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LA FORMATION À DISTANCE
HIER, AUJOURD’HUI, DEMAIN
Gilles Boulet
Merci de m’accueillir chez vous à l’UQTR. Mon nom est Gilles Boulet. Ce nom vous est
sans doute familier. Un homonyme de grande réputation et de grand savoir m’y a
précédé, ici à Trois-Rivières. Je suis présentement membre d’un groupe de consultants
qui s’appelle Évolumédia.
J’ai auparavant œuvré dans le milieu des médias et dans le milieu universitaire pendant
plus de 30 ans, d’abord à Télé-université puis comme directeur du Service de production
et du Service de l’audiovisuel de l’UQAM. Pendant ces quelques 35 années, j’ai donc
principalement œuvré en formation à distance. Je vous propose aujourd’hui un survol
de l’état du domaine et des grandes tendances. Je ferai davantage référence à l’ordre
d’enseignement universitaire. Toutefois, les tendances qui s’y dessinent valent
également pour les ordres collégial et secondaire.
Si vous me permettez, j’aimerais, avant de commencer, savoir combien de vous ont déjà
suivi un cours à distance? Combien en ont suivi plus d’un? Combien ont obtenu un
diplôme après avoir suivi un programme entièrement à distance?
Pour celles et ceux qui connaissent un peu le domaine, j’espère ardemment ne pas être
trop redondant… Allons y donc avec l’hier…
HIER…
LE PASSÉ GARANT DE L’AVENIR?
Le passé est-il garant de l’avenir? Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’intention de vous
entraîner dans un long précis d’histoire. Toutefois, je pense qu’il est utile de connaître
un peu les racines du domaine. Je ne crois pas que le passé soit totalement garant de
l’avenir et qu’on y trouve nécessairement des leçons et des enseignements… Je ne suis
pas vraiment friand de la vie vue dans un rétroviseur… Mais, on y découvre cependant
parfois des fils conducteurs, des discours, une certaine logique de développement qui
nous permettront de formuler des hypothèses pour la suite des choses…
Allons-y donc pour notre histoire qui commence en Angleterre en 1840…
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1840
Isaac Pitman
Cours de sténographie par
correspondance
Isaac Pitman est le créateur d’une méthode de sténographie, la méthode Pitman… Il a
développé sa méthode et l’a détaillée dans un manuel. Quoi de mieux pour la
popularité de sa méthode, et ses finances personnelles, que de la promouvoir en
l’enseignant au plus grand nombre de personnes possible…
Le premier timbre-poste ayant été inventé le 6 mai 1840 en Angleterre, Pitman y a vu
une occasion d’offrir un soutien à distance à celles et ceux – principalement des celles
dans le présent cas – qui avaient acheté son manuel et voulaient apprendra sa méthode.
L’automne 1840, Pitman offrait un cours à distance pour la première fois…
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1840
Isaac Pitman
Cours de sténographie par
correspondance
En fait, il expédiait des cartes postales aux personnes ayant acheté son ouvrage et
s’étant inscrites à son cours. Ces cartes postales comportaient des messages an anglais
que les étudiantes devaient traduire en sténographie. Elles devaient retourner les
versions sténographiées à Pitman sur une autre carte postale. Celui-ci les corrigeait et
leur retournait une version corrigée avec ses commentaires. On affirme souvent qu’il
s’agit là du premier cours par correspondance… Il y avait, oui, sans nul doute une
motivation un peu commerciale derrière l’initiative de Pitman… Le commerce du savoir
n’est pas une invention récente…
Diapositive 5
1840
Isaac Pitman
Cours de sténographie par
correspondance
1728
Boston Gazette
Caleb Philips
Publicité pour un cours de
sténo par correspondance
Pour l’anecdote, dans un ouvrage paru en 2005, Börje Holmborg écrit qu’il a retrouvé,
dans une édition du Boston Gazette de 1728, une publicité pour un cours de
sténographie par correspondance… DE l’Angleterre aux États-Unis, c’est peut-être
comme quoi les bonnes idées se copient, se propagent et se partagent…
Diapositive 6
« Les livres seront bientôt obsolètes
dans les écoles. (…) Il est possible
d’enseigner toutes les branches de
la connaissance humaine par le
cinéma. Dans dix ans, le système
scolaire sera complètement
transformé.»
Thomas A. Edison, 1913
Si le développement des services postaux a contribué aux premiers développements de
la formation à distance, les médias audiovisuels allaient y donner un nouvel essor. En
1913, Thomas Edison, un des pionniers – certains diront inventeur – du cinéma et de
l’enregistrement sonore, annonçait que le cinéma allait complètement transformer le
système scolaire…
« Les livres seront bientôt obsolètes dans les écoles. (…) Il est possible d’enseigner toutes
les branches de la connaissance humaine par le cinéma. Dans dix ans, le système scolaire
sera complètement transformé.»
… dans dix ans le système scolaire sera complètement transformé… Il est un peu
ironique de constater que l’écho de cette phrase a été entendu presque à chaque
décennie ou à chaque génération technologique…
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« Les livres seront bientôt obsolètes
dans les écoles. (…) Il est possible
d’enseigner toutes les branches de
la connaissance humaine par le
cinéma. Dans dix ans, le système
scolaire sera complètement
transformé.»
Thomas A. Edison, 1913
1917
Production par l’armée américaine de
films pour la formation à distance des
soldats américains engagés dans la
Grande Guerre
Poursuivons avec le cinéma…
Bien que des volontaires américains aient déjà été engagés dans la Grande Guerre
depuis 1915, la « Reconnaissance de l’état de guerre entre les États-Unis et
l’Allemagne » est votée le 6 avril 1917 par le Congrès américain.
Suite à cet engagement ses troupes, l’armée américaine a pris conscience de la
nécessité d’offrir à ses soldats un soutien en formation. Compte tenu de l’éloignement,
celle-ci s’est donc engagée dans la production de films de formation pour les soldats
basés en Europe. Des troupes à distance, des technologies de guerre moins connues
d’où besoins de formation… encore ici la nécessité est mère de l’invention… Naissance
de la formation à distance par audiovisuel… En fait cette tendance s’amplifiera… Au
terme de la seconde guerre mondiale, plus de 9 000 films étaient directement destinés à
la formation de l’armée de l’air, de terre ainsi que de la Garde Côtière américaines… Des
besoins de formation continue, une population géographiquement dispersée… La
formation à distance est une réponse qui semblait adéquate…
Au cours des années 1950 à 1970, l’armée américaine a été un des principaux moteurs
de la recherche sur la formation à distance… Encore ici la nécessité est mère de
l’invention…
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« L’objectif central et dominant
de l’éducation par la radio est
d’amener le monde à la salle
de classe, de rendre
universellement disponibles les
services des meilleurs
professeurs, l’inspiration des
plus grands chefs »
Benjamin Harrison Darrow, 1932
Parallèlement au film, la radio a été, dans les touts premiers temps de son déploiement,
un média largement utilisé pour des fins de formation, et ce, tant en milieu urbain qu’en
milieu rural.
Benjamin Harrison Darrow a été le fondateur et premier directeur de la Ohio School of
the Air. En 1932, il écrivait :
« L’objectif central et dominant de l’éducation par la radio est d’amener le monde à la
salle de classe, de rendre universellement disponibles les services des meilleurs
professeurs, l’inspiration des plus grands chefs »
Amener le monde à la salle de classe et rendre disponibles à tous les meilleurs
professeurs. Un autre écho qui s’est propagé de décennie en décennie…
On pourrait en faire un grand bout sur la radio d’éducation et de formation. Le médium
a été largement utilisé pour rendre disponible des formations spécifiques aux
agriculteurs dans les milieux ruraux. Encore ici une adéquation entre besoin de
formation et population géographiquement dispersée…
Quelques jalons de ce courant radio et cours à distance…
1925
CKAC et La Presse s’unissent pour offrir un cours de piano : partitions dans La Presse,
consignes verbales et sons à CKAC… la convergence n’est pas née avec Quebecor…