Directeur des Soins
Promotion : 2013
Date du Jury : décembre 2013
Les mutualisations dans la formation
paramédicale : quels enjeux pour le
directeur des soins coordonnateur
général d’instituts ?
Hervé QUINART
R e m e r c i e m e n t s
Je remercie particulièrement Pierrick MOREAU, qui m’a fait bénéficier de son expérience
et de ses connaissances.
Merci également à Agnès WYNEN, avec qui j’ai découvert d’autres versants de l’hôpital.
Merci à toutes les personnes qui ont accepté de répondre à mes interrogations durant la
rédaction de ce mémoire.
Merci, enfin, à Jean-René LEDOYEN pour ses conseils avisés.
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
S o m m a i r e
Introduction …………………………………………………………………………………………….. 1
1 De profondes mutations dans la formation des paramédicaux …………….. 5
1.1 Une multiplicité d’acteurs. …………………………………………………………………….. 5
1.1.1
Le Conseil Régional. ………………………………………………………………………… 5
1.1.2
L’ARS. ……………………………………………………………………………………………. 7
1.1.3
La DRJSCS. ……………………………………………………………………………………. 8
1.1.4
L’ Université. …………………………………………………………………………………… 8
1.1.5
L’organisme gestionnaire. …………………………………………………………………. 9
1.2 Un paysage très disparate …………………………………………………………………… 10
1.2.1
Des tutelles, des formations et des diplômes très hétérogènes ……………… 10
1.2.2
Des statuts, des structurations, et des implantations très divers. ……………. 11
1.2.3
Une organisation juxtaposée encore prédominante mais des initiatives de
rapprochements. ………………………………………………………………………………………… 12
1.3 De nouveaux enjeux. …………………………………………………………………………… 13
1.3.1
Des contraintes et des opportunités nouvelles pour les Conseils Régionaux.
13
1.3.2
De nouveaux choix à faire pour les hôpitaux publics. …………………………… 15
1.3.3
De nouveaux enjeux pédagogiques pour les instituts. ………………………….. 17
2 De la mutualisation à la coordination: approches théoriques. ……………. 19
2.1 Mutualisation, regroupement, collaboration, de quoi parle-t-on ? ………….. 19
2.1.1
La mutualisation. ……………………………………………………………………………. 19
2.1.2
Le regroupement. …………………………………………………………………………… 22
2.1.3
La collaboration. …………………………………………………………………………….. 22
2.2
2.3
La coopération un concept fort dans le champ sanitaire. ………………………. 22
La coordination. …………………………………………………………………………………. 23
3 Une étude de terrain pour comprendre les liens entre mutualisations et
coordination d’écoles et d’instituts. ……………………………………………………….. 27
3.1 Méthodologie de l’étude. …………………………………………………………………….. 27
3.1.1
La population étudiée. …………………………………………………………………….. 27
3.1.2
L’outil d’observation. ………………………………………………………………………. 28
3.1.3
Les limites de la méthode d’enquête. ………………………………………………… 29
3.2 Résultats des entretiens. …………………………………………………………………….. 29
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
3.2.1
Les différentes typologies de mutualisations. ……………………………………….29
3.2.2
Les plus-values des mutualisations ……………………………………………………30
3.2.3
Les obstacles aux mutualisations. ……………………………………………………..32
3.2.4
L’influence du coordonnateur général des instituts de formation sur les
mutualisations. …………………………………………………………………………………………….34
3.3 Analyse des résultats. ………………………………………………………………………….36
3.3.1
Les aspects juridiques. …………………………………………………………………….36
3.3.2
Les aspects économiques. ……………………………………………………………….36
3.3.3
Les aspects pédagogiques. ………………………………………………………………37
3.3.4
Les aspects identitaires. …………………………………………………………………..38
3.3.5
Les aspects managériaux. ………………………………………………………………..39
3.4
Synthèse. ……………………………………………………………………………………………39
4 Préconisations pour coordonner des mutualisations entre instituts. …. 41
4.1
Initier et piloter le changement. …………………………………………………………….41
4.1.1
Une nécessaire co-construction. ………………………………………………………..41
4.1.2
Une connaissance approfondie de l’environnement. ……………………………..42
4.2 Organiser et légitimer la gouvernance. ………………………………………………….43
4.3
4.4
Fonder la mutualisation sur un projet stratégique. …………………………………47
Prendre en compte le temps. ………………………………………………………………..49
Conclusion. …………………………………………………………………………………………… 51
Sources et bibliographie ………………………………………………………………………… 55
Liste des annexes ……………………………………………………………………………………. I
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s
ANDEP
Association Nationale des Directeurs d’Ecoles Paramédicales.
Agence Régionale de Santé.
Communauté Hospitalière de Territoire.
Centre Hospitalier Universitaire.
DRASS
Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales.
DRJSCS
Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports, et de la Cohésion Sociale.
Fédération Hospitalière de France.
Groupement de Coopération Sanitaire.
IADE
Infirmier Anesthésiste Diplômé d’Etat.
IBODE
Infirmier de Bloc Opératoire Diplômé d’Etat.
Instituts de Formation d’Auxiliaires de Puériculture.
Instituts de Formation d’Aides-Soignants.
Institut de Formation de Cadres de Santé.
IFMEM
Instituts de Formation de Manipulateurs en Electroradiologie Médicale.
IFMK
Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie.
Instituts de Formation en Soins Infirmiers.
Institut National des Etudes Territoriales.
Licence, Master, Doctorat.
Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication.
PAES
Première Année des Etudes en Santé.
PRE
Plan de Retour à l’Equilibre.
SROS
Schémas Régionaux d’Organisation Sanitaire ou Schémas Régionaux
d’Organisation des Soins.
STAPS
Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives.
UFR
Unité de Formation et de Recherche.
ARS
CHT
CHU
FHF
GCS
IFAP
IFAS
IFCS
IFSI
INET
LMD
NTIC
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
Introduction
Les professions d’auxiliaires médicaux sont définies dans le livre III de la 4ème
partie du Code de la Santé Publique1. Leurs formations, ainsi que celles des aides-
soignants2, des auxiliaires de puéricultures et des ambulanciers, sont réglementées.
L’admission dans les écoles et instituts, leurs conditions de fonctionnement, les
autorisations qui leur sont délivrées ainsi que les études préparatoires aux diplômes sont,
ainsi, définies par les textes réglementaires. Ces formations peuvent, être dispensées
dans des structures publiques et privées très différentes (écoles ou instituts attachés à
des organismes gestionnaires, universités, lycées etc.) et répondre à de multiples
configurations d’implantation et d’organisation juridique et administrative.
Or, ce monde disparate de la formation paramédicale a vécu, ces dernières
années, de profondes mutations. Sous l’effet de nouvelles dispositions législatives et
réglementaires, le cadre dans lequel s’inscrivaient jusqu’alors les structures de formation
s’est considérablement modifié. L’arrivée de nouveaux acteurs aux rôles déterminants a,
en particulier, considérablement modifié les équilibres qui s’étaient constitués entre les
opérateurs traditionnels de la formation. Le Conseil Régional a maintenant un poids
majeur dans la formation des professionnels paramédicaux, l’Université depuis l’entrée
dans le processus de Bologne y est également partie prenante, l’Agence Régionale de
Santé (ARS) et la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports, et de la Cohésion
Sociale (DRJSCS) enfin, y représentent l’Etat en tant que garante du respect des textes.
De nouvelles répartitions des rôles et des pouvoirs se sont donc constituées, leurs
déclinaisons dépendant des acteurs et des contextes locaux. De nouveaux enjeux sont
apparus relevant pour une grande part des orientations politiques, stratégiques et
économiques données par les différents acteurs.
Durant les six dernières années, nous avons dirigé un institut de formation public
attaché à un Centre Hospitalier Universitaire (CHU), et avons vécu ces évolutions. Nous
avons en même temps constaté une tendance au développement des regroupements et
des mutualisations entre écoles et instituts. Dans la plupart des CHU, en effet, sont
apparus, des entités nouvelles de dénominations diverses : « pôles
formation »,
« département des instituts », « instituts régionaux de formation», etc. Ces dernières ne
relèvent pas d’une obligation réglementaire mais elles répondent à des logiques
fonctionnelles de gestion, administrative, comptable et de ressources humaines.
Or, cadre de santé dans un service de soins d’un CHU nous avons, auparavant,
vécu les bouleversements culturels et organisationnels qui ont accompagné la création
1 Plutôt que d’utiliser le terme officiel d’« auxiliaires médicaux », nous utiliserons, le plus souvent, pour
évoquer ces professionnels, le terme plus communément employé de « paramédicaux ».
2 Lire, à chaque fois, « aide-soignant et aide soignantes », « infirmiers et infirmières » etc…
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
– 1 –
des pôles et des unités transversales de prestations mutualisées (brancardage,
stérilisation etc.) En effet, depuis de nombreuses années déjà, les mouvements de
mutualisation, de regroupement, de coopération, voire de fusion modifient régulièrement
l’organisation et le fonctionnement des établissements de santé. Ils répondent à des
objectifs d’amélioration de la qualité des prestations mais s’inscrivent souvent dans des
projets d’optimisation de performances dictés par des impératifs économiques. Un solide
dispositif réglementaire structure et encadre ces initiatives largement impulsées et
contrôlées par les pouvoirs publics. Sous l’effet de ces politiques, l’optimisation des
ressources et la rationalisation des dépenses imprègnent désormais le quotidien des
professionnels.
Amené, dans un avenir proche à assurer, en tant que directeur des soins, une
coordination d’écoles et d’instituts de formation dans un CHU, le vent de mutualisations
qui souffle actuellement sur la formation paramédicale nous concerne particulièrement.
Les aspects politiques induits par la multiplicité des acteurs, les contraintes économiques
croissantes, les orientations pédagogiques imposées par la réingénierie des études
conduisent les hôpitaux et leurs partenaires, à revoir leurs stratégies de gestion des
écoles. La tendance qui émerge actuellement s’oriente vers les regroupements de
structures et les mutualisations de moyens. La plupart des directeurs généraux de CHU,
en accord avec l’ARS et le Conseil Régional, font le choix de réduire le nombre de
Directeurs des Soins et de privilégier des organisations où un Directeur des Soins assure
la coordination de plusieurs écoles et instituts. Il appartient en particulier à ce dernier de
proposer, de mettre en œuvre et de piloter, l’organisation qui assure aux étudiants une
formation de qualité en optimisant la gestion des ressources et des dépenses.
Le travail que nous nous proposons de mener, dans le cadre de ce mémoire, se
place donc du point de vue du coordonnateur général d’instituts d’un CHU. Il vise
précisément à essayer de comprendre quels types d’organisations mutualisées peuvent
permettre d’optimiser les ressources humaines, matérielles et pédagogiques tout en
garantissant la qualité des formations dispensées. Il se situe donc dans le champ de la
gestion et du management plutôt que dans celui de la pédagogie.
Dans la perspective d’un réinvestissement futur, nous avons choisi de mener une enquête
sur un terrain comparable à celui sur lequel nous allons travailler en tant que
coordonnateur d’instituts.
La question à laquelle nous allons tenter de répondre est
– En quoi les modalités de mutualisation influencent-elles la coordination des
écoles et instituts de formation ?
L’objectif étant de
trouver des éléments concrets qui nous permettront
ultérieurement de développer une organisation et un management efficient dans une
– 2 –
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
structure de formation mutualisée, nous avons choisi de décliner cette question en quatre
sous questions :
– Quelles sont les modalités de mutualisation mises en place entre écoles et
instituts paramédicaux ?
– Quelles plus-values apportent ces mutualisations?
– Quels sont les obstacles aux mutualisations ?
– En quoi le coordonnateur influe sur ces mutualisations ?
Pour conduire notre réflexion, nous commencerons, dans la première partie de notre
mémoire, par approfondir les mutations vécues récemment par le monde de la formation.
Les problématiques développées dans cette première partie sont éclairées par notre
expérience personnelle mais également par les rencontres que nous avons faites dans le
cadre d’entretiens exploratoires et par les lectures qui ont accompagné l’ensemble de
notre travail. Dans une deuxième partie, nous mettrons en perspective les problématiques
de terrain avec une approche théorique visant à circonscrire la notion de mutualisation.
Nous présenterons dans une troisième partie l’étude qui nous permettra de répondre à
notre questionnement puis nous terminerons en formulant quelques préconisations qui
nous semblent pertinentes pour un directeur des soins coordonnateur général d’écoles et
d’instituts3 en CHU.
3 Les termes « école » ou « institut » ont, dans la formation paramédicale une acception spécifique : on parle
par exemple d’école d’ambulancier, d’école d’infirmiers anesthésistes diplômés d’état mais d’institut de
formation d’aides-soignants. Toutefois, pour évoquer l’ensemble des écoles et instituts, et afin d’alléger la
lecture de ce mémoire, nous utiliserons parfois indifféremment les termes « écoles » ou « instituts » (ex. « les
écoles du CHU » au lieu de « les écoles et instituts du CHU).
De même, pour ne pas répéter systématiquement « directeur des soins coordonnateur général d’instituts de
formation» nous utiliserons parfois simplement le terme de « directeur des soins coordonnateur ».
Hervé QUINART – Mémoire de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2013
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