OEUVRER POUR LA FORMATION DES POLICIERS
– La police genevoise –
Delachaux Yves Patrick
Sous-brigadier de gendarmerie
Service psychologique de la police genevoise.
PREMIERE PARTIE
– SOCIOLOGIE POLICIERE –
Université de Genève
Recherche : novembre 2003 – décembre 2004
Genève (CH), le 23 février 2005
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education
Section des Sciences de l’Education
Commission :
Jean-Michel Baudouin
directeur de mémoire
Marie-Noelle Schurmans
, Chargé d’enseignement à l’Université de Genève, Faculté de
psychologie et des sciences de l’éducation.
, Professeure à l’Université de Genève, Faculté de psychologie et
des sciences de l’éducation.
, Directeur d’études stratégiques de la police genevoise.
, Formateur consultant, chargé d’enseignement à l’Université de
Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation.
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Didier Froidevaux
Stéphane Jacquemet
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Université de Genève
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… TENTER DE PENSER CE QUE NOUS FAISONS !
A. Arendt – La condition de l’homme moderne
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NOTE
Œuvrer pour la formation des policiers est une réflexion de l’offre de formation de la police
genevoise, dont la politique, les processus et les dispositifs de formation sont aujourd’hui en
discussion ; réflexions impulsées tant par les policiers, en attente de véritables réformes
institutionnelles, que par la direction de la police, constamment interpellée par la société civile sur
les compétences de son personnel, s’agissant ici des qualités et de l’efficacité des interventions
policières pour résoudre des conflits sociaux, bien au-delà d’une seule visibilité des forces
publiques ; de plus, réflexions issues des préoccupations de la Suisse et de la communauté
européenne, qui analysent les relations entre l’action de la police et de la justice pénale, à celles de
la société civile en proie à l’insécurité, tant subjective qu’objective, d’une collectivité en processus
de complexification et de globalisation, facteurs d’unification pour les uns, de divisions pour les
autres.
Œuvrer pour la formation des policiers est un constat que la formation de la police
genevoise doit aujourd’hui créer des partenariats avec des organismes de formations et de
qualifications, et, examiner des procédures de rapprochements auprès de la recherche en formation
d’adultes, aux sciences humaines, sociologie, ergonomie, etc. ; mais encore, tisser en matière de
formation, des liens étroits avec les Etats membres de l’Union européenne, dont les préoccupations
de qualification de leur personnel policier est identique à celles des directions suisses, cantonales et
fédérales, de justice et police ; de plus Œuvrer pour la formation des policiers est un constat, que de
part et d’autre, de nombreuses recherches, pour certaines aboutissant à des projets, sont menées
pour le développement de nouvelles méthodologies d’intervention policière, requérant une approche
philosophique, sociologique et politique (macrosociale) permettant une meilleure compréhension
des enjeux civils ; cependant, projets parfois « mort-nés », par manque d’entendement entre les
différents acteurs, comme nous le verrons avec les blocages politiques et institutionnels, des
nouvelles méthodologies d’interventions appliquées dans les champs d’une police communautaire
(community policing), de résolution de problèmes (problem solving policing), etc.
Œuvrer pour la formation des policiers fait suite aux préoccupations du Conseil de l’Europe
en matière de la formation des corps de police ; mais encore, après le réexamen du système de
sécurité intérieure de la Suisse (projet USIS) ; et l’étude de faisabilité d’une Ecole romande de
police (ER) lancée en 1997 lors de la conférence des Commandants des polices cantonales de
Suisse romande, de Berne et du Tessin (CCPC RBT) sur l’éventuelle synergie possible dans le
cadre du Concordat réglant la coopération en matière de police ; et pour terminer, œuvrer pour la
formation des policiers s’est penché sur la mise en place du brevet fédéral de policiers (ères)
approuvé en mai 2003 par Joseph Deiss, Conseiller fédéral, permettant à trois écoles pilotes
(Neuchâtel – Berne – Saint-Gall) d’entreprendre une phase pratique, et ceci après que les recherches
de la commission paritaire, composée des représentants syndicaux, de l’Institut Suisse de Police et
des commandants et des chefs cantonaux de police (l’Office fédéral de la formation comme
partenaire), aboutissent.
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Œuvrer pour la formation des policiers s’est aussi voulu une réflexion sur les contraintes
professionnelles du métier de policier, qui mènent parfois les fonctionnaires de police à adopter des
comportements de survalorisation, ou au contraire de rejet, issus de moments de crise entre un
devoir de fidélité à l’Etat et le sentiment d’impuissance, cultivé dans une action parfois
« impossible », et découvrant le sens ou le non-sens de celle-ci ; d’autant que le policier en Suisse
(et dans la communauté européenne), afin d’honorer le serment exprimé devant les autorités
gouvernementales de faire respecter la tranquillité publique et de protéger les personnes et les biens,
évolue dans une logique d’ordre et loyauté, envers l’Etat de droit.
Œuvrer pour la formation des policiers propose d’adopter une situation d’acteur, d’un rôle
d’agent public, en s’appuyant sur deux œuvres littéraires qui traversent ce document ; d’une part,
Les Misérables (1862) de Victor Hugo, mettant en scène Jean Valjean traqué par l’inspecteur Javert,
qui tient ces mots : « ces gens-là, quand ce n’est pas de la boue c’est de la poussière », rejets d’une
humanité dont Javert lui-même s’exclut : « fonctionnaire… en dehors de tout…cet homme était
composé de deux sentiments : le respect de l’autorité, la haine de la rébellion…il enveloppait dans
une sorte de foi aveugle et profonde tout ce qui a une fonction dans l’Etat », récit qui libère
l’Homme Jean Valjean, dans l’acte de soulever la charrette écrasant Fauchelevent, et qui soulève
ainsi la misère qui l’accable, il se libère donc lui-même dans la dynamique d’une action éthique ; a
contrario de Javert, en fonctionnaire fidèle et scrupuleux, qui termine sa vie en se délivrant de la
culpabilité d’avoir enfreint le devoir de fidélité à l’Etat… dans les flots de la Seine1. Situation
d’acteur d’autre part, dans le récit La colonie Pénitentiaire (1919) de Franz Kafka, lui-même
écartelé entre son métier d’employé administratif et son besoin viscéral d’écriture, qui exergue le
devoir de fidélité sous les traits de l’officier d’un pénitencier en charge de l’exécution des
condamnés, annihilant toute compassion, et sans même une lueur de résistance, parfaitement soumis
à la procédure implacable d’un système bureaucratique pervers.
Ainsi deux œuvres dans lesquelles des fonctionnaires honnêtes et loyaux, choisissent de
mettre prématurément fin à leurs jours, puisque dans l’incapacité de trouver une réponse au sens
éthique de leur action d’un service public, absurdité métaphysique de la condition des hommes.
Œuvrer pour la formation des policiers est pensé en deux parties majeures. La première
destinée à informer sur ce qu’est la police, se penche sur les exigences du métier de policier, ses
contraintes et ses libertés, d’une organisation de type bureaucratique, décrite par Weber, d’une
historicité militaire qui préjuge de l’histoire de la formation en forçant une réflexion sur le métier
« qui ne peut que s’apprendre sur le terrain », et, l’action de soumission ou de résistance au devoir
du service public ; approche sociologique d’une préoccupation suisse et européenne des systèmes
de sécurité, d’un élargissement de l’Union européenne, des flux migratoires, des violences urbaines
en constante augmentation et d’une baisse de l’âge des délinquants. La deuxième partie est destinée
à informer sur ce qu’est la formation, en abordant une analyse thématique de la formation comme
ingénierie, contextualisé à la police genevoise, qui fait face à de nouveaux besoins de formations et
qualifications, de recherche de solutions et de maîtrises, d’orientation et de valorisation, et de
partenariats, opérant une pensée de conception d’un système de formation, du montage d’un
dispositif, de gestion et de pilotage des pratiques et d’une adaptation au milieu professionnel.
Pour terminer, Œuvrer pour la formation des policiers est l’exercice d’une écriture
académique et d’une recherche de savoirs, pour un policier entré dans le corps de gendarmerie en
1992, inscrit à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation en 1998, qui soutient son
mémoire en 2005 ; aventure d’une écriture de l’intérieur du système policier, puisque émanant d’un
1 Javert est-il seulement un personnage de fiction ? Eugène François Vidocq (1775-1857) devient chef de la brigade de la sûreté à la préfecture de
police en 1822-1829 et 1831-1832, alors qu’il avait été auparavant bagnard. Comme Javert lui-même, né en prison d’une joueuse de carte.
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besoin de (re) donner du sens à une activité d’agent du service public, favorisant l’action face à la
conceptualisation dans un acte policier entre savoir-faire (métis) et exécution du geste (praxis).
Ainsi l’univers policier à la rencontre de l’écriture, un métier qui depuis le quadrillage des
villes, le relevé des populations, la surveillance des déserteurs et l’approvisionnement des villes,
s’inscrit dans une « politeia » platonicienne.
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BILAN PERSONNEL
Je m’inscrivais en 1998 à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de
l’Université de Genève, après avoir proposé à la police genevoise, dans laquelle je suis entré en
1992, une réflexion sur la délinquance/déviance juvénile. Je proposais une analyse des outils
d’intervention pour une approche systémique : policiers – groupes de jeunes ; constatant
l’insuffisance stratégique de la police genevoise dans ce domaine, et convaincu qu’il nous fallait
porter une attention particulière à cette catégorie de la population.
Avec l’accord du chef de la police de l’époque, Monsieur Laurent Walpen, il s’en est suivi
plusieurs années de cursus universitaire et, parallèlement, le développement au sein de la police, de
réflexions sur les approches communautaires ; tout particulièrement les migrants, qui, en plus des
problèmes d’intégration personnelle, gèrent ceux de socialisation de leurs enfants, partagés, voire
tiraillés, entre une éducation familiale à caractère traditionnel, et une intégration dans la société
d’accueil. Ces réflexions m’ont amené à construire, accompagné de Sarah Khalfallah et Alain
Devegney, une réflexion sur le développement de formations en relations interculturelles et
communautaires, sous la forme de modules destinés aux policiers en formation de base et en
formation continue.
Mon cursus académique s’achevait en juillet 2003, avec la certitude qu’il me fallait me
consacrer, à l’avenir, à la formation des policiers, toutefois avec une perspective plus large que celle
« communautariste ou multiculturaliste » que j’avais pratiquée jusqu’à présent, et réfléchir sur la
politique de formation de l’institution, ceci, rien que par égard à mes collègues qui depuis leur
entrée au corps de police, pour certains s’inscrivant il y a plus de vingt ans, n’avaient à peu près
jamais reçu de formations continues (pour la grande majorité). J’étais convaincu qu’ils se trouvaient
parfois face à des problématiques, qu’une formation « tout au long de carrière » aurait pu facilement
résoudre. J’avais aussi la certitude que les réflexions que je proposais, sur le développement des
compétences des policiers, aussi bien cognitives, conatives et affectives, n’étaient pas l’exclusivité
de la police genevoise, mais se retrouvaient aussi auprès d’autres corps de polices suisses et
européennes.
L’année 2003 fut chargée en événements : la police genevoise a dû faire face à l’affaire dite
de la balle marqueuse ou l’affaire de Cornavin ; le chef de la police, qui avait remplacé Monsieur
Laurent Walpen, a quitté « sur-le-champ » sa fonction ; la rencontre au sommet (G8), à Evian (F), a
mobilisé des milliers de policiers suisses et français, et des renforts allemands ont été demandés ; le
sommet mondial sur la société de l’information, qui a accueilli un grand nombre de Chefs d’Etat, a
lui aussi mobilisé l’ensemble du personnel policier ; sans oublier les affaires courantes de police, les
scandales, et, comme nous le verrons à l’augmentation de certains types de délits.
Donc, cette année là, je terminais mon parcours académique. Vu mes fonctions à cette époque
d’îlotier de gendarmerie (aujourd’hui je suis affecté au service de psychologie), ainsi que celles de
formateur en relations interculturelles et communautaires, je décidais d’effectuer mon mémoire de
Licence sur le dispositif de formation de la police genevoise. Les nombreux articles journalistiques
et mes réflexions personnelles sur les événements de l’année 2003, m’avaient orienté sur les
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carences en ingénierie de formation des policiers, tout particulièrement en matière de formation
continue. Dès lors, j’ai recherché des sources d’information en Suisse et en Europe qui pouvaient
mettre en perspective ce que sont les politiques, les processus et dispositifs de formation dans les
institutions policières. Cependant, étant policier avant d’être un « chercheur », je me suis
immédiatement aperçu qu’il m’était impossible de n’aborder que les structures de formation, champ
trop réducteur pour comprendre le fonctionnement du métier, ses aléas notamment, et les enjeux de
la police dans une société en voie de complexification. Notons qu’à cette époque nous n’étions qu’à
deux ans du 11 septembre 2001 (attentats sur sol américain), date qui en matière de sécurité
internationale, marquera un tournant dans les pratiques de renseignements et collaborations
transfrontalières. C’est pourquoi il m’est apparu indispensable de discuter des missions (nouvelles)
de la police et des problèmes de sécurité en Suisse et en Europe, en postulant, que parallèlement à la
police « sécuritaire », devait se développer une police citoyenne, et ainsi porter des analyses sur les
créations de liens sociaux dans les espaces urbains et sur différentes réponses à pourvoir face à
l’essor de la criminalité urbaine, notamment par les approches de résolutions de conflits.
Au fur et à mesure de mes investigations, je me suis confronté à l’extraordinaire
documentation sur les problématiques sécuritaires, et, a contrario, à la pauvreté des réflexions
concernant les formations du personnel policier (leurs contenus). J’ai pourtant découvert et analysé
plusieurs initiatives discutées au niveau fédéral et cantonal, ainsi que provenant du Conseil de
l’Europe. Je dois noter que dans le contexte relativement tendu du premier semestre 2003, la
direction de la police, avec l’appui des syndicats, a accepté que soit effectué un sondage auprès du
personnel de police ; l’objectif étant de démontrer l’urgence du changement au sein de l’institution.
C’est alors, qu’en automne 2003 le Département de justice, police et sécurité du canton de Genève,
nommait un nouveau chef de la police, Monsieur Urs Rechsteiner, ancien chef de la police
judiciaire genevoise. L’homme s’est immédiatement inscrit dans une dynamique de changement, et,
a engagé de profondes réformes, par exemple la mise en place des structures opérationnelles pour
accueillir en 2005 le brevet fédéral de policier et policière.
J’ai enquêté, observé, interviewé, voyagé, de novembre 2003 en juin 2004, et ai rédigé mon
mémoire entre avril et octobre 2004, ceci en ne cessant la récolte d’un maximum d’informations
« d’actualité », dirai-je, pour qu’à la soutenance, les informations apportées correspondent à l’état
des lieux de la police genevoise, le plus précis possible.
J’ai terminé le travail… et qu’en dire ? A la relecture, et suite aux réunions de travail avec
mon directeur de mémoire, Jean-Michel Baudouin, que je tiens à remercier tout particulièrement, je
m’interroge sur les raisons qui m’ont véritablement poussé, à offrir au jury, à mon Etat-major, à
celui d’autres corps de police, et aux « curieux », deux parties distinctes, ainsi qu’une dialectique
entre une sociologie de la police et une ingénierie de la formation.
Distinguons la phase qui a précédé la recherche, qui comme expliqué ci-dessus, correspond à
une période où les forces, politiques et sociales, se questionnaient sur les missions de la police et sa
gestion interne. Professionnellement, j’ai été heurté par ce qui était dit ou écrit, me rendant compte
qu’en définitive bien peu de personnes connaissaient mon métier… et ses enjeux. La faute à qui ?
Certainement à la police et son fonctionnement séculier, qui comme nous le verrons se nourrit du
soupçon qu’elle porte sur la société civile ; force est ainsi de constater que parfois elle cultive une
forme de paranoïa à l’égard des « profanes » ; mais aussi à cette même société civile, qui peut-être
porte une trop grande confiance dans la structure de la police, sans exiger que des comptes soient
rendus sur la gestion de la composante humaine : policiers armés et force coercitive ; et sans offrir
les moyens nécessaires pour qu’une véritable dynamique « ressource humaine », soit impulsée.
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C’est pourquoi la nécessité de trouver un thème pour mon mémoire de Licence, m’a poussé
vers la réalisation de l’analyse, ici achevée, qui correspond à mon désir de faire connaître le
quotidien du métier. Je relève qu’à cette époque était publié mon roman Flic de quartier, qui
abordait ce thème sous une forme d’autofiction.
Après quoi, distinguons la phase de la recherche qui, je le rappelle, s’est étendue sur une
année (automne 2003 à automne 2004). Dès les premiers entretiens, dès les premières lectures, j’ai
compris que je n’en ressortirais pas « intact », que j’allais entrer dans une dimension passionnante,
dans laquelle tout était à construire. Entre les premières démarches de récolte de données et celles
de conclusions, de bilan, je constate qu’un pas de géant a été franchi par la police, ceci pour avoir
relevé le défi en facilitant les structures d’accueil du brevet fédéral de policiers. Quelle gageure !
Effectuer une recherche sur la police, pendant une période de bouleversement structurel, voire de
transformation philosophie et sociologique.
Il m’a fallu porter une analyse qui reflétait à la fois le passé de l’institution, sa mémoire, ses
traditions, et la dynamique novatrice dans laquelle elle était, parfois à corps défendant, entraînée.
Difficulté encore, dans mon cas, d’être l’un des professionnels engagés par le changement, en
portant dans la même mesure un regard « d’apprenti chercheur » ; dialectique personnelle et
interinstitutionnelle (police – police) et interinstitutionnelle (police – académie), mais encore conflits
interpersonnels, entre mon statut d’appointé de gendarmerie et de mémorant. Mais arrivé à terme de
ce travail, je relève ma satisfaction d’avoir dû construire, au jour le jour, des relations de confiance
avec l’institution ; les difficultés ont le mérite de favoriser la réflexion.
Terminons par distinguer la troisième phase, celle de la post-recherche. Il est naturellement
bien trop tôt pour porter une analyse sérieuse sur les conséquences de ce travail. Toutefois, je relève
les perspectives que je me suis fixées : résumer mon Mémoire afin de remettre un document
simplifié à ma hiérarchie, comme étant le premier pas d’une construction vers l’établissement d’un
véritable dispositif d’ingénierie de la formation au sein de la police genevoise. La recherche
d’excellence, la certification EduQua, le regroupement des forces et dynamiques de formation au
Centre de formation de la police, la gestion des ressources humaines dans ce domaine, la découverte
des dispositifs étrangers, la mise en place d’un dispositif de formation continue, d’un portfolio, les
partenariats auprès de l’Université, etc., pour ne citer que ces propositions, ces ouvertures, dirais-je,
me permettent de penser l’avenir de notre profession, sous l’angle de la professionnalisation
croissante.
Les enjeux sont de tailles, s’autoriser certaines audaces me paraît nécessaire dans le processus
de changement que la police genevoise a impulsé à l’interne. Et, à titre personnel, aujourd’hui à un
tournant de ma carrière, je souhaite me consacrer entièrement à la construction de la formation
professionnelle. La responsabilité du module « éthique », que l’on m’a proposé de piloter,
comprenant les relations interculturelles et communautaires, les droits de l’homme et l’éthique
professionnelle, me réjouit pleinement, me permettant de participer à l’œuvre de formation des
policiers.
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