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ELÈVE :
ACTEUR ACTIF DE SON
APPRENTISSAGE :
LE TRIPLE A GAGNANT ?
Darleen Pollet
Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel – ASBL
Rue de Bourgogne 48
1190 Forest
Tel. : 02/527.25.75 Fax : 02/527.25.70
E-mail : secretariat@fapeo.be
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
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A
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L’ANALYSE EN UN COUP D’ŒIL
MOTS-CLEFS
Apprentissage, pédagogie active, motivation, méthodes, diversité, élève
« C’est un fait : certains élèves ne travaillent pas chez eux. Il y a mille raisons pour
expliquer cela : manque de motivation, de calme, d’envie, d’aide, de temps, d’espace, de
conscience professionnelle, de méthode, d’organisation, de sérieux, etc. Une fois qu’on a
déploré le “manque de travail à la maison”, on n’a pas beaucoup progressé. Au mieux
s’est-on dédouané (c’est la faute de l’élève, des parents, d’internet, des jeux vidéos, de
la société, de l’époque, de la télé). Pour certains élèves, les pressions, punitions,
injonctions, encouragements ne font plus effet. Peut-on alors se contenter de
pleurnicher, de regretter ? » (Témoignage d’un professeur)
1
TABLE DES MATIERES
L’analyse en un coup d’œil ………………………………………………………………………………………………….. 1
Le constat est là, et nous revient à la maison, nos enfants s’ennuient à l’école ! ……………………. 3
Etre élève et acteur de son apprentissage, ça existe ? ……………………………………………………………. 5
La pédagogie active ou l’apprentissage par l’expérience, par l’action ……………………………… 5
Principes directeurs ………………………………………………………………………………………………………. 5
Statut de l’apprenant: l’activation …………………………………………………………………………………. 5
Caractéristiques des méthodes actives ………………………………………………………………………….. 6
Effets de la méthode active …………………………………………………………………………………………… 7
Pédagogie active : facteur de motivation ? ……………………………………………………………………. 8
Quelques méthodes ettechniques utilisées en pédagogie active ……………………………………….. 8
L’étude de cas ……………………………………………………………………………………………………………….. 8
Les situations problèmes ………………………………………………………………………………………………. 9
Le jeu de rôle ………………………………………………………………………………………………………………… 9
La méthode inductive …………………………………………………………………………………………………… 9
Le travail de groupe ……………………………………………………………………………………………………. 10
L’apprentissage par « essai erreur »…………………………………………………………………………….. 10
Les jeux ……………………………………………………………………………………………………………………….. 10
Comment penser l’évaluation lorsqu’on pratique la pédagogie active? ………………………….. 11
Pourquoi tellement de freins aux changements? ………………………………………………………………… 12
Le manque de formation …………………………………………………………………………………………….. 12
L’argent ………………………………………………………………………………………………………………………. 12
La sécurité …………………………………………………………………………………………………………………… 12
L’organisation …………………………………………………………………………………………………………….. 13
Le temps ……………………………………………………………………………………………………………………… 13
La personnalité du formateur ……………………………………………………………………………………… 13
La peur de se différencier ……………………………………………………………………………………………. 13
Les parents ………………………………………………………………………………………………………………….. 13
Bibliographie ……………………………………………………………………………………………………………………… 14
2
LE CONSTAT EST LÀ, ET NOUS REVIENT À LA MAISON, NOS
ENFANTS S’ENNUIENT À L’ÉCOLE !
Que font et que disent les parents face à ce manque évident d’intérêt de certains enfants pour
les apprentissages scolaires ? Certains parents sont capables de réinventer l’école avec leurs
enfants en devenant créateurs et improvisateurs pédagogiques quand il s’agit de
l’importance des savoirs de leur enfant, et d’autres observent consternés – ce qui ne signifie
pas démissionnaires ! – l’échec voire le décrochage.
Et pourtant, il peut s’en passer des choses dans les classes. De nombreux enseignants, à
l’image des parents, face à ce constat, cherchent des pistes pour capter l’attention des enfants.
Par exemple, une enseignante, qui témoigne sur un blog, a réfléchi et a changé ses pratiques
au sein de la classe.
Cette enseignante a remis en question la méthode traditionnelle frontale en se confrontant
aux résultats de ses élèves. L’enseignante qui témoigne de la sorte est partie du constat que la
manière traditionnelle d’enseigner – un enseignement frontal, transmissif voire passif- ne
gagnait guère de terrain et de résultats auprès de ses élèves. Manifestement, plutôt que de se
résigner, elle a décidé de moderniser ses pratiques, d’utiliser les outils numériques pour
susciter la motivation de ses élèves et favoriser la mémorisation de la matière1. Elle a donc
décidé de partager les phases d’apprentissage en différentes parties afin de varier le
dynamisme et les méthodes d’apprentissage.
En résumé, voici ce qu’elle a mis en place dans ses 3 classes :
Le rabâchage : oui ça aide de poser milles fois la même question. Ça aide à retenir et
Les interrogations « blanches » (formative2) : 20 questions sous forme de quiz sur le
ça fait rire.
cours 3 à 4 fois avant l’interro.
L’opération « Tout le monde a la moyenne ».
Les «mimes à la con couplés à des comptines débiles».
Les questions réponses par SMS au sein de la classe par groupe (l’un posait les
questions, l’autre répondait).
L’invitation faite aux élèves de se questionner mutuellement de manière
intempestive entre eux, elle-même ne se privant pas de poser des questions dès
qu’elle les croisait dans l’école que ce soit près du panier de basket, devant l’école,
dans les couloirs.
1maragoyet.blog.lemonde.fr/2015/12/08/ils-ne-travaillent-pas-a-la-maison-oui-et-apres/
2 L’évaluation formative, pendant la séquence d’apprentissage, permet à l’enseignant de faire le point,
à un moment donné de l’apprentissage, sur le degré de maîtrise des compétences. Elle a pour but
d’identifier les lacunes, les erreurs et de déterminer les élèves en difficulté, permet de réguler l’action
pédagogique (“corriger le tir”/ différencier/mettre en place des activités de soutien/ prévoir l’aide
personnalisée…) et a une fonction régulatrice pour accompagner la réussite des élèves.
3
Le blog de révision où les élèves se prenaient au jeu de répondre à domicile tout en
ayant une réponse rapidement de l’enseignante.
Ces différentes techniques variées ont permis aux trois classes de l’enseignante d’obtenir lors
de l’évaluation certificative une belle moyenne et d’avoir appris de manière différente. Un
peu de « gai savoir » somme toute, avec un accent certain sur la répétition, ou le « drill ».
Cette expérience interpelle: les élèves ont appris, retenu la matière, obtenu une bonne
moyenne et se sont senti compris et actifs dans leurs apprentissages.
En outre, les établissements pratiquant une pédagogie active ont le vent en poupe en
Belgique. À chaque rentrée scolaire, ils séduisent de plus en plus de parents grâce à leurs
pédagogies nouvelles en totale rupture avec l’enseignement dit traditionnel. En opposition à
notre système éducatif actuel fondé en majorité sur la sélection et la peur de l’échec, les
écoles « nouvelles » font différemment et c’est cela qui séduit beaucoup de parents et
d’enfants. À 11 ans, selon la communauté française, 20% des élèves sont déjà en retard
scolaire,… 50% en fin de 5ème secondaire et plus de 30% finiront par décrocher de l’école sans
diplôme ni certification. Devant un tel constat, des élèves de moins en moins motivés et aux
profils très contrastés, ces écoles seraient-elles la SOLUTION MIRACLE ?3
Mais c’est quoi exactement une pédagogie active ? Nous allons tenter d’apporter dans cette
analyse des éléments de réponses.
3www.enseignons.be/2010/07/26/les-pedagogies-actives-pourquoi-ca-marche/
4
ETRE ÉLÈVE ET ACTEUR DE SON APPRENTISSAGE, ÇA
EXISTE ?
“Tu me dis, j’oublie.
Tu m’enseignes, je me souviens.
Tu m’impliques, j’apprends.”
Benjamin Franklin
La citation ci-dessous nous renvoie aux origines de ce qui est appelé la pédagogie active,
adoptée chez nous par certains établissements scolaires (Decroly, Freinet, Montessori,
Steiner, etc.).
A titre individuel, les enseignants – qui disposent d’une autonomie pédagogique en vérité –
peuvent s’en inspirer un peu, beaucoup, à la folie… pas du tout.
La pédagogie active ou l’apprentissage par l’expérience, par l’action
La pédagogie active ou pédagogie nouvelle est une méthode d’apprentissage qui renvoie à
ce que l’on nomme l’apprentissage expérientiel, c’est-à-dire apprendre en faisant.4
Principes directeurs
C’est une démarche d’auto-socio-construction du savoir dans laquelle l’apprenant :
– doit provoquer une recherche du savoir ;
– doit trouver le sens des évènements;
– doit structurer lui-même sa pensée : c’est le tâtonnement expérimental.
L’élève est actif par la création d’une situation d’apprentissage motivante tout en
s’impliquant intellectuellement et affectivement.
Statut de l’apprenant: l’activation
« Rendre un apprenant actif, c’est créer une situation d’apprentissage motivante, qui entraine une implication
intellectuelle, affective et ou psychomotrice de sa part. Cette activité s’exerce toujours sur des objets réels ou sur
des symboles. Un enseignant provoque un apprentissage actif lorsqu’il met l’élève dans des situations qui les
incite à concevoir un projet, à le mettre en œuvre et à réfléchir à ce qu’ils font à partir de ce qu’ils font ».5
4POURTOIS, J-P., DESMET, H., L’éducation postmoderne, 3ème Edition, PUF, Paris, 2002, pp. 125-126.
5RAYNAL F. et RIEUNIER A., Pédagogie – dictionnaire des concepts clés – apprentissages, formation,
psychologie cognitive, ESF, Paris, 1997.
5
Caractéristiques des méthodes actives
Celles-ci visent à donner à l’apprenant davantage d’autonomie en vue d’accroître sa
motivation, sa créativité. Pour être fonctionnelles, ces méthodes doivent remplir 5 conditions :
1. L’élève doit être engagé personnellement dans une action.
2. L’élève doit se sentir concerné, impliqué.
3. L’élève fait partie d’un groupe, ce qui implique un apprentissage de la vie sociale et
du savoir-être.
4. Le rôle de l’enseignant est de faciliter l’apprentissage.
5. L’évaluation se veut une auto-évaluation individuelle ou de groupe.
Selon Mucchielli6, l’apprenant apprend mieux s’il est engagé personnellement dans une
action. C’est pourquoi, les méthodes actives cherchent à réaliser des situations où les élèves
participent en découvrant par eux-mêmes la matière.
En effet, lorsqu’il fait attention, l’individu retient approximativement :
10% de ce qu’il lit,
20% de ce qu’il entend,
30% de ce qu’il voit,
50% de ce qu’il voit et entend en même temps,
80% de ce qu’il dit,
90% de ce qu’il dit en faisant quelque chose à propos de quoi il réfléchit et qui
l’implique.
6MUCCHIELLI, R., Les méthodes actives dans la pédagogie des adultes, ESF, Paris, 2008.
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Effets de la méthode active
L’enseignement actif engendre quatre effets bénéfiques chez l’apprenant :
1. La motivation intrinsèque (interne): l’élève est motivé pour la matière en elle-même,
réalise des tâches et des apprentissages spontanément, ce qui lui apporte de la
satisfaction interne7.
2. Meilleure confiance en soi et dans le groupe: la pédagogie active, par ses différentes
méthodes et facettes, développe et utilise différents sens d’apprentissage. En étant
maitre de son apprentissage, l’élève développe différentes compétences et augmente
ainsi sa confiance en lui. Une meilleure confiance et cohésion dans le groupe se
développent également de par le travail de groupe qui peut être mis en place. Il est
important de faire ressortir que dans la pédagogie de groupe, l’élève apprend de par
ses interactions avec les autres élèves.
3. Meilleure mémorisation: étant donné que l’élève est acteur de son apprentissage,
qu’il découvre et tâtonne afin de tendre vers la théorie, il développe la mémorisation
des différentes étapes découvertes. En résumé, vu qu’il construit son apprentissage
via les différentes méthodes, l’élève comprend d’où sort la théorie, ce qui permet une
meilleure appropriation de la matière.
4. Développement du potentiel intellectuel: de par son
investissement dans
l’élaboration de son apprentissage qui engendrera une meilleure mémorisation de la
matière, l’élève développera son potentiel intellectuel.
Développement
du potentiel
intellectuel
Meilleure
mémorisation
Meilleure
confiance en soi
et dans le groupe
Motivation
intrinsèque
7 POLLET, D., Motiver les élèves à apprendre, un jeu d’enfant? Analyse n°14 FAPEO, Décembre 2015,
www.fapeo.be/analyses
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