Le recours aux formations à distance
(e.learning) dans la formation
professionnelle des salariés
Présentation, influence sur les acteurs
 et éléments de vigilance
NS 327
Note scieNtifique et techNique
 Le recours aux formations à distance
(e.learning) dans la formation
professionnelle des salariés
Présentation, influence sur les acteurs
 et éléments de vigilance
Jacques Marc
Département Homme au travail
Laboratoire Ergonomie et psychologie appliquées à la prévention
Publication réalisée dans le cadre de l’étude EC2011-032
 « formation professionnelle des salariés :
 recours aux formations en ligne (E-learning) »
Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
Siège social : 65, boulevard Richard-Lenoir 75011 Paris • Tél. 01 40 44 30 00
Centre de Lorraine : 1, rue du Morvan CS 60027 54519 Vandœuvre-les-Nancy cedex • Tél. 03 83 50 20 00
NS 327
novembre 2014
Sommaire
1. AVERTISSEMENT …………………………………………………………………………………………………….. 3
2.
3.
INTRODUCTION ……………………………………………………………………………………………………… 4
EVOLUTION DES OBJETS PEDAGOGIQUES ET DEVELOPPEMENTS DU E.LEARNING …………….. 6
SUR L’EVOLUTION DES OBJETS PEDAGOGIQUES………………………………………………………………………………. 6
SUR LA FORMATION A DISTANCE ET L’AVENEMENT DU E.LEARNING……………………………………………………….. 7
Période 1 : L’enseignement par correspondance …………………………………………………………….. 7
Période 2 – La démultiplication des supports …………………………………………………………………. 8
Période 3 – le développement de l’informatique et de l’enseignement à distance interactif .. 10
Période 4 – Intégration des systèmes, multimédia en temps réel et « disparition » des 
supports physiques dédiés ………………………………………………………………………………………………. 11
4.
LE E.LEARNING A LA CONJONCTION DE TROIS EVOLUTIONS ………………………………………… 14
E.LEARNING ENTRE EVOLUTION NUMERIQUE ET PROJET POLITIQUE …………………………………………………….. 15
LA PLACE DU E.LEARNING DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE ……………………………………………………… 17
E.LEARNING, UN MARCHE PROMETTEUR ……………………………………………………………………………………. 18
Évolution du marché …………………………………………………………………………………………………. 18
Intégration des coûts ………………………………………………………………………………………………… 20 
5. APPRENTISSAGES, SYSTEME D’APPRENTISSAGE ET E.LEARNING …………………………………… 21
TYPES D’APPRENTISSAGE ET THEORIES D’APPRENTISSAGE ………………………………………………………………… 21
Types d’apprentissages ……………………………………………………………………………………………… 22
Théories de l’apprentissage ……………………………………………………………………………………….. 23
SYSTEMES D’APPRENTISSAGE, SITUATIONS D’APPRENTISSAGE ET AXES PEDAGOGIQUES ………………………………. 31
Systèmes d’apprentissage et situations d’apprentissage ……………………………………………….. 31
Axes pédagogiques en e.learning ……………………………………………………………………………….. 33 
6.
INFLUENCE SUR LES ACTEURS …………………………………………………………………………………. 38
SITUATION DE REFERENCE …………………………………………………………………………………………………….. 39
LE CONTRAT DIDACTIQUE ……………………………………………………………………………………………………… 40
ACTIVITE DES ACTEURS ………………………………………………………………………………………………………… 41
Activité de l’enseignant ……………………………………………………………………………………………… 41
Activité de l’apprenant ………………………………………………………………………………………………. 45 
7.
LE REGARD DE LA PREVENTION ………………………………………………………………………………. 50
EVALUATION DES RISQUES ……………………………………………………………………………………………………. 51
TRAVAIL SUR ECRAN …………………………………………………………………………………………………………… 52
SALARIAT, TELETRAVAIL ET E.LEARNING …………………………………………………………………………………….. 52
Le salarié apprenant …………………………………………………………………………………………………. 53
Le salarié enseignant ou tuteur …………………………………………………………………………………… 55
RISQUES PSYCHOSOCIAUX (RPS) ……………………………………………………………………………………………. 56
Fractionnement du travail, surcharge et épuisement …………………………………………………….. 56
Confusion vie privée/vie professionnelle ………………………………………………………………………. 58
Reconnaissance ………………………………………………………………………………………………………… 58 
CONCLUSION ……………………………………………………………………………………………………….. 60
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………………………………….. 62
POUR EN SAVOIR PLUS ………………………………………………………………………………………………………… 65
10.
LEXIQUE ………………………………………………………………………………………………………….. 68
2
8.
9.
 Formateur :  Veux-tu  utiliser  le  simulateur  pour  faire  des
formations,  ou  créer  des  formations  dans  lesquelles  on
utilisera le simulateur ?
– Concepteur : C’est pareil !
– Formateur : Non…, ce n’est pas pareil…. »
Extrait  d’un  entretien  entre  un  formateur  et  avec  un
concepteur de simulateur 
1. Avertissement
Ce texte a été réalisé à l’issue d’une demande d’étude prospective portant sur un
constat effectué  en entreprise d’un transfert  du temps de formation  réalisé en face à
face  (appelé  aussi  présentiel)  vers  des  modes  de  formation  utilisant  l’outil
informatique.  Il  faut  préciser  que,  dans  le  domaine  de  la  prévention  des  risques
professionnels,  il  n’y  a  (à  notre  connaissance)  pas  de  demande  d’assistance  sur
d’éventuels risques associés au e.learning à ce jour. 
La  littérature  sur  le  e.learning,  sans  être  particulièrement  florissante,  est  très
dispersée.  Elle  couvre  des  thèmes  aussi  divers  que  des  choix  d’orientation  politique,
des techniques d’apprentissages à distance, des langages de programmation destinés à
optimiser les relations entre plateformes techniques.  
Le  texte  qui  suit  fait  une  présentation  succincte  de  la  notion  d’e.learning  –
définition,  importance  politique,  évolution  –  en  précisant  son  positionnement  par
rapport à la formation, professionnelle lorsque cela est possible.  
Sans être exhaustif, l’objectif de ce texte est de permettre à un lecteur néophyte de
se repérer dans la littérature portant sur le e.learning, de comprendre les enjeux qui y
sont  associés  et  d’envisager  son  influence  sur  les  méthodes  d’apprentissage.  Nous
chercherons  aussi  à  situer  le  e.learning  par  rapport  à  des  termes  ou  expressions
proches : objets pédagogiques, enseignement par correspondance, formation à distance
(FAD)  et  autres  évolutions  telles  que  la  formation  ouverte  à  distance  (FOAD)  ou
formation en  ligne (un petit lexique sera  fourni  en annexe). Enfin nous envisagerons
quelques impacts possibles sur l’activité, voire sur la santé des salariés. 
Bien  que  fortement  contingent  des  évolutions  techniques,  ce  texte  fera  peu
référence  aux  différents  outils  et  techniques  utilisés  pour  exploiter  le  e.learning.  En
effet, si ces approches constituent la très grande majorité de la littérature disponible, la
rapidité des évolutions technologiques rend difficile une quelconque discussion sur ces
outils sans être presque immédiatement obsolète. Cet obstacle n’est pas anodin, faute
de  référence  stable,  cela  rend  aussi  problématique  l’étude  de  la  question  de
l’évaluation des performances des différentes formations dispensées en e.learning et la
mise en discussion des textes qui en parlent1. En effet, le temps de réaliser l’étude, les
changements techniques font que les méthodes, les contenus et les résultats obtenus ne
sont plus d’actualité, ou pour le dire autrement, cela correspond à ouvrir des débats sur
des choses qui n’existent plus.  
1 Il faut noter toutefois que les normes de développement des modules e-learning sont en cours de
d’élaboration. Elles sont directement liées à l’appréhension du mode d’apprentissage et à sa traçabilité.
Aujourd’hui  en  termes  de  temps  passé,  de  score,  d’échec  ou  de  réussite  en  vue  d’une  éventuelle
certification  (norme  SCORM)  et  demain  en  terme  de  prise  en  compte  des  apprentissages  informels
susceptibles de compléter toute formation e-Learning (norme X API ou Tin Can). 
3
 La formation  en  ligne,  terme  recommandé  en  France  par
la Délégation générale à  la  langue  française  et aux  langues
de  France  (Journal  officiel  du  14/05/2005),  ou  encore :
l’apprentissage  en  ligne (au  Canada),  l’e-formation  ou  l’e-
learning,  désignent  l’ensemble  des  solutions  et  moyens
permettant l’apprentissage par des moyens électroniques. La
formation  en  ligne  inclut  ainsi  des  sites  web  éducatifs,  la
téléformation,  l’enseignement  télématique,  ou  encore  l’e-
training, notamment (Wikipédia).2 
2. Introduction
Depuis plusieurs années le e.learning et d’autres termes qui lui sont plus ou moins
directement  associés  ne  cessent  de  se  développer  au  sein  de  la  société  et  des
entreprises.  Son  implantation  croissante  correspond  à  la  conjonction  de  plusieurs
facteurs  dont  certains  seront  développés  plus  bas.  Les  deux  principaux  facteurs  sont
probablement  l’évolution  des  dispositifs  techniques  et  l’évolution  des  contraintes
réglementaires  autour  de  la  formation,  mais  d’autres  facteurs  permettent  aussi
d’expliquer  cette  évolution.  Les  entreprises  y  voient  des  opportunités  d’organiser  la
flexibilité des salariés et de maîtriser les coûts de formation, les salariés y trouvent le
développement de leur autonomie, des possibilités de développement personnel et les
deux (entreprises et salariés), la possibilité de s’émanciper de contraintes de temps et
de lieux, de gagner des marges de manœuvre.  
Les  définitions  du  e.learning  sont  multiples.  Celle  que  nous  retenons  est  celle  de
l’Union  Européenne  (U.E.)  qui  définit  le  e.learning  comme  l’«  utilisation  des
nouvelles  technologies  multimédia  et  de  l’Internet  pour  améliorer  la  qualité  de
l’apprentissage  en  facilitant  l’accès  à  des  ressources  et  des  services,  ainsi  que  les
échanges et la collaboration à distance ». Dans le cadre de cette définition, l’objectif
des formations e.learning est d’améliorer la qualité globale de l’apprentissage par une
nouvelle répartition des contenus pédagogiques entre différents supports (face à face,
cd-rom, Internet, intranet, extranet). Toutefois, il semble que dans la pratique, il y ait
une  compétition  entre  les  différentes  approches,  les  formations  et  les  connaissances
médiatisées par l’informatique prenant le pas sur les formations en présentiel, comme
le  fort  développement  des  MOOCs  (massive  online  open  courses)  semble  en  être  le
symptôme3. 
L’apparition  du  terme  est  difficile  à  situer  dans  le  temps,  car  l’e.learning  renvoie
essentiellement  à  l’évolution  d’une  pratique  qui  consiste  à  se  distinguer  de
l’apprentissage en  face à face. Ainsi, l’utilisation du  terme  e.learning convient  à  des
situations où une personne fera usage de l’informatique (premiers cours médiatisés par
l’informatique  1960)  ou  télématique  (minitel,  1980)  comme  outil  de  stockage
permettant  d’utiliser  des  éléments  pédagogiques  classiques,  médiums  technologiques
favorisant  les  échanges  de  connaissances,  thème  de  connaissance  en  lui-même  (les 
2 http://fr.wikipedia.org/wiki/Formation_en_ligne
3  Dossier  de  presse,  France  Université  Numérique,  14/01/2014,  Un  nouveau  plan  d’actions  pour
développer  les  MOOCs  en  France,  http://www.france-universite-numerique.fr/un-nouveau-plan-d-
actions-pour-developper-les-moocs-en-france.html 
4
 techniques  d’enseignement  assistées  par  ordinateur)  ou  encore  comme  outils
d’administration de formations informatisées (Educationnal Management Information
System).  Ces  pratiques  ayant  vu  le  jour  aux  États-Unis,  l’expression  « e.learning  »
s’est peu à peu imposée, avant d’être couramment utilisée en France dans les années
1990-2000.  
La présentation qui suit se découpe en cinq parties.
l’information et de
Les  deux  premières  parties  positionnent  le  e.learning  au  travers  de  ses  rapports  à
l’histoire, et aux enjeux sociétaux, dont le développement des nouvelles technologies
de
la  communication  (NTIC).  Ces  parties  s’attacheront
essentiellement  à  resituer  le  e.learning  premièrement  comme  outil  et  choix  de
démarche  pédagogique  et  deuxièmement  comme  « élément  critique »  du
développement de la société actuelle.  
La  troisième  partie  discute  des  systèmes  d’apprentissage  et  des  modèles
d’apprentissage  mobilisés  dans  ces  systèmes  de  formation.  En  effet,  le  e.learning  et
l’enseignement  à  distance  (EAD)  ou  la  formation  à  distance  (FAD)  ont  amené  à
repenser  les  théories  de  l’apprentissage  en  se  donnant  les  moyens  d’expérimenter  de
nouvelles approches (Ravestein, 2008). 
Les deux dernières parties se focalisent plus sur les impacts de ces nouveaux modes
de  formation,  sur  l’activité  des  principaux  acteurs,  principalement  apprenants  et
enseignants,  qui  les  utilisent.  Ces  éléments  serviront  de  support  pour  identifier
quelques points de prévention à prendre en compte. 
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