IFPEK
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
Motivation et médiation par l’animal en
ergothérapie.
Etude du lien entre le type de motivation et le niveau de participation à
l’activité chez une personne atteinte de paralysie cérébrale.
Mémoire de fin d’études, en vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’ergothérapeute.
UE.6.5.S6: Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
GIL-DURUPT Morgane
2014 – 2015
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faite sans le consentement de l’auteur est illégale.
IFPEK
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
Motivation et médiation par l’animal en
ergothérapie.
Etude du lien entre le type de motivation et le niveau de participation à
l’activité chez une personne atteinte de paralysie cérébrale.
Mémoire de fin d’études, en vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’ergothérapeute.
UE.6.5.S6: Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
Travaux dirigés par LEMOINE Fabien
GIL-DURUPT Morgane
2014 – 2015
Remerciements
Je tiens sincèrement à remercier,
Mon directeur de mémoire, Fabien LEMOINE, pour son accompagnement tout au long de ce
travail,
L’association Umanima et l’Association Française de Thérapie Assistée par l’Animal pour
m’avoir accueillies durant mes stages et aidée dans mon parcours,
Les ergothérapeutes et les patients ou résidents ayant accepté de répondre à mon
questionnaire,
L’ensemble de l’équipe pédagogique de l’Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
pour leurs apports théoriques, méthodologiques et pratiques,
Mon compagnon pour son soutien, ses aides statistiques et ses relectures,
Ma famille et mes amis pour leur soutien tout au long de ma formation et de la rédaction de
mon mémoire.
« L’activité ne peut se concevoir comme thérapeutique que si elle est porteuse de sens ».
Isabelle Pibarot
1.
2.
SOMMAIRE
Introduction ……………………………………………………………………………………………………………….. 1
Problématique …………………………………………………………………………………………………… 2
Cadre conceptuel …………………………………………………………………………………………….. 11
2.1. La paralysie cérébrale …………………………………………………………………………………… 11
2.1.1. Définition …………………………………………………………………………………………….. 11
Epidémiologie et étiologie ……………………………………………………………………… 11
Formes cliniques …………………………………………………………………………………… 12
Les troubles associés ……………………………………………………………………………… 12
2.2. La relation Homme-Animal …………………………………………………………………………… 15
La rencontre ………………………………………………………………………………………….. 15
Les différents types de relation ……………………………………………………………….. 16
Les compétences socles stimulées par l’animal ………………………………………….. 17
2.3. La médiation ……………………………………………………………………………………………….. 19
2.3.1. Définitions ……………………………………………………………………………………………. 19
L’objet ………………………………………………………………………………………………….. 20
La médiation par l’animal ………………………………………………………………………. 21
2.4. La motivation ………………………………………………………………………………………………. 25
2.4.1. Définitions ……………………………………………………………………………………………. 25
2.4.2.
La théorie de l’autodétemination ……………………………………………………………… 26
3.
Cadre expérimental …………………………………………………………………………………………. 28
3.1. Recueil de données ………………………………………………………………………………………. 28
Choix de l’outil et des populations questionnées ……………………………………….. 28
Construction de l’outil ……………………………………………………………………………. 28
3.2. Analyse des données …………………………………………………………………………………….. 32
Type de motivation des participants …………………………………………………………. 32
Participation à l’activité de médiation par l’animal ……………………………………. 33
Participation et améliorations hors séance ………………………………………………… 35
3.3. Discussion …………………………………………………………………………………………………… 37
Evaluation des hypothèses ……………………………………………………………………… 37
Limites de l’étude ………………………………………………………………………………….. 38
Pistes de reflexion …………………………………………………………………………………. 39
Conclusion ……………………………………………………………………………………………………………….. 41
Bibliographie ……………………………………………………………………………………………………………. 43
Annexes ……………………………………………………………………………………………………………………… I
2.1.2.
2.1.3.
2.1.4.
2.2.1.
2.2.2.
2.2.3.
2.3.2.
2.3.3.
3.1.1.
3.1.2.
3.2.1.
3.2.2.
3.2.3.
3.3.1.
3.3.2.
3.3.3.
INTRODUCTION
Lors de mes recherches d’orientation au lycée, les fiches métier sur l’ergothérapie
mettaient en avant le fait que l’ergothérapeute utilise des « techniques de rééducation qui
passent par des activités artistiques ou manuelles, … »1. Ce n’est qu’au cours de ma formation
que j’ai compris l’importance de ces activités. En effet l’activité est ce qui caractérise le
vivant et notamment l’être humain. L’ergothérapeute permet l’amélioration de la capacité
d’agir et des compétences de la personne en situation de handicap par le biais d’activités de la
vie quotidienne, que ce soit des activités de soins personnels, de loisirs ou encore de travail.
L’ergothérapeute se doit d’avoir un panel d’activités diversifiées afin de proposer celle qui
aura un intérêt particulier pour le patient. Celui-ci sera alors plus enclin à participer à sa
rééducation. La médiation par l’animal est une des nombreuses activités qui peuvent être
proposées. Elle a la particularité d’utiliser un médiateur vivant. L’animal ne porte pas de
jugement, il renvoie un feed-back affectif. Lors de la relation à l’animal, il n’y a pas de notion
de performance au contraire du jeu où le but est de gagner ou dans une production artistique
où la réussite est subjective. Cela permet d’éviter la mise en échec du patient. Cependant un
patient nous semble parfois intéressé et motivé par une activité mais au fur et à mesure des
séances sa participation diminue. Il décide même parfois d’arrêter l’activité malgré les
progrès en cours. Etait-il vraiment motivé ? Cette motivation a-t-elle diminué en entrainant la
participation avec elle ?
A travers ce mémoire, je me suis intéressée au lien qui existe entre la motivation et la
participation lors d’une activité de médiation par l’animal réalisée par des personnes atteintes
de paralysie cérébrale.
Dans une première partie l’émergence de mon sujet et la question de recherche seront
détaillées. En second, les apports théoriques en lien avec le sujet seront développés. Le recueil
de données constituera la troisième partie. Il exposera la méthodologie utilisée, les données et
leur analyse. La quatrième et dernière partie est une discussion autour de la validation des
hypothèses et des apports qui en découlent dans la pratique. Elle permettra la conclusion de ce
mémoire.
1 Onisep.fr, Fiche métier ergothérapeute. Disponible sur internet : http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-
Metier/Metiers/ergotherapeute. Dernière consultation le 19 mai 2014.
1
1. PROBLÉMATIQUE
Les questions de la place de l’animal dans notre société ainsi que celle de la relation
homme-animal revêtent pour moi un grand intérêt depuis plusieurs années. Elles sont à la
base d’un certain nombre de choix personnels. Un jour d’été 2013, au domicile de mes parents,
c’est en jouant avec leurs trois chiens et en repensant à des lectures d’articles sur des animaux
en maison de retraite que je me suis demandée si l’animal était utilisé dans le milieu
paramédical, à des fins thérapeutiques. J’ai donc commencé mes premières recherches. J’ai lu
de nombreux témoignages, découvert la zoothérapie mais aussi d’autres termes comme la
médiation animale. Je me suis aperçue, lors de lecture d’articles, que le chien est beaucoup
utilisé en maison de retraite notamment auprès des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
C’est un animal connu de ce public, il est facilement accepté et provoque de l’intérêt. Le
cheval est utilisé sous forme d’équithérapie auprès des enfants notamment, qui l’apprécient
car très présent dans leur imaginaire.
En septembre 2013 j’ai effectué un stage en psychiatrie. J’ai pu observer une séquence
d’équithérapie, cependant j’avoue ne pas avoir trouvé le côté thérapeutique de l’activité ce
jour-là. Je me suis donc demandé si l’animal était toujours utilisé à bon escient, si un travail de
recherche sérieux avait été effectué sur les bénéfices de son utilisation et s’il ne pouvait
parfois s’agir que d’un phénomène de mode. Durant ce même stage j’ai aussi rencontré une
ergothérapeute avec qui j’ai discuté de son projet de thérapie facilitée par l’animal. Il s’agissait
donc encore là d’un nouveau terme pour indiquer l’utilisation de l’animal dans le soin.
Suite à ces réflexions, il me semble nécessaire d’éclaircir les différents termes. Vous
pouvez constater la difficulté pour définir une activité effectuée avec le cheval grâce au
tableau en annexe 1. Il comporte de multiples termes selon son domaine d’utilisation : type de
handicap et objectifs, professionnels et intervenants, limites.
Pour ce qui est des autres termes liés à l’utilisation de l’animal en général et pas
uniquement du cheval, il est difficile de renseigner une définition correcte tant les
dénominations sont nombreuses. Le Larousse indique même qu’il s’agit d’une médecine
vétérinaire. J’ai donc pris un parti personnel sur ces différentes appellations au cours de mes
recherches et entretiens exploratoires. Il existe les termes de : zoothérapie, thérapie assistée
par l’animal (TAA), thérapie facilitée par l’animale (TFA), médiation animale, médiation par
l’animal ou encore activité assistée par l’animal. Le mot thérapie vient du grec θεραπεία,
2
therapeía signifiant « cure » dérivé du verbe θεραπεύω, therapévô signifiant « servir, prendre
soin de et, par extension, soigner, traiter », issu de θέραψ, théraps signifiant « serviteur ». Il
paraît alors clair que seuls les professionnels du médico-social peuvent utiliser un terme
contenant « thérapie ». Les activités utilisant l’animal peuvent être utilisées mais ne sont pas
encadrées par la loi dans le domaine de la santé. Aussi, de nombreuses associations forment à
la zoothérapie des personnes qui n’ont pas de compétences ou même de connaissances dans le
domaine du handicap, et se nomment par la suite zoothérapeutes. Il peut alors advenir
certaines dérives et l’activité tend plutôt vers l’occupation ou l’animation. Le terme employé
devrait plutôt être « activité assistée par l’animal », par exemple.
Médiation vient du latin medium signifiant « ce qui est au milieu ». En effet, il existe
une relation ternaire entre le soignant et le soigné. L’objet (de la médiation) s’insère dans ce
couple, évite une confrontation directe parfois difficile et donne un intérêt particulier à la
relation. Le soignant contrôle cette médiation afin qu’elle ait des effets thérapeutiques. La
médiation implique donc obligatoirement un thérapeute. Nous développerons dans la partie
théorique le concept d’objet transitionnel, d’objet de relation et d’objet de médiation définit
notamment par Winnicott et Gimenez.
Je préfère utiliser médiation par l’animal plutôt que médiation animale afin de montrer
qu’il ne s’agit pas d’une médecine vétérinaire, mais que c’est bien un être humain qui
bénéficie d’une thérapie. TAA et TFA semblent synonymes. Le terme de médiation revient
généralement dans leurs définitions. Le terme thérapie assistée par l’animal met en avant le
fait que ce n’est pas l’animal qui soigne mais bien le thérapeute en s’appuyant cependant sur
les effets bénéfiques de l’animal.
Enfin, il me semble important d’ajouter la formation initiale du professionnel à ce
terme de médiation par l’animal, afin de montrer que les compétences de base du thérapeute
servent la pratique en fonction des objectifs du patient. Nous parlerons donc de médiation par
l’animal en ergothérapie.
Durant le premier semestre de ma seconde année de formation, j’ai cherché des
preuves probantes de l’effet de l’animal sur l’être humain et j’ai découvert que la seule
présence d’un chien était bénéfique. L’interaction avec un chien augmente la sécrétion
d’ocytocine. Il s’agit d’un neuropeptide reconnu pour son impact sur la socialisation et le
soulagement du stress (Miller et al, 2009). Une étude de 2011 a prouvé la même chose mais
elle a aussi démontré que l’interaction avec le chien fait aussi diminuer le rythme cardiaque et
varier les taux d’insuline et de cortisol (Handlin et al., 2011). L’interaction avec un chien peut
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