’hui, les programmes
informatiques offrent une
personnalisation beaucoup plus
fine de l’aide auditive.
les médecins ORL qui lui confient leurs patients, il
n’est habilité à délivrer d’appareil auditif que sur
prescription médicale.
Faut-il, pour exercer ce métier, avoir une oreille
infaillible ? L’audioprothésiste écoute en effet
L’apport du numérique, c’est aussi une qualité du
beaucoup les appareils mais, quand il s’agit de
son optimisée, y compris en milieu bruyant. Si
« relever des taux de distorsion sur le 1000 Hz »,
Jonathan Banoun insiste ainsi sur les prouesses
sans chaîne de mesure informatisée, point de
des appareillages actuels, et sur le savoir-faire
salut. D’ailleurs, certains audioprothésistes sont
technique, primordial dans son travail, il ne man-
appareillés. L’avantage, pour eux, c’est qu’ils sont
que pas de souligner la très forte composante
d’autant plus sensibles au sujet.
relationnelle de ce métier. « Toute la difficulté
consiste à faire admettre au patient malenten-
Quel conseil donner à un jeune qui souhaiterait
dant sa surdité. Le frein est d’ordre psychologi-
devenir audioprothésiste ? Bien travailler au lycée
que : accepter son âge, signifier aux autres qu’on
jusqu’en terminale, scientifique s’entend. Après,
commence à avoir des difficultés ». Pour les
dixit Jonathan Banoun, le concours sera large-
convaincre de s’appareiller, mieux vaut redoubler
ment à sa portée, à condition de ne pas laisser
de tact et de pédagogie. Quitte, pour écarter l’ar-
passer trop de temps entre le bac et le concours.
gument du « C’est moche », à rappeler la prolifé-
Les maths et la physique s’oublient vite !
A
consulter :
• Les Métiers de la
santé – Parcours – 2001-
Fiches Onisep
• franceaudition.com,
le portail de l’audition.
Les Mots
pour le
dire…
Appareil de correc-
tion auditive :
Tout appareil porté par
l’utilisateur visant à cor-
riger une déficience du
système auditif, à com-
penser une incapacité
auditive, à prévenir ou à
réduire une situation de
handicap.
Appareil de correc-
tion auditive analo-
gique à
contrôle
numérique:
Appareil de correction
auditive mettant
à
contribution des circuits
électroniques pour réali-
ser
l’amplification du
signal acoustique inci-
dent et des algorithmes
numériques program-
més dans un ou des
microprocesseurs pour
le contrôler.
Médecin ORL
:
Médecin spécialiste en
oto-rhino-laryngologie
(spécialité médicale du
diagnostic et du traite-
ment des maladies, des
malformations et trau-
matismes de
l’oreille,
des fosses nasales et du
pharyngo-larynx).
Seuil de réception de
la parole :
Intensité sonore néces-
saire pour assurer la
reconnaissance de 50 %
des mots bisyllabiques,
exprimée en décibels
(dB).