note d’
i n f o r m a t i o n
1 2 . 1 5
S E P T E M B R E
Deux indicateurs permettent
d’estimer le faible niveau
d’études des jeunes.
L’indicateur des sortants de
formation initiale sans aucun
diplôme ou avec uniquement
le brevet des collèges permet
de quantifier le faible niveau
d’études au moment clé où les
jeunes entrent sur le marché
du travail. Ainsi, 122 000 jeunes
quittent la formation initiale
sans avoir obtenu de diplôme ou
uniquement le brevet des collèges
chaque année en moyenne
à la fin des années 2000.
L’indicateur des sortants précoces
est, quant à lui, un indicateur
européen. En 2011, 11,9 % des jeunes
âgés de 18 à 24 ans sont des sortants
précoces. Ces jeunes sont sans
diplôme ou diplômés uniquement
du brevet des collèges et ne sont
pas en situation de formation,
quel que soit le type de la formation.
Ces deux indicateurs sont différents
à la fois sur leur mode de calcul et
sur ce qu’ils cherchent à mesurer,
mais ils restent cohérents entre eux
du point de vue de leur mesure.
Sortants sans diplôme
et sortants précoces –
Deux estimations du faible
niveau d’études des jeunes
Réduire le nombre de personnes sortant
chaque année du système éducatif avec un
faible niveau d’études est un enjeu majeur.
Cet enjeu est suivi en France par différents
indicateurs. Parmi eux,
l’indicateur des
sortants de formation initiale sans aucun
diplôme ou avec uniquement le brevet des
collèges d’une part et l’indicateur européen
des sorties précoces d’autre part consti-
tuent deux mesures du faible niveau
d’études en France métropolitaine. Ils sont
tous les deux calculés à partir de l’enquête
Emploi en continu de l’Insee.
À la fin des années 2000
en France métropolitaine,
122 000 jeunes sortent
en moyenne chaque année
de formation initiale
avec au plus le brevet
des collèges
Le nombre moyen de jeunes ayant terminé
leur formation initiale en 2008, 2009 ou
2010 est estimé à 713 000 chaque année.
Parmi eux, 122 000 partent chaque année
sans avoir obtenu de diplôme ou unique-
ment le brevet des collèges, soit 17 % des
sortants. Plus précisément, 65 000 d’entre
eux (9 %) quittent la formation initiale
sans aucun diplôme et 57 000 (8 %)
avec uniquement le brevet (tableau1).Leur
insertion professionnelle est plus délicate
que celle des sortants diplômés puisque le
fait d’être diplômé et le niveau de diplôme
obtenu influent considérablement sur la
probabilité d’être au chômage (voir Note
d’Information n° 12.09 « Insertion des
jeunes sur le marché du travail : évolution
récente du chômage selon le niveau de
diplôme »).
Les données relatives au niveau de diplôme
des sortants de formation initiale sont
issues de l’enquête Emploi en continu de
l’Insee (voirl’encadré«Lasource:l’enquête
Emploi en continu de l’Insee »), seule
source d’informations permettant actuelle-
ment d’avoir des données annuelles et
historiques sur le niveau de diplômes des
sortants du système éducatif. L’indicateur
comporte donc des limites liées à celles
de l’enquête. Le nombre de répondants
sortant chaque année de formation initiale
est notamment trop faible. C’est pourquoi
cet indicateur est estimé à partir d’une
moyenne regroupant trois années d’enquête.
Par ailleurs, l’enquête Emploi en continu
possède pour champ géographique la
France métropolitaine.
Il est cependant
possible de proposer une estimation sur le
champ de la France métropolitaine et des
Dom (voir l’encadré : « Estimation sur la
FrancemétropolitaineetDom»).
TABLEAU 1 – Part des sortants de formation initiale diplômés au plus du brevet des collèges
France métropolitaine
En moyenne annuelle
Année de sortie de formation initiale
2008-2009-2010
Diplômés des études supérieures
Diplômés des seconds cycles du secondaire
Brevet seul
Aucun diplôme
Brevet ou aucun diplôme
Total sortants de formation initiale
Lecture – En moyenne sur 2008, 2009 et 2010, 122 000 jeunes ont terminé leur formation initiale chaque année sans
aucun diplôme ou uniquement avec le brevet des collèges.
en milliers
298
294
57
65
122
713
en %
42
41
8
9
17
100
Champ : jeunes appartenant à un ménage de France métropolitaine et ayant terminé leur formation initiale l’année
précédant l’enquête.
Source:Insee,enquêtesEmploi2009-2011/calculs:MEN-DEPP
Les sorties sans diplôme
ou avec au plus le brevet
des collèges : une approche
en flux du faible niveau
d’études à la fin de
la formation initiale
Pour comprendre ce que mesure l’indica-
teur des sortants de formation initiale sans
diplôme ou avec au plus le brevet des
collèges, il faut être en capacité de repérer
la fin de la formation initiale.
Celle-ci est assez clairement identifiable
en France : c’est le moment où le jeune quitte
l’école, au sens large du terme, pour la
première fois et dans le but de rejoindre
le marché du travail ou l’inactivité (voir
schéma 1). S’en suivront éventuellement
une ou plusieurs périodes d’emploi, de
chômage ou d’inactivité. Il peut exister des
périodes d’emploi au cours de la formation
initiale (apprentissage1, petits boulots
d’été…) et des courtes interruptions
d’études (stages, arrêt maladies…) mais le
critère retenu est que l’activité principale
de l’individu reste les études. La définition
théorique est plus précise : la fin de la
formation initiale correspond à la première
interruption des études pour une période
de plus d’un an. La fin de la formation initiale
est ainsi un moment clé pour l’individu car
c’est le moment où il termine sa scolarité
et présente aux employeurs, parmi l’en-
semble de ses caractéristiques, un niveau
de diplôme. Après avoir quitté la formation
l’individu peut continuer de se
initiale,
former en reprenant des études mais aussi
en bénéficiant de formation continue, sous
forme de stages de formation chez son
employeur s’il est en emploi ou proposés
par Pôle Emploi s’il y est inscrit.
Pour quantifier cette définition, le question-
naire de l’enquête Emploi en continu
contient la question « Avez-vous terminé
vos études initiales ? ». Le jeune déclare
ainsi s’il est toujours en formation initiale ou
non. Lorsqu’il ne sait pas ce que recouvre
le terme d’études initiales, l’enquêteur lui
indique la définition théorique. Une autre
question relative à la date de fin des études
initiales permet de connaître l’année de fin
d’études, d’autres de repérer le plus haut
diplôme obtenu. Un étudiant qui est en
1ère année de master et qui a effectué un
stage de 6 mois en 3ème année de licence
se déclarera être toujours en formation
SCHÉMA 1 – Parcours scolaire puis professionnel d’un individu
Fin de formation
initiale
Activité
principale :
Formation initiale
(école, collège,
lycée, université…)
En emploi, au chômage, en inactivité,
en reprise d’études…
Parcours
d’unjeune
Source:MEN-DEPP
initiale. En revanche, un jeune ayant quitté
le lycée en 2007 pour une période de 2 ans
et qui se rescolarise en 2009 doit donc
déclarer avoir terminé sa formation initiale
en 2007.
Lorsque l’on procède à une estimation du
nombre de sortants de formation initiale
une année donnée, un jeune est considéré
comme sortant de formation initiale au
cours de l’année N s’il est interrogé par
l’enquête Emploi au cours de l’année N + 1
et qu’il déclare alors avoir terminé ses
études initiales au cours de l’année N.
l’ensemble des
On comptabilise ainsi
sortants de formation initiale une année,
quel que soit leur âge et, parmi eux, le
nombre de sortants sans aucun diplôme
ou avec au plus le brevet. On regroupe alors
trois années d’observation pour avoir davan-
tage de répondants et on fait la moyenne sur
ces trois années pour avoir un indicateur
plus robuste. Cet indicateur représente donc
un flux de sortants, peu importe leur âge.
L’indicateur des sortants avec au plus le
brevet des collèges diffère en logique et en
chiffrage du flux des décrocheurs repérés
par le dispositif du SIEI (voir l’encadré :
«Différencesaveclesdécrocheursrepérés
parledispositifduSIEI»).
En 2011, 11,9 % des jeunes
âgés de 18 à 24 ans
sont sortants précoces
en France métropolitaine
Un deuxième indicateur mesurant le faible
niveau des jeunes est l’indicateur européen
appelé sortants précoces.
Il fait partie
des cinq critères de référence chiffrés
de Lisbonne élaborés dans le domaine de
l’éducation et de la formation. Il est utilisé
par Eurostat pour évaluer la situation de
chaque pays membre par rapport à l’objectif
européen de faire baisser les faibles niveaux
d’études. L’objectif chiffré est de limiter à
10 % en moyenne européenne la proportion
des sortants précoces parmi
l’ensemble
des jeunes âgées de 18 à 24 ans. La France
a pour sa part fixé l’objectif à 9,5 %.
1. L’apprentissageest considérécomme de la formation
initiale sauf si l’apprenti l’effectue dans le cadre de
reprise d’études, ce qui est le cas pour près de 10 %
d’entre eux.
note d’information 12-15 (cid:2) Page 2
TABLEAU 2 – Part des sortants précoces
parmi les 18-24 ans
France métropolitaine
Année
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
En % des 18-24 ans
12,3
12,1
12,1
12,4
12,5
11,4
12,1
12,5
11,9
Lecture : en 2011, 11,9 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans
sont des sortants précoces.
Champ : jeunes appartenant à un ménage de France
métropolitaine et âgés de 18 à 24 ans.
Source:enquêtesEmploiencontinu2003-2011,Insee;
calculMEN-DEPP
D’après l’enquête Emploi en continu,
l’indicateur des sortants précoces vaut
11,9 % en France métropolitaine en 2011.
Les sortants précoces sont les jeunes âgés
de 18 à 24 ans qui ne possèdent aucun
le brevet des
diplôme ou uniquement
collèges et qui ne poursuivent ni études,
ni formation au moment de l’enquête2.
Comme pour l’indicateur précédent, le taux
de sortants précoces est calculé à partir
de l’enquête Emploi en continu3 et est
donc estimé sur le champ de la France
sortants
métropolitaine.
précoces parmi les 18-24 ans est relative-
ment stable depuis 2003 (tableau2).
La part des
Les sortants précoces :
une approche en stock
du faible niveau d’études
parmi les 18-24 ans
Cet indicateur européen diffère de l’indica-
teur des sortants diplômés au plus du brevet
des collèges à la fois sur son mode de calcul
et sur ce qu’il mesure.
Un sortant précoce est un jeune âgé de 18
à 24 ans qui ne possède ni CAP, ni BEP,
ni diplôme plus élevé et qui ne suit pas
d’études, ni de formation (schéma2).
Il diffère donc du premier indicateur puis-
qu’il prend en compte non seulement les
jeunes qui n’ont pas de diplôme mais
2. Le nombre de jeunes âgés de 18 à 24 ans peut être
estimé à un peu plus de 5 millions d’individus en France
métropolitaine. Il existe donc environ 600 000 sortants
précoces en France métropolitaine en 2011.
3. Les effectifs des 18-24 ans répondant à l’enquête
Emploi sont suffisamment importants pour estimer la
valeur de l’indicateur chaque année. L’estimation est
ainsi établie à partir de 30 000 réponses entre 2003 et
2008 et 40 000 en 2009 et 2010.
SCHÉMA 2 – En 2011, 11,9 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans sont des sortants précoces
18-24 ans
Possèdent
uniquement le
brevet ou n’ont
aucun diplôme
(21,7 % des 18-24 ans)
Source:MEN-DEPP
aussi ceux qui ne sont pas en situation de
formation parmi les 18-24 ans. Les études et
la formation prises en compte sont non
seulement la formation initiale mais aussi
les formations reçues après la fin de celle-ci.
En effet, la formation tout au long de la vie
est une situation commune à beaucoup de
pays européens dans lesquels la distinction
formation
entre formation initiale et
continue n’est pas aussi nette qu’en France.
Dans ces conditions, la baisse de l’indica-
teur peut résulter des efforts nationaux
réalisés dans la formation continue et n’est
pas directement imputable à des évolutions
dans les diplômes des jeunes relevant de la
formation initiale.
Les sortants précoces sont ainsi identifiés
à partir de l’enquête Emploi en continu de
l’Insee comme étant les jeunes âgés de 18
à 24 ans qui ne possèdent ni CAP, ni BEP,
ni diplôme plus élevé et qui n’ont pas suivi
de formation au cours des quatre dernières
semaines précédant l’enquête. L’enquête
permet de dissocier si l’enquêté est toujours
en formation initiale ou s’il relève d’une
autre formation. Les types de formation
suivis après la fin de la formation initiale que
repère l’enquête sont les reprises d’études,
les formations reçues en contrat de profes-
sionnalisation,
la
formation reçue chez son employeur (y
compris dans le cadre d’un CIF ou d’un DIF),
les formations prescrites par Pôle Emploi
ou une mission locale mais aussi des
cours suivis à titre personnel. Toutes ces
la formation continue,
Ne sont pas en
formation, ni en
formation initiale
ou dans un autre
type de formation
(43,6 % des
18-24 ans)
Sortants
précoces
(11,9 % des
18-24 ans)
formations peuvent conduire à un diplôme
ou une qualification (ou non).
Une différenciation essentielle entre cet
indicateur et le précédent est que l’estima-
teur des sortants précoces s’applique à un
stock, celui des 18-24 ans. Deux leviers
permettent de diminuer la part des sortants
précoces : la baisse de la part des jeunes qui
ne possèdent aucun diplôme ou au plus le
brevet des collèges d’une part et le dévelop-
pement de la formation au sens large,
c’est-à-dire incluant les efforts de formation
continue, d’autre part. Ainsi, si la part des
jeunes âgés de 18 à 24 ans diplômés d’au
moins un CAP ou un BEP augmente, l’indica-
teur des sortants précoces baisse. En 2011,
21,7 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ne
possèdent ni CAP, ni BEP, ni diplôme supé-
rieur. Par ailleurs, si davantage de jeunes
âgés de 18 à 24 ans sont formés, l’indicateur
des sortants précoces diminue également.
Par exemple, la hausse de la durée de scola-
risation tend à diminuer l’indicateur en
augmentant la part des jeunes en formation
initiale. Le développement de la formation
en entreprise de salariés qui ne sont pas
diplômés ou uniquement du brevet fait
également varier l’indicateur à la baisse.
Tout dispositif d’aide à l’emploi s’accompa-
gnant de formation auprès des moins
diplômés conduit à faire baisser l’indicateur
de sortants précoces. En 2011, 43,6 % des
jeunes âgés de 18 à 24 ans ne sont pas en
situation de formation (initiale ou autre)
d’après l’enquête Emploi.
note d’information 12-15 (cid:2) Page 3
Parmi l’ensemble des formations reçues
que repère l’enquête Emploi en continu, la
formation initiale reste la plus fréquente :
en 2011, parmi les jeunes âgés de 18 à
24 ans en formation au cours des quatre
dernières semaines, 52 % se déclarent en
formation initiale, 1 % en contrat de profes-
sionnalisation et 6 % déclarent avoir suivi
un autre type de formation au cours des
quatre dernières semaines4.
Les deux indicateurs sont-ils
cohérents ?
L’indicateur des sortants de formation
initiale sans diplôme ou diplômés au plus
du brevet des collèges et l’indicateur des
sortants précoces ne mesurent pas la même
chose. En revanche ils sont cohérents entre
eux. C’est l’âge qui permet de rapprocher
les deux indicateurs.
En effet, si l’on calcule la part des sortants
précoces parmi les 25-29 ans et non plus
parmi les 18-24 ans, la part des sortants
précoces vaut 15,7 %. Ce chiffre se
rapproche de celui de la part des sortants de
formation initiale non-diplômés ou diplômés
au plus du brevet des collèges, 17 %. Il reste
un écart qui peut s’expliquer par le fait
qu’une partie des jeunes âgés de 25 à
29 ans poursuivent toujours leurs études
initiales d’une part et par le fait qu’ils ont
pu obtenir des diplômes en reprise d’études
d’autre part.
Par ailleurs, parmi
les jeunes âgés de
25-29 ans qui ne sont plus en formation
initiale, qu’ils soient en situation de forma-
tion ou non au moment de l’enquête, 16,2 %
possèdent au plus le brevet des collèges.
On se rapproche à nouveau des 17 % de
sortants de formation initiale avec au plus
le brevet des collèges. En effet, plus les
jeunes sont âgés, plus ils ont de chances
d’être sortis de formation initiale, et leur
niveau de diplôme est proche de celui
qu’ils avaient au moment où ils ont terminé
leur formation initiale. De plus, la fin de
leurs études initiales étant assez récente,
peu d’entre eux ont repris des études.
Ces reprises d’études expliquent vraisem-
blablement l’essentiel de l’écart avec le taux
de 17 % des sortants de formation initiale
avec au plus le brevet des collèges.
Béatrice Le Rhun, DEPP A1
Pour en savoir plus
B. Le Rhun, P. Pollet (2011) , « Diplôme et Insertion professionnelle », FrancePortraitSocial,édition 2011.
B. Le Rhun, C. Minni (2012), « Insertion des jeunes sur le marché du travail : évolution récente du
chômage selon le niveau de diplôme », Noted’Information12.09, mai 2012.
Formations et Emploi, Insee-Références web (2011),
http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?reg_id=0&ref_id=form-emploi
4. La somme dépasse 56,4 % car un jeune peut avoir
suivi différents types de formation au cours des
4 semaines précédant l’enquête Emploi.
www.education.gouv.fr/statistiques
depp.documentation@education.gouv.fr
La source : l’enquête Emploi en continu de l’Insee
La DEPP utilise l’enquête Emploi en continu de l’Insee pour estimer
le nombre annuel de sortants de formation initiale avec au plus le
brevet des collèges ainsi que l’indicateur des sortants précoces.
C’est une enquête en continu sur le champ de la France métro-
politaine depuis 2003, produite selon un calendrier trimestriel.
L’enquête était annuelle jusqu’en 2002, des ruptures de série
peuvent donc apparaître entre les enquêtes de 2002 et 2003.
C’est une enquête en 6 vagues pour laquelle l’unité d’enquête
est le logement identifié comme résidence principale. Tous les
individus de plus de 15 ans y résidant sont interrogés, soit environ
110 000 personnes chaque trimestre. Si cette enquête vise
principalement à observer la situation des personnes sur le marché
du travail, elle comporte également un ensemble de questions
relatives à la formation initiale et continue.
Comme pour toutes les enquêtes, l’exploitation de l’enquête
Emploi nécessite certaines précautions. Tout d’abord, c’est une
enquête déclarative et on s’appuie donc sur les déclarations de
l’enquêté. Malgré la hausse récente de la taille de l’échantillon
suite aux recommandations européennes, elle peut parfois
s’avérer trop faible sur des sous-populations fines pour obtenir
des résultats fiables. C’est par exemple le cas des sortants de
formation initiale (4 000 à 5 000 enquêtés chaque année). Il est
alors nécessaire de regrouper trois années d’observation afin
d’obtenir suffisamment d’individus. Les poids de l’enquête,
permettant à chaque individu répondant de représenter l’ensemble
des Français ayant les mêmes caractéristiques que lui, sont revus
annuellement pendant plusieurs années afin d’être calés sur le
recensement de la population. Les valeurs des indicateurs qui
en découlent sont revues en conséquence. Les révisions sont
cependant souvent minimes (de l’ordre de quelques dixièmes
au maximum). Par ailleurs, il existe une marge d’erreurs sur l’esti-
mation que l’on peut calculer à partir d’une méthode de bootstrap
(voirl’encadré«Intervallesdeconfiance»).
Malgré ces limites, l’enquête Emploi reste une enquête fiable.
Comme elle s’inscrit dans le cadre des enquêtes « Forces de
travail » définies par l’Union européenne, elle est harmonisée
avec les enquêtes des autres pays européens. Il existe donc
un suivi et un contrôle européens sur la qualité de l’enquête et
les indicateurs européens, dont les sortants précoces, qui en
découlent. Par ailleurs, les questions relatives à la formation et
à l’éducation sont utilisées et expertisées par plusieurs orga-
nismes (la DEPP, l’Insee, la Dares et le Céreq). Enfin, l’Insee porte
une attention particulière à assurer une qualité importante aux
résultats de l’enquête Emploi, que ce soit au moment de la collecte
ou lors du redressement de l’enquête.
note d’information 12-15 (cid:2) Page 4
Intervalles de confiance
L’enquête Emploi en continu permet d’avoir une estimation des
valeurs réelles des indicateurs qui nous intéressent. Comme toute
enquête non exhaustive, l’enquête Emploi contient des marges
d’erreurs. En effet, si des techniques de redressement sont appli-
quées aux réponses des enquêtés afin qu’ils puissent représenter
l’ensemble des Français, il reste néanmoins que les valeurs esti-
mées dépendent de l’échantillon tiré et interrogé. La question est
alors de savoir de combien les valeurs des indicateurs auraient
varié si l’on avait interrogé un autre échantillon.
Le calcul rigoureux d’intervalles de confiance est, dans le cas de
l’enquête Emploi en continu, complexe. Le calcul effectué ici en
utilisant la technique du bootstrap reste approximatif. Il donne
une première idée de la précision des estimations.
Concernant l’indicateur des sortants de formation initiale chaque
année sans aucun diplôme ou avec au plus le brevet des collèges
sur 2008-2010, valant 122 000, son intervalle de confiance à
5 % est [117 000, 128 000]. C’est-à-dire que la vraie valeur a 95 %
de chances d’être comprise dans cet intervalle.
Quant à l’indicateur de sortants précoces de 2011, qui vaut
11,9 %, l’intervalle de confiance de l’indicateur est [11,4 ; 12,4].
L’indicateur apparaît donc stable sur la période.
Différences avec les décrocheurs repérés
par le dispositif du SIEI
En lien avec la volonté européenne de promouvoir une société
et une économie fondées sur la connaissance, la loi française
n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 ainsi que le plan Agir
pour la jeunesse actent le principe de repérage des décrochés
et l’organisation de la coordination locale. Lors de la délibération
du 2 décembre 2010, la CNIL autorise la mise en œuvre d’un
système interministériel d’échange d’information (SIEI) pour les
plus de 16 ans.
Au sens du SIEI, les décrocheurs sont les jeunes qui ne terminent
pas un cycle de formation avec succès. Plus précisément, ce sont
des élèves scolarisés l’année scolaire précédente (même seule-
ment une partie de l’année) n’ayant pas obtenu le diplôme corres-
pondant au cursus scolaire dans lequel ils étaient inscrits et qui
ne sont pas scolarisés ou apprentis l’année scolaire en cours.
Ils doivent avoir atteint 16 ans à cette date.
Au 30 octobre 2011, 233 000 décrocheurs sont comptabilisés en
France métropolitaine et dans les Dom. Selon l’enquête Emploi
en continu, 122 000 jeunes sont sortis de formation initiale sans
aucun diplôme ou avec uniquement le brevet des collèges en
France métropolitaine en moyenne en 2008, 2009 et 2010. L’écart
entre ces deux chiffres s’explique par plusieurs phénomènes non
disjoints :
– il existe une différence de champ. Si le champ des décrocheurs
contient la France métropolitaine et les Dom, celui des 122 000
sortants avec au plus le brevet est la France métropolitaine. Parmi
les 233 000 décrocheurs, environ 15 000 sont des jeunes habitant
dans les Dom ;
– comparé aux remontées administratives exhaustives du minis-
tère de l’éducation nationale en France métropolitaine, l’enquête
Emploi sous-estime le stock d’effectifs scolaires d’environ 5 %.
Sous l’hypothèse que cette sous-estimation est valable également
sur les flux des sortants, on peut considérer que l’enquête Emploi
sous-estime de 6 000 le nombre de jeunes sortants avec au plus
le brevet ;
– certains décrocheurs peuvent être diplômés d’un CAP, d’un BEP ou
d’un diplôme plus élevé. Ils ne sont donc alors pas comptabilisés
parmi les 122 000 jeunes sortants avec au plus le brevet des collèges.
D’après l’exploitation du panel DEPP des élèves entrants en 6e
en 1995, environ un quart des jeunes repérés comme décrocheurs
possèdent au moins le CAP. Rapportés aux 233 000 décrocheurs
comptabilisés au 30 octobre 2011, environ 60 000 d’entre eux sont
diplômés au moins d’un CAP ou d’un BEP.
Il resterait donc un écart d’environ 30 000 jeunes entre les deux
sources. Il faut rappeler que le dispositif des décrocheurs n’est
pas un outil statistique. Pour des raisons techniques, il manque
probablement des appariements d’informations nécessaires à
un repérage optimal des décrocheurs. Par ailleurs, le nombre de
décrocheurs est arrêté à une date donnée alors que celui des
sortants avec au plus le brevet des collèges est issu d’une moyenne
estimée sur trois années. De même, l’enquête Emploi, quant à elle,
comporte, comme toute enquête, des marges d’incertitude.
Enfin, rappelons qu’il existe également une autre différence, mais
qui tend cette fois-ci à augmenter l’écart entre les deux sources : si
les apprentis ne validant pas leur année par un diplôme ne sont pas
pris en compte dans le champ des décrocheurs, ils sont inclus dans
celui des sortants de formation initiale. Parmi les 122 000 sortants
de formation initiale sortants avec au plus le brevet en France
métropolitaine, 5 000 étaient apprentis à ce moment-là. Au final,
il reste un écart de près de 35 000 jeunes vraisemblablement
imputable aux limites mentionnées des sources mobilisées.
note d’information 12-15 (cid:2) Page 5
Estimation du nombre de sortants de formation initiale diplômés
au plus du brevet des collèges en France métropolitaine et dans les Dom
L’enquête Emploi en continu a pour champ la France métro-
politaine. Le calcul des sortants de formation initiale sur les
non-diplômés est donc effectué sur la métropole. Il faut se livrer
à des estimations complémentaires pour élargir le résultat de
cet indicateur au champ France métropolitaine plus Dom.
D’après les remontées administratives, l’enquête Emploi sous-
estime les effectifs des jeunes scolarisés de près de 5 %. Appliqué
aux flux de sortants, cela conduit à ajouter 6 000 individus aux
122 000 sortants de formation initiale sans diplôme ou avec
le brevet des collèges sur la période 2008-2010 publiés. Puis,
afin de passer du champ de France métropolitaine à celui de
France entière, on applique un redressement.
On utilise les informations relatives à l’éducation disponibles dans
le recensement de la population, sur les champs géographiques
de la métropole d’une part et des Dom d’autre part. On calcule
sur ces deux champs le niveau de diplôme des jeunes non inscrits
dans un établissement d’enseignement, ceci par âge. On applique
alors cette différence de structure de diplôme par âge sur les flux
de sortants issus de l’enquête Emploi. On fait ainsi l’hypothèse
que les jeunes qui se déclarent dans le recensement non inscrits
dans des établissements d’enseignement sont l’équivalent des
jeunes qui répondent être sortis de formation initiale dans l’en-
quête Emploi. On estime ainsi à 134 000 le nombre de jeunes sortis
diplômés au plus du brevet des collèges chaque année pour la
période 2008-2010 en France métropolitaine plus Dom.
En l’absence de l’exploitation d’une enquête Emploi sur le champ
de la France métropolitaine plus Dom mais en utilisant le recense-
ment de la population, il est donc possible d’estimer le nombre
de sortants de formation initiale non diplômés ou diplômés au
plus du brevet des collèges à environ 135 000 jeunes en moyenne
chaque année sur la période 2008-2010 sur le périmètre France
métropolitaine plus Dom.
DIRECTION DE L’ÉVALUATION,
DE LA PROSPECTIVE ET DE LA PERFORMANCE
Directeur de la publication : Michel Quéré
Secrétaire de rédaction : Marc Saillard
Maquettiste : Frédéric Voiret
Impression : DEPP/DVE
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ISSN 1286-9392
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